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FATH/ HAMAS : Les cartes se rassemblent
Publié dans La Gazette du Maroc le 05 - 06 - 2006

La tension qui monte chaque jour d'un cran aussi bien à Gaza, à Ramallah et, récemment, à Jénine, prouve que le dialogue entre le Fath et le Hamas n'a pas abouti. Chaque partie tente de rassembler le maximum de cartes afin d'arracher les concessions auprès de son «adversaire». Un jeu qui commence à être dangereux et trop risqué.
Quelques heures après la réconciliation effectuée, mercredi dernier, à Tunis, entre le président de l'Autorité nationale, Mahmoud Abbas, et le chef du département politique de l'OLP, Farouk Kaddoumi, les Fathaouis présents à cette «cérémonie» commencent à crier victoire.
Ils affirment même que le mouvement islamique Hamas n'a plus devant lui que trois choix la scission, la chute de l'organisme gouvernemental mis en place ou la démission d'Ismaël Haniyeh.
Ces conclusions qui, selon les observateurs, sont à la fois exagérées et prématurées n'ont pas eu d'échos chez les concernés. La preuve, aucune déclaration ou commentaire dans ce sens n'ont été enregistrés.
Pire, le président palestinien a, semble-t-il, fait son choix. Il le considère comme étant déterminant pour reprendre à nouveau les choses en main ; notamment, après une période de fléchissement due à la défaite cuisante aux élections législatives de son organisation, le Fath. Après avoir fait sa tournée arabo-européenne qui lui a permis d'avoir le soutien politique des uns et financier des autres, Abou Mazen s'est décidé à contre- attaquer sur le terrain. Les consignes ont été données
à tous les services de sécurité appartenant à la présidence de mener la pression sur le gouvernement en manifestant quotidiennement aussi bien devant ses ministères qu'auprès du Conseil consultatif, revendiquant le règlement des salaires retardés de trois mois. Dans ce même ordre d'orientation, la présidence a passé le message à ses réseaux dans les banques avec qui le gouvernement est censé traiter, afin de mettre les bâtons dans les roues à toutes les initiatives prises par le ministère des Finances.
Au même moment, elle a demandé à l'Egypte et à la Jordanie de poursuivre leur politique d'isolement, le temps nécessaire pour que le Fath reprenne son souffle et le Hamas s'essoufle.
Mais, à l'étonnement du leadership fathaoui, réuni à Tunis autour de Abbas et de Kaddoumi, le Hamas ne s'est pas contenté de faire une démonstration de force en accompagnant Haniyeh à la prière du vendredi, mais faire savoir à qui de droit qu'il n'était pas question d'accepter certains points du document des prisonniers. A savoir, l'initiative arabe pour une paix au Moyen-Orient, décidée lors du sommet de Beyrouth. Ainsi, le Hamas a placé assez haut la barre, misant toujours sur le refus par l'Etat hébreu d'une telle proposition. Mais le coup qui est venu perturber les plans du Fath et de la présidence, c'est l'annonce par le Premier ministre du haut de la tribune de la mosquée de Gaza du déblocage des salaires d'un mois pour 160 000 fonctionnaires de l'Etat. Ceci, en mentionnant que l'argent existe et a été rassemblé, mais que les banques, sur ordre des Américains, Israéliens et de leurs alliés palestiniens, tentent de lui barrer la route afin qu'il n'arrive pas à destination. Allusion faite aux tentatives du président de l'Autorité palestinienne et de ses réseaux.
La distribution des salaires, le samedi et dimanche derniers, comme prévu, devrait, sans doute, atténuer, d'une part, les pressions et, de l'autre, montrer que le gouvernement dirigé par le Hamas est capable de gérer la situation et assumer ses responsabilités envers le peuple palestinien quel que soit le prix. Sans, bien entendu, céder sur les principes et sur l'essentiel. La population qui n'avait pas, jusqu'ici, avalé la confiscation par la douane des 699 000 euros apportés par Hamas pour être distribués aux familles des martyres et des prisonniers, n'a pas du tout apprécié les slogans levés, vendredi dernier, par les forces de l'ordre venant demander de payer leurs salaires. Ces derniers indiquant que Al-Qods est la capitale de la Palestine et non Téhéran. Allusion faite au soutien de l'Iran au gouvernement actuel.
Poser cette équation au moment où les Etats-Unis, Israël et l'Occident veulent la peau de la République islamique d'Iran est une erreur monumentale de la part des services de l'Autorité palestinienne, commente Hani Hassan, membre du comité central du Fath et d'ajouter : «Comme si Téhéran bloque nos fonds et tue nos femmes enceintes et nos enfants». Un tel jeu est tellement dangereux qu'il pourra se répercuter facilement sur notre mouvement. Car l'Etat hébreu n'a aucunement l'intention de lâcher du lest sur le plan sécuritaire, moins encore au niveau humanitaire.
Se rappeler Arafat
Quoi qu'il en soit, force est de souligner que le «document des prisonniers», dans la majorité de ses axes, est contradictoire avec les thèses de Abbas. Plus particulièrement le point concernant son refus de «militarisation».
Là, le document insiste, par contre, sur la résistance par tous les moyens et la nécessité de constituer un front commun qui la dirigera.
Autre point important en contradiction avec le président palestinien, l'absence complète de la «Feuille de route» du texte. Pis, le document s'attache au droit de retour sur laquel Abbas fait beaucoup de concessions. Mais le plus important est le point portant sur la réorganisation de l'OLP sur de nouvelles bases avant la fin de 2006. Ce, tout en prenant en compte les nouvelles donnes intervenues sur la scène palestinienne.
