Les dangers de rupture de la cohésion interne de la société française, de même que les problèmes d'insertion des minorités ou les difficultés dues aux circonstances économiques paraissent cruciaux aujourd'hui, avec une deuxième tribune des militaires, publiée dimanche soir et ouverte à la signature des citoyens français, laquelle avait recueilli quelque 90 000 signatures lundi matin. Bon nombre de militaires en France expriment aujourd'hui leurs opinions personnelles sans être gênés par le filtre de la hiérarchie. Le gouvernement français a dénoncé lundi 10 mai une «grossière manœuvre» face à la publication d'une nouvelle tribune dans Valeurs actuelles de militaires appelant à la «survie» de la France où, selon eux, «la guerre civile couve». En France, un large éventail d'officiers confrontés au malaise qui sévit dans le pays, cultivent désormais une pensée personnelle sur son devenir avec une relative liberté, alors que le pouvoir civil redoute le pire à l'approche des élections de 2022, craignant que l'ordre politique cède le pas à l'ordre militaire. La nouvelle tribune, publiée dimanche sous forme de pétition, dénonce notamment «le chaos et la violence» qui frappe le pays. «Nous voyons la haine de la France et de son Histoire devenir la norme», affirment les militaires en activité à l'initiative du texte, qui a obtenu plus de 90 000 signatures quelques heures seulement après sa publication. Elle met en évidence de problèmes réels : agissements des classes minoritaires, de l'économie souterraine et criminelle, des ghettos sociaux, des échecs de l'intégration et du déclin incessant du pays. Le texte, qui reflète l'impopularité où se trouve Emmanuel Macron depuis son accession à la magistrature suprême , appelle à «sauver pays», et a été lancé cette fois par «des militaires d'active», et ouvert à la signature «des citoyens français qui le trouveraient à la hauteur des enjeux qui sont les nôtres», écrit le magazine. Depuis quelques années, le déclin et le malaise français sont devenus des thèmes récurrents. Pour beaucoup, le pays est sur la mauvaise pente. Les commentateurs, souvent peu complaisants, scrutent le mal et renvoient une image douloureuse : les Français sont divisés, mal guidés par une classe politique véreuse et obnubilée par la le rythme de la rue et le calendrier électoral, limitant sans cesse les réformes et les sacrifices. «Agissez, Mesdames et Messieurs. Il ne s'agit pas, cette fois, d'émotion sur commande, de formules toutes faites ou de médiatisation. Il ne s'agit pas de prolonger vos mandats ou d'en conquérir d'autres. Il s'agit de la survie de notre pays, de votre pays», écrivent les auteurs dans ce texte porté par 2 000 militaires et adressé au président de la République, aux ministres, aux parlementaires et aux officiers généraux. Les auteurs disent être «récemment entrés dans la carrière» et précisent qu'ils ne peuvent pas «réglementairement» s'exprimer «à visage découvert». «Nous sommes de ce que les journaux ont nommé "la génération du feu". Hommes et femmes, militaires en activité, de toutes les armées et de tous les grades, de toutes les sensibilités, nous aimons notre pays. Ce sont nos seuls titres de gloire. Et si nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert, il nous est tout aussi impossible de nous taire», écrivent-ils pour se présenter. «Presque tous, nous avons connu l'opération "Sentinelle". Nous y avons vu de nos yeux les banlieues abandonnées, les accommodements avec la délinquance. Nous avons subi les tentatives d'instrumentalisation de plusieurs communautés religieuses, pour qui la France ne signifie rien – rien qu'un objet de sarcasmes, de mépris voire de haine» précisent-ils. Valeurs actuelles avait publié, le 21 avril, une tribune choc dans laquelle «une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires» appelaient Emmanuel Macron à défendre le patriotisme, et se disaient «disposés à soutenir les politiques qui prendr[aient] en considération la sauvegarde de la nation». Ce texte a déclenché une vive controverse dans la classe politique, certains fustigeant un quasi-appel à l'insurrection quand d'autres saluaient un sursaut salutaire.