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Interview. Oubeid Allah Hlal, un médecin pas comme les autres
Publié dans Hespress le 17 - 09 - 2022

Le cardiologue marocain Oubeid Allah Hlal, humoriste et star des réseaux sociaux, fait partie de ces professionnels de la santé qui ne veulent pas se définir uniquement par le prisme de leur blouse blanche. Pour Hespress FR, il confie les travers de sa personnalité complexe, ses projets et le secret de son énergie débordante.
Ambitieux, généreux dans ses rapports aux autres et stratège qui maitrise son image à la perfection, Dr Oubeid Allah est l'une de ces personnalités inspirantes que l'on ne rencontre pas souvent. Il vit à 1000 à l'heure entre ses différents projets et sa vie personnelle qu'il préfère garder en dehors de sa présence médiatique. Son chemin de vie, il l'a déjà tracé sur plusieurs années, mais même si ses rêves se concrétisent les uns après les autres, il admet que tout ne se fait qu'avec la grâce du divin.
Apprécié par ses patients pour son approche très humaine, pour sa chaleur et le temps qu'il leur consacre, le cardiologue et humoriste aime donner de sa personne également sur les réseaux sociaux en vulgarisant des informations médicales auprès d'un public souvent mal informé, en défiant et déconstruisant les tabous d'une façon drôle, légère dont il est le seul à connaitre la recette. Et c'est sous cette casquette qu'une grande partie du public le connait.
Ce qu'il ne sait pas en revanche, c'est que le cardiologue marocain est un véritable touche-à-tout, doté d'un grand sens artistique et d'une soif d'apprentissage insatiable. Oubeid Allah s'intéresse à diverses activités qu'il chaperonne souvent à distance du fait qu'il habite en France et que la majorité de son public se trouve au Maroc.
Pour ses followers et ses fans sur Instagram, il incarne souvent le rôle du grand frère empli de sagesse, et ils l'apprécient pour sa finesse d'esprit, ses réactions sans chichis, qui tranchent avec les normes de la société.
Sur scène en tant qu'humoriste, c'est une autre personnalité du médecin qui se manifeste et c'est au rythme des tournées mondiales que son cœur bat. Enchainer une garde à l'hôpital et un vol à Londres pour une représentation dans les heures qui suivent, c'est là qu'il puise son adrénaline et il en veut encore plus, nous confie-t-il.
A côté, il s'essaie également à l'écriture de scénarios mettant à contribution son talent d'humoriste et sa créativité. Il entreprend et gère en parallèle deux boites de production, préside une association, et s'intéresse à la musique, un monde dans lequel il est tombé dès 2005, alors qu'il n'était qu'étudiant.
Si toutes ces choses paraissent délurées et difficilement conjugables avec la vie d'un médecin cumulant 3 diplômes universitaires et qui continue aussi de se perfectionner dans ses études, ceux qui s'y connaissent en astrologie comprendront qu'un Gémeaux est par nature une personne aux mille facettes.
Hespress FR : Pourquoi avoir choisi l'humour pour véhiculer des messages médicaux ?
Dr Oubeid : C'est vrai lorsqu'on dit que dans la vie c'est des choix, mais croyez-moi si je vous dis que l'humour je ne l'ai pas choisi. J'ai découvert que j'étais humoriste dès mon plus jeune âge via mon entourage et c'est les réactions des personnes qui ont fait que j'ai su que je l'étais. Par la suite, il est arrivé un moment où cette personnalité que j'avais en moi et que j'ai utilisée dans mes spectacles, je l'ai aussi utilisé à l'hôpital et sur les réseaux sociaux. J'ai commencé la scène à 24 ans et ce n'est qu'à 29 ans que j'ai commencé à faire de la sensibilisation médicale à travers l'humour. Pourquoi ne l'ai-je pas fait avant ? Parce que ce n'était certainement pas le bon moment, il n'y avait pas cette ouverture, cette passe en profondeur qui nous dit de tirer.
Après le coronavirus, j'ai eu ce déclic qui m'a dit Oubeid, il faut tirer tout de suite ! J'ai tiré de toutes mes forces et j'ai marqué. La réaction des gens a fait en sorte que je continue et que j'utilise l'humour comme moyen pour véhiculer la médecine. J'utilise, à présent, cette méthode parce que ça bénéficie aux gens et j'estime que l'accès à l'information est un droit, soit on part le chercher soit vous l'offre d'une manière agréable à voir et c'est ça mon métier et mon objectif. En tant que médecin, mon rôle c'est de sauver un maximum de personnes, et si l'humour me permet de toucher plus de personnes, je le fais et je continuerai à le faire.
Vous touchez à plusieurs sujets tabous sur les réseaux sociaux. Est-ce plus facile de faire de la vulgarisation de l'éducation sexuelle à travers l'humour auprès des Marocains, un public connu pour être « conservateur » ?
