Une opération de sourcing menée par la Cité Euroémediterrannéenne de la mode a permis de revisiter la notion de partenariat. Aux fournisseurs marocains, il est demandé d'opérer dans les petites séries et de faire particulièrement preuve de créativité. Mise en réseau, création, formation, multimédia…Les opérateurs du textile ne se mobilisent plus uniquement au sein d'un cadre national, ils transcendent les frontières et travaillent à assouvir leurs besoins dans un espace plus élargi. La mission menée par la Cité Euroméditerranéenne de la mode (voir encadré), parrainée par la Fédération Française de Prêt-à-porter Féminin, a été notamment organisée par l'AMITH et l'ONUDI, les 8, 9 et 10 avril derniers. Cette opération de sourcing régional est destinée à présenter les potentialités du port Tanger Med et de celles des zones franches à travers l'accord de libre-échange conclu entre le Maroc et les Etats-Unis. Le syndrome asiatique Des entreprises françaises sont venues à la rencontre de leurs homologues marocains dans le but de tisser des partenariats, qui dépassent le simple cadre de l'exécution. Les enseignes françaises étaient représentées par Sessun, Chacok, Jayko et la boutique Casablanca. Pour le président de l'AMITH, Mohamed Tamer: «cette initiative s'inscrit dans la stratégie de l'AMITH à travers la création de ponts et de passerelles. Il s'agit d'un travail en profondeur pour l'industrie de la mode et qui ne concerne pas uniquement l'habillement». Par ailleurs, il ne manque pas de préciser que la tache est loin d'être facile : «il est plus aisé de réaliser une transaction commerciale que de faire de la coopération». Aujourd'hui, Mohamed Tamer partage le siège de la co-présidence de la Cité Euroméditerranéenne de la mode avec Jean-Pierre Mocho, co-président de l'Union Française des Industries de l'Habillement (UFIH). Le projet de la Cité précède celui que prône le président français Nicolas Sarkozy portant sur l'Union Méditerranéenne. Il date de 2005. Quel en a été le déclic ? «La crainte est venue d'Asie et plus particulièrement des Chinois. Les producteurs occultaient l'origine de leurs fournisseurs. Aujourd'hui, il est devenu une référence d'annoncer des nationalités marocaine, tunisienne et algérienne», a souligné Maryline Bellieud-Vigouroux, consultante auprès de M. Mocho. Et d'ajouter que: «le Maghreb représente aujourd'hui des producteurs de haut niveau». Il est attendu des entreprises marocaines qu'elles affichent leur volonté de dépasser la politique de production de grandes séries pour travailler sur celles à volume plus réduit. Les volets créativité et exercice de modélisme prennent une grande importance. Puisque les opérateurs ne seront pas uniquement conduits à fabriquer le produit selon les normes de qualité, mais également à intervenir en termes de conception et de réalisation. Ce qui amène Karim Tazi, le fondateur de l'enseigne de prêt-à-porter nationale Marwa, à déclarer que : «la relation qui commence à la naissance d'un produit est pérenne. Un client avec lequel on démarre est un client gagné pour l'avenir». Et de continuer: «nous assurons le passage vers des relations à valeur ajoutée. Nous ne sommes plus dans l'esprit des grandes séries». Quant aux entreprises françaises, elles sont soumises à un autre discours. Maryline Bellieud-Vigouroux ne manque pas de préciser à ses concitoyennes : «ne vous attendez pas à trouver au Maroc des prestations moins chères que celles que vous proposent vos fournisseurs d'aujourd'hui». Le ton est donné. L'ambition de la Cité Euroméditerranéenne de la mode est d'installer un esprit de win-win entre les différents partenaires. Une idée (franco-marocaine) fédératrice C'est la ville de Marseille qui abrite la Cité Euroméditerranéenne de la mode. Il s'agit d'un projet regroupant les professionnels du textile de la zone euroméditerranéenne. L'ambition affichée consiste à assurer la compétitivité du secteur face aux chamboulements résultants de la concurrence asiatique et notamment chinoise. À l'origine, deux hommes. Karim Tazi et Guillaume Sarkozy, tous deux ex-présidents des associations professionnelles de leurs pays, respectivement l'AMITH et l'UIT. Principaux objectifs: consolider l'ensemble de la chaîne de production proche du marché européen, combiner les avantages en matière de coûts et de qualité et préserver les 4 millions d'emplois recensés sur la zone MEDA.