Les promoteurs immobiliers de Casablanca sont dans l'expectative. Après l'incendie de l'usine Rosamor, les demandes d'autorisation semblent prendre beaucoup plus de temps qu'auparavant. Résultat : des dossiers bloqués pendant des mois malgré une série de réunions tenues avec les services de l'Intérieur. Les réunions se font effrénées ces derniers temps entre la section casablancaise de la FNPI, l'Ordre des architectes et les services de l'Intérieur. En l'espace de deux mois, plusieurs rencontres ont été programmées, un échange intense de courriers a eu lieu, et cela ne s'arrêtera pas tant que les deux parties ne seront pas arrivées à un consensus. Le problème ne date pas de deux mois. Les promoteurs immobiliers contactés par Challenge Hebdo déclarent unanimement que depuis le tristement célèbre incendie de l'usine Rosamor à Lissasfa, rien ne se passe plus comme avant en matière d'obtention des autorisations octroyées par les services de la protection civile. Les peines confirmées en appel par la chambre correctionnelle de Casablanca en janvier 2009 n'ont pas été pour arranger la situation. De peur d'être entraîné dans des affaires du genre, le service en question préfère serrer la vis au maximum, quitte à alourdir sensiblement le processus de remise des permis. « Environ 90 dossiers sont bloqués depuis plusieurs mois. Les dernières discussions ont permis d'en liquider quelques-uns, mais la question n'est pas encore réglée dans sa globalité. On n'ose même plus espérer pouvoir apporter quelques modifications au plan initial, alors qu'il s'agit là d'une démarche tout à fait normale dans notre métier. C'est un refus catégorique qu'on essuie. Ce n'est pas normal », lance d'emblée un membre de la FNPI sous couvert d'anonymat. Une lettre a été adressée, il y a une dizaine de jours, au ministre de l'Intérieur lui demandant d'agir au plus vite pour éviter une hémorragie dans le secteur. L'arbitrage de Benmoussa Le ton y est ferme. La corporation lui demande de trouver une solution au problème. Autrement dit, c'est l'arbitrage de Benmoussa en personne qui est sollicité. Elle émet en outre une nouvelle proposition visant à instituer une commission de contrôle contradictoire qui agira en cas de besoin. Il est à noter qu'à la date d'aujourd'hui, le projet de loi sur la sécurité incendie n'est pas encore prêt. Le personnel des services de protection civile est quant à lui formé selon la réglementation française. Une esquisse de projet établie initialement par la protection civile et annotée par la suite par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a été remise il y a moins d'une semaine à l'Ordre des architectes de Casablanca pour étude, au même titre qu'à d'autres intervenants dans le processus de bâtir. «On s'est réuni dans ce sens avec le directeur de l'Académie de formation de la sécurité incendie. C'est bien parti pour aller de l'avant», réagit Azelarab Benjelloun, président de l'ordre des architectes de Casablanca. Ce dernier propose, entre autres, d'instaurer un système de pré instruction des dossiers de demande d'autorisation sur lesquels statuent l'ensemble des services dits externes ( régie d'eau et d'électricité, protection civile, ministères de l'Habitat et de l'Intérieur…) afin d'écouler les dossiers plus rapidement. «Concernant les sapeurs pompiers, nous proposons de leur remettre les plans au même moment qu'au promoteur immobilier pour un avis qui doit nous parvenir dans les 48 heures suivantes afin de préparer la commission qui se tient dans les 15 jours qui suivent». A l'heure où nous mettions sous presse, une réunion devait se tenir avec Mohamed Halab, Wali de Casablanca, et à laquelle devaient prendre part l'ordre des architectes ainsi que les promoteurs immobiliers.