La responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l'OMS, Maria Van Kerkhove, a déclaré récemment que la transmission du virus par une personne, semblait «très rare», avant de se rétracter devant le tollé provoqué, et d'évoquer un «malentendu». Dr, Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie, a tenu à faire une mise au point sur la question. Largement relayés sur les réseaux sociaux, les propos de la responsable à l'OMS ont fait vivement réagir une grande partie de la communauté scientifique, indique Dr. Moussayer qui revient dans sa mise au point sur les propos du professeur Gilbert Deray, médecin à la Pitié-Salpêtrière, qui estime que « contrairement à ce que l'OMS a annoncé, il n'est pas scientifiquement possible d'affirmer que les porteurs asymptomatiques de SARS-CoV-2 sont peu contaminants », tandis que Pr Liam Smeeth de la London School of Hygiene and Tropical Medicine s'est dit « surpris ». Selon Dr. Moussayer, qui est également présidente de l'Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM), les explications au total de la responsable de l'OMS sont « maladroites et risquent de créer encore de la confusion (entre asymptomatiques ne développant pas la maladie et présymptomatiques dans la phase d'incubation de cette pathologie), et pourraient en effet laisser penser à certains que toute personne n'est pas contagieuse tant qu'elle n'a pas développé de symptômes du Covid- 19 ». Pour lever toute confusion de terme, la spécialiste marocaine précise que, par définition dans tout dictionnaire, le terme « asymptomatique » en infectiologie se dit d'une personne porteuse d'un virus comme la covid-19 et donc susceptible de transmettre la maladie, alors qu'elle n'en présente pas les signes cliniques, notant que de plus, on ignore par nature l'état de toute personne avant l'apparition de la maladie (si elle ne fait pas l'objet d'un test au moins) par nature. On sait par contre bien, poursuit-elle, que les personnes présymptômatiques et développant ensuite la pathologie, sont à un risque élevé de contagion, presque aussi important d'ailleurs que les malades selon les dernières études. Il est possible donc, selon la spécialiste marocaine, qu'une partie des gens contaminés soient « peu ou pas » contagieux, « mais ça, personne ne le sait à l'avance« , souligne-t-elle. « Ce risque de contagiosité (qu'il soit faible ou fort) est d'ailleurs le fondement de la politique de confinement et de déconfinement, progressif et strictement encadré, menée avec beaucoup de discernement par les autorités marocaines. On ne joue pas avec la santé des peuples comme dans une partie de dés ou de poker ! » avance Dr. Moussayer. Elle estime dans sa mise au point, que l'OMS a fait marche arrière sur ses déclarations. « Maria VanKerkhove s'en est expliquée et s'est excusée. C'est tout à son honneur. Nous ne devons pas faire assaut de polémiques sur ce sujet pour nous faire plaisir mais être clairs et pédagogiques, ensemble, pour éviter tout malentendu, propre à répandre de la confusion dans l'esprit des gens ainsi qu'une avalanche de Fake News encore. Car, sinon à la fin, plus personne n'est cru dans le brouhaha médiatique mondial !», dit-elle.