Le nombre d'élèves marocains ayant quitté les établissements scolaires privés pour s'inscrire dans les établissements publics a encore augmenté en cette rentrée scolaire 2022/2023. Ils seraient 92 214 d'élèves à avoir basculé vers l'enseignement des établissements publics soit 9,2 % de l'effectif inscrit dans les écoles privées. Cette dynamique s'explique par plusieurs facteurs d'ordre économique, des effets de la crise sanitaire, mais également par d'autres qui ont fait que les parents aient choisi d'inscrire leurs enfants aux écoles publiques. Selon le ministère de tutelle, 52 000 élèves du privé avaient migré vers le public une saison auparavant. Ils sont actuellement plus de 7,9 millions d'élèves à avoir repris le chemin de l'école cette saison, dont 6,9 millions d'élèves dans les établissements publics (en augmentation de 2,4 % en comparaison avec la rentrée scolaire 2021-2022), 1,1 million d'élèves étudient dans les établissements privés (en baisse de 7 % en comparaison avec la rentrée scolaire 2021-2022 -sans le préscolaire-). Ces données poussent à s'interroger sur le pourquoi de cette tendance à la "migration "du privé vers son meilleur ennemi si l'on peut oser le terme, l'enseignement du service public. Ce dernier aurait-il gagné en qualité contrairement aux idées reçues, ou est-ce que la crise sanitaire et ses impacts économiques bien qu'elle semble actuellement derrière-nous, a-t-elle eu raison de quelques bourses parentales, cherté de vie oblige ? Par personne scolarisée, selon le HCP, la dépense annuelle moyenne des ménages (2019-2021), oscille entre 1 087 DH pour les enfants scolarisés dans l'enseignement public contre 7 726 DH pour ceux de l'enseignement privé. Aussi, d'aucuns expliquent cette réconciliation avec l'enseignement public essentiellement par des raisons de budget, de baisse de la qualité de l'enseignement privé ou encore l'engagement des parents à accompagner leurs enfants pour élever leur niveau. Pour nous autres, nous n'appelons qu'à la concrétisation de cette rentrée sous le signe « Une école de qualité pour tous » comme voulu par le ministre de tutelle. Elle se veut bâtie sur trois axes à savoir : garantir l'éducation à tous les enfants en âge de scolarisation, poursuivre le chantier de l'instruction obligatoire et accorder la priorité au préscolaire et au primaire en plus d'améliorer le niveau de maitrise des élèves des apprentissages et garantir l'acquisition des connaissances et des compétences nécessaires ainsi que de renforcer l'ouverture des élèves et leur sens des valeurs. Notre enseignement public, auquel cas, se retrouvera sur des rails qui ont formé des élites et des éminences qui font aujourd'hui la fierté du Royaume. Cela étant le passage du privé au public est sujet à plusieurs changements auxquels doivent s'accommoder nos enfants, l'accompagnement est l'élément essentiel pour ce nouvel état d'esprit. A chaque chose malheur est bon, Dame Covid avait contribué à mettre en exergue de nombreux dysfonctionnements au sein des établissements du secteur privé, ce qui avait incité le ministère à renforcer sa stratégie d'accompagnement, relève ce dernier dans son rapport. Aujourd'hui, l'heure est venue à rendre la pareille à l'autre secteur sur lequel nombre de parents d'élèves nourrissent l'espoir d'une renaissance. Que ce soit pour l'un ou l'autre force est de constater que l'enseignement ne saurait être, sans cette complémentarité qu'est le soutien scolaire à la maison qui sans aucun doute est le moyen le plus efficace pour accompagner nos bambins.