Dans le cadre de la campagne de migration circulaire entre le Maroc et l'Espagne, quelque 16.000 saisonnières marocaines s'apprêtent à participer à la cueillette de fraises dans les champs espagnols au titre de l'année 2022. Cette campagne circulaire, qui connaît plusieurs défaillances tant au niveau marocain qu'espagnol, permet chaque année à des milliers de femmes en situation précaire issues du milieu rural, de travailler dans les champs espagnols, principalement la commune de Huelva, pour la modique somme de 37 euros par jour. À cause de la pandémie, le nombre de ces femmes s'inscrit à la baisse. Au titre de l'année 2022, les préparatifs sont en cours pour l'organisation du voyage des saisonnières marocaines en Espagne d'ici le mois de janvier 2022. Selon une source informée qui s'est confiée à Hespress, les services gouvernementaux marocains ont tenu plusieurs réunions avec la partie espagnole afin de faciliter la participation des femmes marocaines dans cette campagne circulaire. Pour cette saison, la participation à ce processus sera limitée aux femmes qui avaient été enregistrées la saison dernière, a affirmé notre source, notant que les mesures nécessaires ont été prises en coordination avec l'Ambassade d'Espagne à Rabat. Alors que le virus fantôme circule toujours dans le monde et les restrictions sont de plus en plus nombreuses, les autorités marocaines ambitionnent de faire de cette campagne circulaire une « réussite« , a affirmé notre source. Raison pour laquelle une batterie de mesures préventives ont été prises pour le bon déroulement de ce processus. Cela dit, la presse espagnole avance que la fermeture des frontières maritimes et aériennes par le Maroc jusqu'au 31 décembre, a retardé l'arrivée des saisonnières marocaines dans les champs de fraise, ce qui a provoqué un retard de production. Mais l'Espagne a remédié à la situation en faisant appel aux saisonnières venant d'Équateur et du Honduras. Scandales sexuels et conditions « minables » de travail Si la campagne de migration circulaire entre le Maroc et l'Espagne permet à des milliers de Marocaines de travailler et subvenir aux besoins de leurs familles, les conditions de travail ne sont pas pour autant favorables. Mais le besoin de nourrir sa famille, impose à ces femmes d'accepter leur sort, et dans la plupart des cas ne pas parler de ce qui se passe de l'autre côté du détroit, observe Noor Ammar Lamarty, présidente de la plateforme numérique « Women by Women » qui lutte auprès de ses femmes, dans une interview accordée à Hespress Fr. Ces dernières années, plusieurs scandales de viols et d'agressions sexuelles à l'encontre des saisonnières marocaines avaient éclaté en Espagne. Au Maroc, le ministère du Travail, en charge de cette campagne, avait réagi à l'époque en 2018, sur ce scandale en envoyant une délégation conjointe maroco-espagnole dans la région de Huelva. Le but de cette visite était de « s'enquérir des conditions de travail et de séjour de cette population et d'identifier les actions permettant de faciliter davantage leur intégration (...) dans le cadre du suivi de la situation des travailleuses saisonnières [...] comme il a été programmé depuis le début de la campagne 2018 », indique le ministère. Mais cela n'a rien changé. Des femmes sont toujours harcelées dans le silence.