Il fût un temps où l'or extrait de l'Afrique de l'Ouest alimentait un commerce fructueux et motivait le mouvement des caravanes, dans des routes où les sables du Sahara dictaient leur loi. Dans cette époque d'Afrique médiévale, les itinéraires traversant le désert ont fortement contribué aux échanges culturels mais aussi religieux. Une exposition prestigieuse autour de ce leg a été initiée, avec l'apport du Maroc, au Musée national d'art africain de Washington avec pour intitulé "Caravanes d'or, fragments dans le temps". L'exposition, dont la séance d'ouverture a eu lieu de manière virtuelle jeudi 19 novembre, est la première du genre consacrée à l'étendue du commerce saharien et à l'histoire commune de l'Afrique de l'Ouest, du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Europe du VIIIe au XVIe siècle. Tissant des histoires inter-connectées, elle présente les objets et les idées intimement liées au carrefour du Sahara médiéval, et célèbre l'importance mondiale historique et méconnue de l'Afrique de l'Ouest. en présentant des fragments archéologiques rares et précieux qui apportent une nouvelle compréhension des échanges dans la région sahélo-saharienne et de leur richesse. Ainsi, plus de 250 œuvres d'art couvrant cinq siècles et une vaste étendue géographique sont exposées, dont beaucoup pour la première fois en Amérique du Nord. "Caravanes d'or" a été développée en consultation avec un groupe international de conseillers, chacun expert dans un domaine spécialisé qui contribue à la vue d'ensemble véhiculée par l'exposition. Elle a aussi été rendue possible grâce à des partenariats avec des institutions et des particuliers au Mali, au Nigéria et au Maroc (ministère de la Culture, Fondation Nationale des Musées, Musée Bank Al-Maghrib, Université d'El Jadida). Les œuvres offrent ainsi au public nord-américain l'occasion de mieux comprendre notamment la nature historique de l'identité saharienne du Maroc et pourquoi elle est si intrinsèquement liée à son présent et à son avenir. “Pour ceux d'entre vous qui connaissent mon pays et son histoire, la participation du Maroc à cette exposition n'est pas une surprise et se justifie à plusieurs niveaux: il est avant tout le reflet du ferme engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à intégrer pleinement l'art et la culture dans le modèle holistique de développement humain au cœur de la vision de Sa Majesté pour une société marocaine progressiste et ouverte", a indiqué l'ambassadeur de SM le Roi à Washington, Lalla Joumala Alaoui, lors de la cérémonie d'ouverture de cette exposition. La contribution du royaume à cet exposition "est également conforme à l'attachement du Maroc à son histoire profondément enracinée avec le continent africain, à travers des liens spirituels, culturels, politiques et économiques qui remontent à des siècles et restent plus forts que jamais", a rajouté l'ambassadeur. Et de relever que la vocation africaine du Maroc “en est une que Sa Majesté le Roi défend avec fierté et qui se ressent dans tous les domaines de la vie au Maroc”, la forte influence du patrimoine africain étant inscrite dans la Constitution marocaine. “On peut la voir, la toucher, la ressentir et la goûter dans de nombreux aspects de la vie quotidienne – de l'art à la musique, à la nourriture, à la langue et au-delà”. “L'Afrique fait vraiment partie intégrante de l'identité du Maroc et cela est particulièrement évident dans l'histoire commune qui nous unit, remontant aussi loin que l'époque médiévale explorée à travers cette exposition”, a ajouté l'ambassadeur qui a tenu à rappeler que l'exposition n'aurait pas été possible sans le partenariat et le soutien de diverses institutions marocaines qui ont généreusement prêté des œuvres d'art. “Ce précieux héritage est celui que nous sommes fiers de perpétuer alors que nous recherchons un destin commun de progrès”, a, par ailleurs, indiqué l'ambassadeur qui a émis l'espoir que l'exposition sera non seulement une expérience qui suscitera la réflexion mais aussi “une expérience pour se défaire de nombreux stéréotypes”. L'évènement organisé de manière virtuelle, pandémie de coronavirus oblige, a réuni un parterre de personnalités américaines et étrangères du monde diplomatique, universitaire et culturel, dont l'ambassadeur du Mali à Washington, le secrétaire général du Smithsonian, plus grand complexe de musées au monde, ainsi que la directrice et le conservateur du Musée national d'art africain et la conservatrice du Block Museum de la Northwestern University, deux institutions partenaires dans cette étape américaine de l'exposition. L'exposition est accompagnée d'une publication co-élaborée par le "Block Museum" et la "Princeton University Press". Le livre "Caravans d'or, Fragments dans le temps: Art, Culture, et échange à travers l'Afrique médiévale saharienne" s'appuie sur les dernières découvertes archéologiques et la recherche historique de l'art pour construire un regard convaincant sur l'échange transsaharien médiéval et son héritage. Des contributeurs de diverses disciplines présentent des études de cas qui forment une riche représentation d'une époque lointaine. Avant d'arriver à Washington, l'exposition «Caravanes d'or, fragments dans le temps» a été déjà présentée au Block Museum of Art de la région de Chicago (janvier - juillet 2019) et au Musée Aga Khan de Toronto au Canada (septembre 2019 - février 2020).
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