Arrive-t-on en fin de marathon ? Ghalleb pourra-t-il enfin dormir du sommeil du juste ? Ces prochains jours seront décisifs. Tentons toutefois de quantifier les gains que représente l'application du nouveau code de la route. La vision globale prédomine. «Plusieurs camions chargés sont sortis ce matin avec en vrac liquides et solides, ainsi que des céréales. L'activité conteneurs, outre le transport régulier par train, a repris normalement en tout début d'après-midi». Mercredi 15 avril 2009, le ministère du Transport et de l'Equipement fait sa sortie médiatique et arrose les rédactions du pays. Et ce ne sont que de bonnes nouvelles pour les opérateurs. Il se trouve que l'agence nationale des ports et Marsa Maroc se sont mis d'accord pour «réduire la durée de la grève de séjour pour le calcul des frais de magasinage des conteneurs pleins et des marchandises générales». Une mesure appliquée à ceux qui quitteront les docks au maximum le 30 avril prochain. Une bouffée d'oxygène pour beaucoup, à l'heure où les colonnes de la presse font état des pertes enregistrées par les secteurs de l'import-export. Il faut dire que les prémisses d'un cantonnement ont commencé à se faire sentir dès le début de la semaine. Dès lundi, la commission gouvernementale a prêté main-forte aux stations services pour leur ravitaillement sous bonne escorte. De rumeurs, l'information s'est confirmée, malgré le malheureux événement de cette journée, annoncé en avant-première sur les ondes de la station de radio Casa FM. Une ambulance transporte une femme agonisante. Sur la route de Ouled Ziane à Casablanca, des taxis blancs et rouges arrêtent le convoi. Retardée, elle rend l'âme avant d'arriver à l'hôpital. Les forces de l'ordre, malgré la consigne de ne pas intervenir, tentent de casser la manif. Question de vie ou de mort. Report des débats… Evénement tragique, mais combien révélateur de la tension qui règne. Même si un signal d'apaisement avait été donné samedi dernier, lorsque lors d'une déclaration commune, le président de la chambre des conseillers, Maâti Benkaddour et le ministre de tutelle, Karim Ghellab, ont annoncé le report des débats sur le code de la route. Décision qui d'ailleurs est toujours maintenue à l'heure où nous mettons sous presse. En effet, dans la soirée du mercredi 15, les principales centrales syndicales, l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) se sont décidées pour la suspension du mouvement de grève dans le secteur du transport. Et ce, suite à la rencontre avec le Premier ministre, Abbas El Fassi. Tout cela pour arriver à ça. Tandis que les grévistes ont insisté sur le retrait pur et simple du projet de loi et non pas sur la modification de certaines dispositions et que certains sont allés jusqu'à accuser Karim Ghellab d'être «déconnecté» de la vie réelle, les interrogations quant aux fondements du mouvement des neuf deniers jours persistent. Selon la version officielle, ce texte n'est pas uniquement orienté vers le volet répressif. Pourquoi les revendications ont-elles particulièrement souligné cet aspect de la question ? L'esprit du texte a été occulté. D'autant plus que c'est l'ensemble de la population des conducteurs qui sera soumis à la même procédure. «Faute d'encadrement syndical, ils n'ont pas poussé leur mécontentement jusqu'à la prise de position. Cela ne signifie pas que nous adhérons au texte». C'est ce genre de réflexion que lance le conducteur lambda. Du coté du ministère, on rétorque que : «les amendes sont préventives, la transparence du contrôle poussera au respect» (voir encadré). Alors que l'on pose le débat en termes de réforme globale qui touche le système des transports routiers. Et que le code élaboré s'est donné pour mission de pallier aux carences ayant des conséquences lourdes sur la sécurité, le raisonnement devient autre. Il faut dire que les accidents de la route représentent une hémorragie financière de l'ordre de 11 milliards de DH. Et que cela se traduit par 2,5 points de PIB. Toute la filière concernée Une telle amputation mérite vraiment de communiquer. D'ailleurs, les dispositions apportées par le texte que Ghalleb présente comme des corrections concernent toute la filière : des chauffeurs aux véhicules en passant par les auto-écoles, les centres de visites techniques… D'ailleurs, personne n'a crié au scandale lorsque la formule des nouveaux centres de visites techniques a été mise en place. Bien au contraire, cela n'a été que gain pour les usagers. Encore plus pour ceux qui clament qu'avant de mettre en place un code de la route, il vaudrait mieux mettre à niveau les routes, il est avancé auprès du ministère que «la politique d'infrastructure routière n'a son pareil nulle part dans le monde». Toutefois, lorsque l'on tente de quantifier la mise en application de ce nouveau dispositif en termes de gains financiers, les choses ne sont pas aisées. Les chiffres sur ce que gagne le Maroc, sur les études ou les prévisions réalisées par les départements concernés, ne sont pas disponibles. De même source, la réponse est claire : «il n'y a pas à faire d'études. L'ambition est de lutter contre l'impunité». Et d'ajouter que « le nouveau code de la route, c'est mettre de l'ordre dans beaucoup de secteurs ». Suivons ce raisonnement. Des résultats, c'est d'abord tous les citoyens qui en récolteront les fruits. Ensuite, si nous parlions de formation continue des professionnels de la conduite : « un investissement en termes d'établissement de formation où le besoin est réel. L'OFPTT n'arrive pas à lui seul à faire face à la demande. D'ailleurs, le seul simulateur qui existe, c'est le ministère qui l'a acheté», souligne-t-on auprès du ministère de tutelle. De plus, à travers ce code signe la reconnaissance au sens juridique du terme de la profession de chauffeur. «La tendance du marché de l'emploi s'orientera vers l'embauche et non pas vers le travail journalier». A ceux qui pensent que les amendes collectées serviront à renflouer les caisses de l'Etat, le ministère donne une réponse sans équivoque. «Ce n'est pas l'objectif. Il s'agit surtout de gagner quelques points en termes de PIB». Eradiquer l'informel qui touche la profession de chauffeurs qui ne sont, à l'heure actuelle, ni considérés comme des professionnels ni comme des artisans. L'esprit du texte peut même contribuer à résoudre le problème d'engorgement des grandes villes du pays. Alors terminée l'ère des «âatacha» ?