Effectivement, nous sommes un pays conservateur, et l'éducation sexuelle est taboue, pourtant, c'est une partie intégrante dans notre qualité de vie, dans nos relations avec notre conjoint. L'information et l'éducation sexuelle sont primordiales dans l'équilibre humain. Alors, quand on est face à deux éléments contradictoires comme un pays conservateur et des informations nécessaires pour un équilibre, que faut-il choisir ? Faut-il se taire ou se cacher derrière les écrans où chacun peut divulguer l'information qu'il veut et se heurter à des pratiques, réflexes ou informations fausses ? Le résultat c'est qu'on découvre de jour en jour que le comportement des gens est faussé par de fausses informations. Alors moi j'ai choisi d'en parler parce que j'estime être un artiste engagé et que je n'ai pas particulièrement peur du « hchouma ». Et puis d'un côté, l'artiste est libre d'en parler et d'un autre, je suis médecin et j'ai toute la crédibilité pour le faire. D'ailleurs si je ne le fais pas, qui le fera ? Pour remédier à la situation, j'utilise un humour fin, des métaphores, des sous-entendus, pour expliquer. Je ne suis jamais frontal et direct ou vulgaire et l'humour m'aide à ce que ces informations soient acceptées.
Selon votre expérience, quels sont les sujets et les informations que les Marocains recherchent le plus ?
J'ai remarqué que lorsque je fais des questions ouvertes pour me proposer des sujets à traiter, on me pose surtout des questions au cas par cas, chacun veut des réponses à ses problèmes et ça touche toutes les spécialités. Plus généralement, les questions tournent autour de l'éducation sexuelle, de la santé mentale comme les crises d'angoisse, les attaques de panique, la dépression, les déceptions amoureuses, les insomnies, les dépendances, ou alors des questions pathologiques comme les colopathies fonctionnelles, tout ce qui est en rapport avec le stress et la digestion, les reflux gastro-eosophagiens, les lombalgies, tout ce qui est articulaire...
Quel est votre objectif ultime et votre vision pour l'avenir de Dr Oubeid ?
Mes objectifs et ma vision se construisent chaque jour. Il suffit que je rencontre des gens et ils me donnent envie de faire de nouvelles choses, mais c'est vrai que j'ai des choses bien tracées. Mon objectif c'est de continuer à me former, mes diplômes universitaires, continuer à faire de la sensibilisation médicale à travers l'humour sur plusieurs plateformes pour en faire bénéficier le maximum de personnes. Je n'ai pas encore donné tout ce que j'ai à donner dans la sensibilisation médicale et là je peaufine et je perfectionne les choses.
Et au-delà de la médecine et de l'humour, qu'est-ce qui vous passionne ?
Je suis passionné par beaucoup de choses. J'adore voyager, rencontrer des gens, discuter, j'aime cuisiner. D'ailleurs, je faisais à un certain moment des petits conseils cuisine que je vais reprendre prochainement. J'aime la musique qui m'a accompagné depuis mon jeune âge. Avec mon frère, on faisait de la musique électronique et actuellement je suis en train de produire un ami à moi, Karim Berreda pour son premier album qui m'a énormément touché. Donc, je me lance dans cette expérience de producteur d'albums de musique. Et ma troisième casquette c'est que je suis producteur-organisateur de tous les spectacles des Inqualifiables.
Vous êtes aussi sur le point de lancer une chaine YouTube. Qu'est-ce que votre public pourra y retrouver comme contenu ?
L'idée de YouTube m'a été proposée il y a deux ans, mais je n'ai pas voulu me lancer dans cette expérience parce que ce n'était pas le bon moment parce que j'avais d'autres objectifs de carrière à faire avancer avant. C'est un concept où on va retrouver Dr Oubeid sous une nouvelle forme. Il sera vraiment axé sur l'information et l'on va certainement retrouver plusieurs aspects comme des réponses à des questions, une émission médicale décalée... je ne me pose aucune limite.
Comment expliquez-vous le lien que vous entretenez avec votre public ? Est-ce qu'il y a un public pour Dr Oubeid, et un autre avec les inqualifiables ou ce sont les mêmes personnes qu'on retrouve ici et là ?
Il y a deux différents publics, il y a celui qui suit Dr Oubeid qui connait Oubeid des Inqualifiables mais je pense qu'il m'envoie un amour particulier, parce que c'est l'humain qui les a touchés. Je pense que le côté humain doit ressortir chez le médecin, et ce n'est pas quelque chose qu'on retrouve souvent. Chez moi, ce côté-là est naturel et c'est réellement ma force et c'est ce qui a touché les gens. J'ai réussi à créer un lien fort avec mon public et lorsqu'on m'arrête dans la rue on m'appelle « notre médecin » et pas « notre artiste », pourtant ça fait 7 ans que je fais de la scène. Je crois que ma personnalité en plus de mon métier ont fait que j'ai ce rapport particulier avec les gens.
Vous menez plusieurs projets de front entre votre carrière de médecin, vos études, vos spectacles et Instagram. Vous n'avez pas l'impression de vivre une vie à 1000 à l'heure ?
J'ai toujours été quelqu'un qui vit les choses intensément et j'en veux toujours plus. Effectivement, je fais tout ça, les études, la carrière, les spectacles, l'Instagram, la production, mes formations, et à peine ça me suffit, et j'arrive avec ça à trouver du temps pour me reposer et voyager. Allier toutes les activités que j'ai peut paraitre impossible, mais en réalité la réponse est simple, tout mon temps libre je le consacre à développer ma carrière et je fais l'impasse sur des activités normales ou superflues, telles que le shopping, boire un café, sortir le soir. Même quand je voyage, c'est toujours dans l'idée de développer mes activités.


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