Cela veut dire, d'après les observateurs, l'octroi au Hamas et au Jihad islamique de la moitié des sièges de l'Organisation de la Libération de la Palestine. Ce changement devra donner, ainsi, le droit de veto à ces deux derniers pour tout ce qui est contraire à leur programme. Ce que ne peut, dans tous les cas de figure, accepter le Fath. Pour ce qui est du sujet des prisonniers, le document parle de leur libération par tous les moyens et non seulement à travers les négociations. Ainsi, le document apparaît comme étant contradictoire avec la voie adoptée, jusqu'ici, par le mouvement d'Abbas. Notamment le groupuscule dirigé par Mohamed Dahlan qui a tenté de se retourner contre feu Yasser Arafat après son isolement et sa maladie. Reste à savoir, maintenant, pourquoi Abou Mazen et ses lieutenants acceptent ce document qui est loin de réaliser leurs objectifs ?
A cette interrogation répond un proche d'Abou Ammar qui a préféré garder l'anonymat. Ce dernier affirme que les Fathaouis se rappellent maintenant le style du «vieux» en guise de sortir de l'impasse et de la défaite. En d'autres termes, avoir des concessions du Conseil national palestinien.
Ce qui se faisait lorsque les différentes organisations de l'opposition arrivent à faire pencher la balance en leur faveur. Arafat présenta alors un nouveau texte comprenant la concession, mais en même temps l'accompagnait d'une série de conditions qui le bloquera complètement. Il prenait alors ce qui lui convient du texte et oublie les autres conditions.
Il est clair que Fath veut répéter le même jeu avec Hamas. Il lui donne tout ce qu'il revendique sur le plan de la résistance, de l'OLP et le gouvernement d'union nationale. Mais il prend l'essentiel, son accord sur la «légitimité arabe et internationale». Cela veut dire que Hamas s'engage à changer de A à Z son discours politique et accepter ce que le Fath avait accepté par le passé : la reconnaissance de l'Etat hébreu et tous les accords signés. Si Hamas s'incline et laisse tomber ses constantes, il sera face à deux éventualités après avoir perdu sa crédibilité. La première, c'est la patience des leaders de l'Autorité encore quatre ans de sa présence au Parlement avec tout ce que comporte ce délai comme profits pour entacher l'image du mouvement islamique qui a cédé sur ses principes contre le fait de rester au pouvoir. La deuxième éventualité consiste à exploiter les contradictions existantes entre les courants du Hamas ainsi que l'embargo international pour appeler à organiser de nouvelles élections.
Ces dernières pourraient garantir alors une quelconque victoire qui permettra au Fath un retour honorable. Plus particulièrement après le resserrement de ses rangs. Là, les Fathaouis misent sur la réconciliation avec Farouk Kaddoumi. Néanmoins, faut-il ne pas oublier que ce dernier représentait le dernier carré de feu Arafat. De ce fait, il ne composera jamais avec ceux qui ont comploté contre lui. Ce qui rendra la tâche de Abbas difficile. D'autant qu'Abou Allotf n'est prêt, à aucun moment, à s'éloigner de la Syrie et même de l'Iran qui l'avaient soutenu dans les moments difficiles où Mahmoud Abbas voulait l'écarter des Affaires étrangères. Les rumeurs de caractère politique et financier qui ont accompagné le rapprochement entre les deux hommes restent toujours à vérifier.
Les méfiances
de Hamas
Ces données auxquelles s'ajoutent les acrobaties du «Fath l'élastique» qui tente de renaître de ses cendres à travers le document des prisonniers, rendent les dirigeants du Hamas de plus en plus méfiants. Ils ne se contentent pas apparemment de rejeter d'une manière unie le référendum populaire que Abbas compte organiser au cas où le mouvement islamique n'accepte pas le document tel qu'il est, mais ils vont plus loin dans leur détermination à refuser, pour l'instant, la «légitimité arabe et internationale». Ils s'attachent ainsi à leurs principes et à leur programme. Et, par là, ne tomberont pas dans le piège qui leur avait été tendu par Fath. Ils reviennent à la charge en rappelant la «I» proposée par leur chef spirituel Cheikh Ahmed Yassine, tué à la sortie de la mosquée par l'aviation israélienne. C'est le maximum que Hamas pourra accorder sur le plan politique.
Les démonstrations de force en cours de préparation par le Fath, telles que la formation d'une force de 2500 personnes en Cisjordanie ainsi que la mobilisation de tous les cadres et partisans pour perturber les initiatives du gouvernement sur le terrain, ne semblent guère intimider le Hamas. Répondant à une question posée par La Gazette du Maroc sur la réaction du mouvement envers ce comportement de défi du Fath, le membre du bureau politique, Khaled Machâal, affirme que «l'objectif des Américains, des Israéliens et de leurs alliés palestiniens ne sera jamais atteint. La guerre civile n'aura pas la chance de voir le jour chez un peuple qui sait parfaitement qui est son véritable ennemi».
En dépit de ces déclarations, Hamas, tout comme le Fath, est en train de rassembler ses cartes. Il mobilise ses effectifs, poursuit son plan d'enracinement au sein de l'administration, renforce ses réseaux dans tous les domaines.
Et, le plus important, fait un grand forcing pour payer les salaires. Ce qui retirera la carte la plus significative des mains du Fath. Si la distribution annoncée des salaires réussit comme prévu et si le Hamas surprend la population en débloquant le reste, le Fath sera alors coincé. Ce que les dirigeants de ce mouvement ne peuvent admettre. De ce fait, ils seront prêts à tout pour ne pas perdre définitivement la face.
C'est pour cette raison que le jeu de rassemblement des cartes est dangereux et trop risqué.


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