Pour le tribun, Abdelilah Benkirane, après une absence de cinq années, se rabibocher, avec les meetings populaires et particulièrement en cette fête du Travail était un devoir et une occasion à ne pas rater pour redorer un blason bien terni pour lui et son parti. Aussi en ce 1er mai, à la manifestation en la circonstance organisée ce dimanche par le secrétariat régional de Rabat de l'Union Nationale du Travail au Maroc (UNMT) syndicat rallié au Parti de la Justice et du Développement (PJD), l'occasion pour notre Benky nationale était des plus propices. En bon conférencier et en bon démagogue, il a prononcé un discours au-devant d'une galerie de la classe laborieuse partisane du parti islamiste, bien peu garnie pour la circonstance et au demeurant. On s'en doute, tout le monde sauf le PJD et l'UNMT en a pris pour son compte. Abdelilah Benkirane un habitué des manifestations du 1er Mai de l'UNTM, durant son mandat en tant que Chef du gouvernement n'a pas failli à sa nature sarcastique pour tirer à boulets rouges sur ses opposants politiques tout en couvrant d'éloges les siens. Il s'est attaqué aux Centrales syndicales ayant signé l'accord social du samedi 30 avril 2022, « l'accord signé par les syndicats hier n'est pas à la hauteur de ce qu'on leur proposait en 2016 » lorsqu'il était Chef du gouvernement, ajoutant que les syndicats étaient devenus un outil entre les mains des grands « patrons« . Dans son style habituel, le Secrétaire général du PJD a ironisé quant à la décision de certains syndicats de ne pas célébrer le 1er mai, affirmant qu'il coïncidait avec le dernier jour du mois de Ramadan. Il s'est interrogé dans une tournure qu'il est le seul à oser: « Pourquoi devrions-nous célébrer la veille de l'Aïd al-Fitr ou même le jour de l'Aïd al-Fitr ? », soulignant narquoisement « Il semble qu'ils aient décidé de ne jeûner que 28 jours ». Benkirane a prévenu les adhérents des syndicats signataires de l'accord social afin qu'ils prêtent attention à ce que font leurs dirigeants qui coopèrent avec le Patronat dans le seul but de faire tomber le PJD, les appelant à se réveiller. Benkirane se rappelant à ses bons souvenirs a fait du Benky et s'en est pris violemment au chef du gouvernement et au système qu'il préside « aujourd'hui nous savons tous que ce gouvernement est arrivé avec l'argent, avec l'aide des autorités avec le mensonge et la traitrise ». Benkirane dans un semblant de soi-disant mea-culpa, a également remis en cause le résultat obtenu par son parti aux dernières élections, estimant que 13 sièges ne reflétaient pas la réalité des faits quoique que reconnaissant que, « Nous avons commis des erreurs, nous le reconnaissons, nous l'assumons ». Il a indiqué que les membres du PJD ont été harcelés après les élections dans divers départements, et que quiconque penchait du côté du parti islamiste était démis de ses responsabilités. Le discours de Benkirane n'a pas été sans envoyer des messages à Israël et à l'Algérie. Benkirane a déclaré que les Marocains étaient historiquement associés à la mosquée Al-Aqsa et avaient l'habitude de la visiter sur leur chemin pour effectuer le pèlerinage, et le quartier des Marocains, qui a été démoli par Israël, témoigne de la relation des Marocains avec Jérusalem. Et il a envoyé un message aux dirigeants du régime d'Alger, rappelant aux « frères algériens que le Maroc ne vous veut pas de mal à l'Algérie et que le Royaume n'abandonnera pas son Sahara ». Il a conclu son discours en appelant les partisans de l'UNMT et du PJD de continuer la lutte et de ne pas reculer en disant : « Nous sommes Marocains et "Mmfakinch". La présence du chef du PJD aux côtés de l'UNMT à son meeting avait valeur de test d'un retour de Benkirane sur la scène politique. Il semblerait que non. Sa sortie n'a pas dynamisé comme souhaité ni les partisans de sa formation politique ni celle du syndicat qui lui est affilié. Il sera difficile à Benky et aux siens de se relever de la débâcle électorale de la fin de l'été dernier. Beaucoup d'efforts et de temps sont attendus pour effacer cela.