Le président français Emmanuel Macron été hué mercredi dans les rues de Sélestat (est), lors de son premier bain de foule depuis des semaines par la promulgation de la réforme contestée des retraites. « Macron démission », ont scandé des manifestants dans la foule dans cette petite ville d'Alsace, proche de la frontière allemande. « Vous allez bientôt tomber », lui a lancé un homme tandis qu'une jeune femme demandait « un signe d'apaisement » qui selon elle ne vient pas. « On a fait des concessions (…). Nous allons continuer à améliorer les choses sur les conditions de travail », a rétorqué le chef de l'Etat. « Je ne demande pas aux gens de prendre les décisions difficiles à ma place ». Tout au long de son déplacement en Alsace, le premier depuis des semaines et après la promulgation le 14 avril de la réforme prévoyant le report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, il a été accueilli par des petits groupes d'opposants en colère. Avant même son arrivée dans la petite commune de Muttersholtz où il a visité une entreprise spécialisée dans la construction en bois, une centaine de manifestants, tambourinant et scandant des messages hostiles, ont été repoussés par les forces de l'ordre. Ils ont ensuite été maintenus à distance. « Les casseroles ne feront pas avancer la France », a réagi M. Macron. « Vous me reverrez toujours avec les gens », a ajouté le président, « je n'ai pas le droit de m'arrêter », a-t-il poursuivi. Le syndicat CGT a revendiqué une coupure de courant dans l'usine qu'il visitait, qui n'a toutefois pas plongé les lieux dans l'obscurité. L'intersyndicale opposée à la réforme des retraites avait invité mardi à protester bruyamment contre la venue du chef de l'Etat. Certains manifestants portaient des pancartes indiquant « Jupi dégage », allusion au surnom de « Jupiter » donné au président pour sa conception verticale du pouvoir ou encore « tes 100 jours c'est sans nous », en référence aux 100 jours que s'est donné lundi soir M. Macron lors d'une allocution télévisée pour apaiser le pays et lancer de nouveaux chantiers de réforme. Mardi soir, un déplacement privé du chef de l'Etat à Saint-Denis, près de Paris, avait déjà attiré quelque 300 manifestants. Plusieurs membres de l'exécutif ou de l'entourage présidentiel incitent cependant Emmanuel Macron à renouer avec les Français sur le terrain. « Chacun d'entre nous a vocation à aller sur le terrain. Le président de la République est à l'évidence le meilleur ambassadeur de la politique conduite dans ce pays depuis six ans », a estimé mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. « C'est important » qu'il fasse des déplacements dans les territoires, a dit l'un le ministre des Transports Clément Beaune, se réjouissant qu'il « puisse être sur le terrain » pour « entendre un certain nombre de ces revendications aussi ». Après l'Alsace mercredi, M. Macron a prévu un déplacement jeudi dans le sud-est de la France, consacré à l'école. Depuis la présentation de sa réforme des retraites en janvier, le président était resté en retrait à l'Elysée, effectuant peu de déplacements dans le pays.