Le Maroc et Israël ont officialisé leur entente scellée en décembre 2020, avec une visite « historique » à Rabat, celle du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz. Une première, car jusqu'ici aucun des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël dans le cadre des accords d'Abraham, n'aura reçu la visite d'un ministre de la Défense. Après le déplacement du chef de la diplomatie israélienne, Yair Lapid en août, le Maroc accueille pour deux jours, une visite officielle du chef de la Défense israélienne, censée poser les jalons de la future coopération sécuritaire entre Rabat et Tel Aviv. Cette visite présentée comme « historique » par les médias israéliens, surtout qu'il s'agit de la première vers l'un des 4 pays arabes signataires des Accords d'Abraham, s'explique par la profondeur des liens entre le Maroc et la communauté juive, des relations ancestrales et connues pour être des plus pacifiques et tolérantes. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, qui a signé un accord majeure sur la sécurité avec son homologue marocain, Abdellatif Loudiyi, au premier jour de sa visite, a annoncé que cet accord représentait « une étape importante dans l'approfondissement des relations entre Israël et le Royaume du Maroc », jugeant que ces relations sont déjà marquées par une grande coopération économique, de tourisme et des « liens interpersonnels chaleureux ». L'accord permettra notamment au Maroc d'acquérir s'il le souhaite, les technologies de l'industrie militaire israélienne. Benny Gantz, l'a confirmé à demi-mots en affirmant que l'accord qu'ils juge « très important » permettra aux deux partenaires « de lancer des projets conjoints et favorisera les exportations israéliennes jusqu'ici » au Maroc. La signature de cet accord intervient alors qu'Israël et le Maroc partagent la même vision et les mêmes préoccupations dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord face à un environnement hostile et des menaces sécuritaires croissantes, affichées et assumées par certaines parties. Selon le département israélien de la Défense, « les ministres ont échangé des vues sur la situation de la sécurité régionale au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et ont souligné les défis similaires auxquels les deux pays sont confrontés dans la lutte contre le terrorisme intégriste, les menaces frontalières et aériennes ». Benny Gantz a réaffirmé l'importance d'une coopération bilatérale renforcée à la lumière des menaces croissantes dans la région MENA, après une déclaration similaire quelques mois plus tôt d'un autre membre de son gouvernement. Lors de son déplacement en août à Rabat, le chef de la diplomatie israélienne avait fait part de sa préoccupation de l'influence grandissante de l'Iran dans la région ainsi que le rôle joué par l'Algérie. Ces propos avaient suscité de vives réactions à Alger, piquée au vif, et qui avait annoncé quelques jours plus tard, le 24 août, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, après avoir enchainé les actions hostiles contre le Royaume. Yair Lapid avait en effet, affirmé avoir des « inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine ». Avec cet accord de premier ordre, Israël et le Maroc, officialisent leur coopération sécuritaire et de défense, notamment dans les domaines de partages de renseignements et d'informations, de recherche et de formation militaire. Israël, leader en matière de sécurité est aussi l'un des pays producteurs de technologies les plus sophistiquées. Il est l'un des principaux exportateurs de drones armés au monde et de logiciels de sécurité avec des entreprises comme la NSO. De son côté, le Maroc est l'un des pays les plus avancés en termes de lutte contre le terrorisme et est jugé comme une référence mondiale. Son expérience dans le contre-terrorisme suscite un intérêt particulier de la part de nombreux pays.