Dans les pays arabes et en Afrique du Nord, près de la moitié des utilisatrices d'internet ont affirmé avoir peur du harcèlement en ligne, selon un rapport de l'ONU Femmes. Une femme sur trois a admis que la violence en ligne subie n'est pas restée sur l'espace numérique, tandis que la forme la plus courante de violence consiste à la réception d'images à caractère sexuel. Le nouveau rapport de l'ONU Femmes sur la violence et le harcèlement en ligne est basé sur une étude menée dans 8 pays de la région Moyen Orient Afrique du Nord (Irak, en Jordanie, au Liban, en Libye, au Maroc, en Palestine, en Tunisie, au Yémen). Près de 11.500 participants, hommes et femmes résidentes ces pays arabes et en Afrique du Nord, avec un échantillon de 1000 participants (500 hommes et 500 femmes) pour chaque pays, ont été interrogés sur le phénomène de la violence en ligne contre les femmes pour réaliser cette étude financée par le gouvernement japonais. « L'espace en ligne n'est pas sécurisé pour les femmes dans les Etats arabes », indique le rapport dans ces observations, en citant des chiffres édifiants. Plus d'une femme sur cinq ayant subi des violences en ligne dans la région a supprimé ou désactivé ses comptes de réseaux sociaux, note l'étude qui s'est déroulée entre le 26 juillet et le 2 septembre 2021. Et 1 femme sur 3 a vu la violence en ligne se transformer vers le off-line, à savoir dans vie quotidienne en dehors de l'espace numérique. Elles sont 33% à avoir admis avoir subi de la violence en ligne et des violences hors ligne, 51% des femmes ont subi des violences en ligne de la part de personnes qu'elles connaissaient hors ligne et ont affirmé que l'incident s'est ensuite déplacé hors ligne. Parmi les formes les plus courantes de violences à leur égard et énumérées par les participants figurent, la réception « d'images ou de symboles indésirables à contenu sexuel » à 43 %, des « appels téléphoniques ennuyeux, communications inappropriées ou importunes » à hauteur de 38 %, « des messages insultants et/ou haineux » (35 %) et 22 % des femmes victimes de violence en ligne ont subi un « chantage sexuel direct ». Résultat, 49% des femmes interrogées, ont déclaré ne pas sentir en sécurité, ni à l'abri du harcèlement en ligne. En outre, elles ont été nombreuses à ne pas se sentir soutenues lors de ces incidents puisque 12% des femmes ayant subi une forme de violence en ligne ont déclaré avoir été victimes de violence domestique après avoir signalé l'incident aux membres de leur famille. Par ailleurs, l'étude souligne lorsqu'elles ont été sujettes à la violence en ligne, 36% des femmes ont été invitées à l'ignorer, 23% ont été blâmées pour l'incident et 21% ont été invitées à supprimer leurs réseaux sociaux. La plus grande proportion de femmes victimes de violence en ligne ont déclaré en avoir subi sur les réseaux sociaux, Facebook arrive en première position avec 43 %, suivi d'Instagram (16 %) et de WhatsApp (11 %). De leur côté, les hommes interrogés ayant avoué avoir commis des actes de violences contre les femmes en ligne, ont été 24% a évoquer comme première raison justifiant leurs actes « parce que c'est leur droit », et 23% ont estimé que « parce que c'était amusant ». L'étude démontre que plus d'un homme sur trois âgé de 18 à 24 ans interrogé dans la région a admis avoir commis une forme de violence en ligne contre les femmes. Le rapport de l'ONU Femmes note que la « violence en ligne représente une menace sérieuse pour la sécurité physique et le bien-être mental des femmes », et souligne des « efforts considérables » déployés pour résoudre le problème dans la région, en citant l'exemple du Maroc, de la Tunisie, du Liban, de l'Arabie saoudite, de l'Egypte. Ces pays « ont adapté leur code pénal et leur législation sur le harcèlement sexuel et la violence domestique pour interdire la violence en ligne contre les femmes », indique l'étude.