La police a procédé vendredi, lors de la 132e manifestation des vendredis du Hirak, à encercler une foule hétérogène composée de militants, opposants et journalistes. La police algérienne a encerclé, le 27 août, la marche hebdomadaire du mouvement prodémocratie du Hirak, après la prière du vendredi, à Alger. Les forces de police, en grand nombre, ont dispersé la foule sans ménagement. Des manifestants et des journalistes, qui s'apprêtaient à y participer, ont été bousculés et leurs identités contrôlées, ont constaté nos sources. Plusieurs voix au sein de la manifestation ont dénoncé la déclaration du ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, lequel a annoncé, mardi 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, rappelant que le roi Mohammed VI avait appelé «à faire prévaloir la sagesse» et à «œuvrer à l'unisson au développement des rapports» entre les deux pays. Elles ont dénoncé des décisions comportant moins de volonté réelle qu'un orgueil mal assis, un désir de contemption toute proche de l'obsession à l'égard du Maroc. Le régime «subit des événements qui lui échappent», «pouvoir assassin», «il faut chasser le gang» pouvait-on lire sur les pancartes. Les sympathisants du Hirak appellent à la résurgence des mobilisations populaires pour venir à bout du régime en place, tout en mettant l'accent sur la fraternité entre les peuples Marocains, Algériens et Tunisiens. Ailleurs, en province, des marches relativement imposantes se sont déroulées à Oran, Mostaganem, Jijel et en Kabylie, à Béjaïa et Tizi-Ouzou, dénonçant la stratégie casse-cou du régime contre les opposants politiques. D'autres manifestants ont dénoncé la privatisation de l'Etat par les caporaux du régime; la très faible participation de la population aux institutions, la corruption, l'arbitraire, la mauvaise gestion des ressources de l'Etat et le blocage du développement économique à cause de la logique rentière en œuvre depuis des décennies. Le régime paraît déterminé à en finir le mouvement de protestation afin d'appliquer sa propre politique répressive, sans tenir compte des revendications de la rue – Etat de droit, démocratie participative, transition transparente, justice indépendante. Le ministère de l'intérieur avait décidé d'obliger les organisateurs des marches du Hirak – mouvement pacifique – à «déclarer» au préalable les manifestations auprès des autorités.