L'élection de la réunification en Libye s'est, in fine, avérée être celle de la division. Le scrutin qui aurait dû couronner la réconciliation entre camps rivaux libyens (Est et Ouest ou plus savamment Tripolitaine et Cyrénaïque) a été suspendu, faute de consensus sur les candidats par le comité du Parlement, siégeant à Tobrouk (Est), chargé du vote. Aussi, l'élection présidentielle, initialement prévue pour ce vendredi 24 décembre, n'aura pourtant pas lieu ou plutôt peut-être dans un mois, mais c'est du domaine de l'hypothétique. Berlin 1, Berlin 2, Paris, Genève, l'ONU... le lait est tombé, adieu veau, vache... Pourtant tout allait si bien dans de petites bourgades au Maroc de Bouznika, Skhirat... de moindre notoriété que ces capitales et grandes villes du Vieux Continent. Le Maroc y accueillait les antagonistes des deux camps et prêchait le dialogue inter-libyen, ni plus ni moins pour une solution politique sans s'immiscer aucunement, l'objectif étant d'obtenir un consensus autour d'une solution politique à tous les niveaux. Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, rappelait du reste, à Paris, cette approche du Maroc fondée sur le respect de la volonté libyenne et le bannissement de tout paternalisme. « Le Maroc est prêt à soutenir tout ce sur quoi les Libyens se mettront d'accord, et cela, les frères libyens le savent fort bien », a-t-il fait savoir en rappelant que le Royaume est « resté une terre de dialogue vers laquelle les frères libyens convergent spontanément« . Plus important encore, cette remarque: « Néanmoins, le Maroc regrette que Libye soit pour certains un +fonds de commerce diplomatique+ et, pour d'autres +une arène de lutte par procuration+ ». Cela résumait tout de cette situation dramatique dont pâtit le peuple libyen. « Le seul parti que chacun doit prendre est celui d'accompagner la Libye unie – sans hérauts et sans intrusions- pour asseoir les conditions d'une paix durable », insistait le Royaume. Par ailleurs le ministre des Affaires étrangères, en exprimant la position marocaine, ne se voulait nullement visionnaire en disant « favoriser une approche de non-ingérence qui prône une solution seulement libyo-libyenne » tout simplement. Avant que l'Allemagne et la France ne rattrapent le dossier libyen, le Royaume avait eu un rôle clé dans le succès du processus politique en Libye en le débloquant. Le Maroc avait permis cela, lors des séances de dialogues qu'il organisait sur la base de l'Accord politique de Skhirat en 2015, un document de référence pour une sortie de crise. Le Maroc réussissait là à faire converger les points de vue des Représentants de la Chambre des Représentants et le Haut Conseil d'Etat qui, toute une décennie durant, se sont tapés dessus. Le Maroc en contribuant par l'organisation du dialogue inter-libyen sur ses terres, a créé, à travers les divers progrès enregistrés à chaque tour de table, des attentes parmi les populations libyennes, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire mondiale qui a accentué les maux d'une économie déjà mise à mal. Il en deviendrait un crime contre l'humanité que cette espérance soit tuée dans l'œuf. Aujourd'hui, force est de constater que ce premier pas vers la réconciliation a échoué. Soit ! Faisons alors en sorte d'arriver à faire se regarder droit dans les yeux les camps et tout se dire à des fins d'une solution politique libyo-libyenne, telle que prône le Maroc, sans s'immiscer à des fins de pomper le pétrole de ce pays.