L'an 2022 constitue une année socio-économique difficile pour le Maroc. Les effets néfastes de la crise sanitaire sur le tissu entrepreneurial et les travailleurs sont toujours d'actualité, et les conséquences géoéconomiques de la Guerre actuelle entre la Russie et l'Ukraine, en l'occurrence la hausse exponentielle des prix des matières premières et de certains produits de première nécessité, impactent déjà le niveau de vie des citoyennes et citoyens. Or, depuis l'Investiture du Nouveau Gouvernement, les Marocaines et Marocains s'attendaient à de véritables mesures de soutien de leur pouvoir d'achat, ainsi que des actions concrètes d'encouragement à l'entrepreneuriat et à la promotion des petites et très petites entreprises. Les décisions prises, à date d'aujourd'hui, par le présent Pouvoir Exécutif ne donnent pas des signaux forts de reprise économique et de relance des activités sectorielles, à part certains projets qui restent mitigés et limités dans le temps et dans l'espace (Programme Awrache, Projet Al Forsa...). S'ajoute à cela, le déficit de communication et les erreurs de management public constatés dans les sorties médiatiques de certains Membres de la présente Alliance Gouvernementale, ce qui sape la confiance du citoyen et engendre un climat de méfiance et d'incertitude socio-économique. L'opinion publique s'attendait en effet à une feuille route de sortie de crise et à un plan de relance servant à amorcer les chocs extérieurs, afin d'aller de l'avant et en vue de réaliser un taux de croissance économique soutenable au lieu de celui avancé par certaines Institutions (1% du PIB au meilleur des cas). Par rapport au Nouveau Modèle de Développement, le Rapport de la Commission n'est plus d'actualité. Malheureusement, aucun plan d'actions n'a été dévoilé par le présent Gouvernement pour asseoir les axes du NMD sur les plans social, économique, culturel et environnemental, à part une réforme singulière de l'éducation nationale qui ne s'inscrit pas dans le cadre d'une stratégie globale de réforme de l'enseignement national (préscolaire, primaire, secondaire et supérieur). Au-delà, certains départements ministériels ont lancé des actions de réformes à leur initiative, sans passer par les représentants de la Nation, en l'occurrence le Parlement, et sans que lesdites actions soient inscrites dans le cadre d'un plan stratégique global de mise en œuvre du NMD, devant être piloté par le Centre du Gouvernement en l'occurrence l'Institution du Chef du Gouvernement. Quant au Pacte National autour du NMD, il devait voir le jour à fin décembre 2021, si l'on voulait vraiment lancer une nouvelle dynamique pour l'année en cours capable de stimuler l'investissement et l'entrepreneuriat, ainsi que la valorisation du capital humain et la mise à niveau des secteurs sociaux vitaux. En effet, le manque de visibilité gouvernemental sape la confiance du citoyen et des investisseurs nationaux et étrangers, ce qui impactera négativement le climat des affaires au niveau du Pays, et retardera encore plus l'émergence du Maroc tant recherchée. Dans cet ordre d'idées, les défis nationaux et continentaux sont multiples et énormes et sur tous les plans (hydrique, énergétique, alimentaire, sécuritaire, monétaire, etc.), et la gestion gouvernementale et étatique basée sur la continuité des chantiers précédents et l'administration des affaires courantes ne pourrait créer un bouclier de résilience socio-économique capable de maintenir les équilibres économiques des différents intervenants de la chaîne (ménages, entreprises, institutions, organes...), et surtout d'aller de l'avant afin d'adhérer au club des Pays émergents. A cet effet, l'Innovation Publique est fortement réclamée en marge des récents événements à savoir : le renchérissement du coût de la vie, la sécheresse et la pénurie de l'eau, la perturbation des marchés internationaux des produits de première nécessité, les incertitudes géoéconomiques et géopolitiques autour de l'action militaire Russe, entres autres. De ce fait, il incombe à l'Exécutif, en large concertation avec le Patronat, de mettre en œuvre des solutions socio-économiques innovantes favorisant l'employabilité des jeunes et leur insertion dans le marché de travail, la promotion de la microentreprise et de l'entrepreneuriat social, ainsi que le soutien aux secteurs économiques gisement de productivité et de croissance durable, entre autres, les TPME opérant dans les énergies renouvelables, les Coopératives vertes et agricoles, les Associations rurales dédiées aux microentreprises et la Communauté des Autoentrepreneurs. In fine, l'année en cours demeure un exercice budgétaire assez complexe et qui nécessite des actions économiques particulières, provenant d'une nouvelle dynamique métastratégique de l'Etat, à porter par le Gouvernement à travers un effort de synchronisation et de coordination (logique Stakeholders), tout en prenant en considération l'ensemble des événements cités ci-dessus. Par Youssef Guerraoui Filali, Président du Centre Marocain pour la Gouvernance et le Management