Campagne des législatives- Phase II Techniquement, la fraude est muselée. Mais, bien entendu, l'inconnue reste la bonne volonté et le comportement loyal des concurrents en lice et des agents d'autorité locaux. La présentation à la presse, le lundi 2 septembre, de la substance de la 2ème tranche de la campagne de communication et de publicité relative au scrutin du 27 courant, pilotée par le ministère de l'Intérieur, relève le défi de la transparence et de la mobilisation éducative visant la plus large participation possible des citoyens. Le compte à rebours de la démocratie sonne-t-il enfin? Face aux déclarations rassurantes des responsables s'oppose un scepticisme manifeste touchant d'importantes franges de citoyens, notamment la jeunesse. Les séquelles qui ont entaché les précédentes consultations votatives sont encore vivaces dans les esprits. La force de l'exemple tarde à se manifester chez les protagonistes en première ligne, toutes tendances politiques confondues. La participation à terme de la gauche dans le premier gouvernement d'alternance, qui a consommé une législature complète, n'a pas été en mesure de décliner un bilan économique et social ne souffrant d'aucune contestation. Autant dire que la seule volonté de vouloir des urnes transparences ne suffit pas pour générer les résultats escomptés. Dans ce climat d'incertitude et d'interrogations, le département de Driss Jettou s'est résolu à prendre le taureau par les cornes en menant, de front et au grand jour, une campagne d'information et de sensibilisation pour réussir le challenge le plus redoutable de toute l'histoire politique contemporaine du royaume: un scrutin national libre, transparent et honnête. Unique dans les annales consultatives du royaume: le ministère de l'Intérieur, sous la houlette d'un duo de choc, chevronné à toute épreuve, Jettou et Brahimi, conduit une campagne de communication en incitant le corps électoral à la lutte contre la fraude sous toutes ses formes. Un processus électoral qui est aussi placé sous haute surveillance des nouvelles technologies pour garantir la célérité et la fiabilité des résultats. L'équipe de pilotage, en faisant cap sur les autoroutes de l'information a montré, ce faisant, son art consommé de la modernisation et de l'innovation. Ah, qu'elle semble déjà loin cette époque où le «serpent de mer» était accusé de tous les trafics et de toutes les connivences. Jettou l'a bien souligné dans son allocution introductive, lui qui appelle à «l'effort de mobilisation et de participation des citoyens dans le respect de la compétition loyale, des idées et des programmes et des valeurs démocratiques». Pour sa part, Mohamed Brahimi, gouverneur-directeur général des collectivités locales, a particulièrement appuyé sur l'importance de l'implication consciente et responsable du citoyen dans l'exercice de son droit électoral, un devoir national, et sur la «gravité de l'acte votatif» dont l'impact sur les institutions démocratiques est déterminant. «Chaque vote peut faire la différence», a-t-il préconisé et «l'Etat sera volontairement agressif dans la lutte et la répression de la fraude sous toutes ses formes». Seront ainsi farouchement traqués tous les maux de la falsification qui a longtemps dénaturé et défiguré la carte politique et le fonctionnement des institutions. Rappelons que la première phase de la campagne communicationnelle, lancée le 28 mai dernier, servait deux objectifs principaux: la révision exceptionnelle des listes électorales qui a permis de récupérer 1,5 million de nouveaux inscrits, et la généralisation de la CIN qui a atteint une cadence de 8200 cartes/jour contre le rythme normal de 2000 unités. Les enjeux de la 2ème phase se cristallisent autour de l'impératif majeur et prioritaire d'assurer la plus large participation des citoyens au corps électoral et de mener des actions de conscientisation et de sensibilisation auprès des populations cibles, notamment dans les zones rurales et enclavées. Le Back plan décliné par Brahimi vise à éroder le périmètre des désaffections sociales, susciter l'éveil et la prise de conscience, rassurer sur le sérieux et la transparence de la consultation et, surtout, crédibiliser le processus électoral et démocratique engagé dans le royaume. Sous le slogan mobilisateur et fédérateur: «Tous pour la transparence, la sincérité et la crédibilité des élections législatives 2002». Des messages chocs La campagne de communication et de publicité façonnée et conduite par l'Agence KLEM, offre au grand public des messages simples et évocateurs, parfois choquants à travers les spots génériques audiovisuels et la presse écrite. Exemples de messages: «tous pour la moralisation du processus électoral», «choisir et bien choisir, à l'abri de toute influence», «voter en son âme et conscience», «la voix de chacun compte», «ne pas laisser à d'autres le soin de décider pour soi», «le vote, moyen d'expression populaire», «le vote de chacun et de tous pour construire l'avenir»… La pédagogie et les langages utilisés dans la campagne tiennent compte de l'accessibilité à toutes les catégories de populations pour en toucher et mobiliser le plus grand nombre. Sachant que sur un corps électoral évalué à plus de 14 millions de citoyens, 49% sont des femmes, plus de 60% n'ont aucune instruction et près de la moitié sont sans emploi. De son côté, B. Boufous, directeur des Walis, a présenté l'impressionnant dispositif organisationnel et logistique décidé pour le déroulement sans faille du scrutin du 27 septembre. Tous les Walis et gouverneurs sont régulièrement sollicités dans la mise à niveau de l'administration territoriale et le timing arrêté inclut le dépôt des candidatures du 6 au 13 septembre et la campagne électorale du 14 au 26 courant. Déroulement du scrutin du vendredi 27 septembre, de 8h à 19h, dans 37.517 bureaux de vote (+12%) dotés chacun de trois isoloirs et mobilisant à pied-d'œuvre 300.000 personnes. Distribution de plus de 100.000 exemplaires de textes réglementaires, diffusion de plus de 100.000 circulaires, mise à disposition de plus de 60.000 registres électoraux et autant de fiches d'information sur les candidats, 4 millions de formulaires de PV dans les bureaux de vote locaux et 300.000 unités dans les bureaux communaux de coordination, affectation de 86.500 urnes transparentes, 555.000 boîtes à encre indélibile et 600.000 stylos. Finalisation des bulletins uniques de vote et des listes électorales d'où ont été exfiltrés 114.000 noms dont 87% pour double inscription. Brahimi est revenu à la charge pour exposer la gestion, le suivi, le contrôle et la proclamation des résultats de l'opération votative par les systèmes des nouvelles technologies d'information. Une architecture décentralisée du réseau en étoile comprenant plus de 300 postes de travail reliant les sites centraux et régionaux. Les atouts performants du système mis en place garantissent la régénération automatisée des systèmes défectueux, des applications bilingues (arabe-français) et la réplication de toutes les opérations locales sur les serveurs centraux. Pour la proclamation des résultats en ligne, ce système assure la validation par les commissions préfectorales et provinciales, la réplication automatique régionale et centrale, l'agrégation instantanée au niveau de la région et la consolidation en ligne des résultats au niveau central. Clôturant le point de presse, Driss Jettou tenu à lever toute équivoque ou désinformation en affirmant que la campagne de lutte contre la violence extrémiste n'a rien à voir avec les élections.