«Depuis plus d'un an, la justice est devenue un outil entre les mains du système. C'est très grave ce qui se passe. Il y a une dérive», s'était indigné Mostefa Bouchachi, avocat et homme politique algérien, ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, ajoutant que des centaines de personnes ont été arrêtés, condamnées et incarcérées injustement. Son nom se répète pour être primé. Des avocats du Myanmar et du Bélarus, ainsi qu'un collectif d'avocats algériens, sont présélectionnés pour le prix Lawyers for Lawyers Award 2021. Le prix 2021 sera remis au lauréat lors d'un séminaire organisé par Lawyers for Lawyers et le barreau d'Amsterdam dans la capitale du Pays-Bas, le 18 novembre 2021. «Le prix Lawyers for Lawyers vise à rendre hommage aux avocats qui ont apporté une contribution importante à la protection de la primauté du droit et des droits de l'homme dans des environnements difficiles. Des avocats spécialisés dans les droits de l'homme du monde entier ont été nominés pour le prix 2021. Le jury d'experts a sélectionné U Khing Maung Zaw du Myanmar, le Collectif pour la défense des détenus du Hirak d'Algérie et Maksim Znak et Liudmila Kazak du Bélarus comme finalistes du prix» a annoncé le comité de cette prestigieuse récompense. Plusieurs dizaines d'avocats algériens avaient organisé plusieurs manifestations publiques pour réclamer une «justice indépendante» et «le respect des droits de la défense» en reprenant certains slogans du «Hirak», le mouvement de protestation antirégime, comme «Etat civil et non militaire» ou encore «le peuple veut une justice indépendante». «Depuis février 2019, des manifestations pacifiques appellent à une véritable réforme démocratique et à l'Etat de droit en Algérie. En réponse, le gouvernement a lancé une campagne d'arrestations et d'acharnement judiciaire contre toutes les personnes associées à ce mouvement. Le Collectif pour la défense des détenus du Hirak, formé en juillet 2019 après la première vague d'arrestations, défend volontairement et inlassablement les personnes poursuivies arbitrairement, en particulier de milieux marginalisés qui n'ont pas les moyens de se payer un soutien juridique» pointe le comité de Lawyers for Lawyers. Pour le président du syndicat de la magistrature, Yessad Mabrouk, «l'indépendance de la justice est la bataille de toute la société algérienne, loin de tout corporatisme». Entre les innombrables procès des militants du Hirak et des anciens piliers corrompus proches de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, les avocats algériens surmenés sont soumis des pressions politiques intenables.