L'ancien envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Syrie, monsieur Staffan de Mistura, est proposé pour être le nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara ; le tout après plus de deux années de rejet de toute candidature par l'Algérie. Le Maroc est certainement disposé à accorder sa confiance à l'éminente personnalité citée, présentant une carrière des plus riches, ponctuées par des missions trouvant toutes, sources dans les plus graves crises que le monde contemporain a connues. Les qualités particulières d'un responsable onusien Notre pays aurait affaire à un haut responsable onusien, dont les qualités humaines ont fait leurs preuves, dont la sincérité ne peut être mise en doute, tant ses actes, ses tâches, son sens de l'humain sont ses meilleurs atouts, tant aussi son engagement pour la paix et le rayonnement de l'humanitaire, ne lui ont jamais fait défaut. Lui, donc, une personne hors pair. Mais... nul n'est dans une assurance totale à propos de l'activité de ses proches, voire de ses relations professionnelles ou amicales. De ce fait, le peuple marocain est en droit de se poser des questions, sachant qu'un théâtre de l'ombre peut se prévaloir dans un jeu qui échappe, par essence, aux intervenants de bonne foi. Aussi, est-il normal que toute proposition, et, en amont, toute incitation à une nomination aussi importante, posent le problème du respect de l'éthique et de la régularité des procédures. L'Algérie a déjà fait part de son accord dans un assourdissant tintamarre médiatique pour tenter de parvenir à un résultat : elle, blanchie de ses refus et un Maroc se préparant à un refus ! Et le but relève de la grosse ficelle : inciter séance tenante, une réponse positive du Maroc, le tout dans la manipulation de ses alliés et ses amis, tout temps de réflexion aboli ! Accusé donc, d'un probable refus dans un chantage inqualifiable, l'on reste en droit de se poser des questions, et donc : que cache cette excitation ? Le Maroc et le doute raisonnable M. de Mistura reprendrait du service après une période qui fait césure avec son proche passé, où se sont renouvelés, sans répit, les refus de l'Algérie à toute proposition de nomination, jusqu'au moment... où l'absence d'un envoyé spécial est devenue pesante pour tous, où l'on peut accuser allègrement le Maroc et faire chantage à tous, et sa candidature devenant miracle des Dieux. Et là, il y a anguille sous roche ! L'on doit se souvenir que la fonction d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Syrie, a failli être une question d'héritage : au ministre algérien des affaires étrangères, Lakhdar Ibrahimi a succédé Steffan de Mistura, lequel devait laisser son poste à Ramtane Lamamra, autre ancien chef de la diplomatie algérienne. Et dans une succession, les relations personnelles sont bien ajustées aux sympathies ! Par ailleurs, il est notoire que les chemins de messieurs Mistura et Lamamra se sont croisés de manière publique, à divers moments, pour diverses raisons, en divers lieux notamment, entre autres, à l'Institut international de Stockholm pour la recherche sur la paix (SIPRI) dont les positions et celles du pays d'accueil, à l'endroit du Maroc, sont notoires... Ramtane Lamamra étant bien un administrateur influent de ce suédois institut ! L'on peut signaler, par ailleurs, que, depuis mai 2019, les refus furent opposés à d'honnêtes candidatures au motif que les postulants avaient de supposées sympathies ou de prétendues proximités avec notre pays ; sympathies et proximités décidées unilatéralement attentatoires à toute liberté d'action et de jugement du candidat refusé. Et prenant pour témoin, un normal parallélisme de la forme et du fond, l'on peut s'interroger : par rapport à monsieur de Mistura, où se situent donc les indépendances individuelles dans ses relations, dans leur aspect public, avec l'ancien ministre algérien des affaires étrangères ? Elles sont clairement hors du commun. D'où un simple constat qui peut être fait par tout marocain : le Maroc peut se prévaloir d'un doute raisonnable pour évaluer cette candidature car, manifestement, un théâtre de l'ombre est activé. Ce doute ayant déjà été largement usité par nos adversaires, la règle subie des trois unités du classicisme théâtral sera donc respectée. Non ?