Un Etat est dit de droit quand la règle du même nom s'applique à tous, sans distinction. On peut contester une loi, la considérer injuste, militer pour son abrogation, mais on l'applique, on la respecte. En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la loi d'urgence sanitaire, le gouvernement est fondé pour prendre des mesures, y compris attentatoires à nos libertés. C'est constitutionnel, c'est légal puisque voté par le Parlement. Mais une loi s'applique parce que la majorité y adhère ou parce que le pouvoir a les moyens de l'imposer. Malheureusement, nous n'avons aucun de ces éléments à l'heure actuelle. Le ministre de l'Intérieur a pris la décision de fermer 8 villes et d'interdire tout voyage vers ou à partir de ces lieux. Mon propos n'est pas de discuter de l'opportunité de cette décision. Les chiffres sur le plan sanitaire sont inquiétants. Les citoyens par leur indiscipline rendent difficile toute projection. Que le gouvernement reconfine localement est une option presque nécessaire. Lire aussi | Interdiction de déplacements au Maroc : une méthode incompréhensible Mais c'est une décision qu'on a annoncé à 19h avec date d'effet à minuit dimanche dernier. Cela a créé la zizanie sur les routes. Lundi, et malgré toutes les dénégations, les gens ont pu voyager. Les vautours se sont gavés parce que les gens étaient prêts à tout pour retrouver les leurs à l'occasion de l'Aïd. Un trajet Casablanca-Agadir s'est négocié à 1000 DH. Il n'y avait aucun contrôle nulle part, ce qui veut dire qu'on a demandé aux sécuritaires de regarder ailleurs. Nous sommes en train de saper l'idée même de l'Etat de droit. Les Marocains peuvent défier la loi, se jouer des règles en toute impunité. Des règles inapplicables, une communication moyenâgeuse, et c'est le bazar. Lire aussi | Autorisation de déplacement : la réservation d'hôtel valable Bonne fête à tous, quand même ! Tribune et Débats La tribune qui vous parle d'une actu, d'un sujet qui fait débat, les traitent et les analysent. Economistes et autres experts, patrons d'entreprises, décideurs, acteurs de la société civile, s'y prononcent et contribuent à sa grande richesse. Vous avez votre opinion, convergente ou différente. Exprimez-la et mesurez-vous ainsi à nos tribuns et débatteurs. Envoyez vos analyses à : [email protected], en précisant votre nom, votre prénom et votre métier.