Après plusieurs mois, le CORCAS a remis au Roi sa proposition. Elle tient compte des demandes des partis et propose une autonomie très élargie pour les provinces du sud. Le Conseil Royal Consultatif des Affaires sahariennes (CORCAS) a finalement rendu sa copie. Nommés par le souverain, les membres de ce conseil devaient se pencher sur la question de l'autonomie des provinces du sud et proposer au Roi une feuille de route pour sortir de la crise. Dès sa nomination, son président, Khalihana Ould Rachid, s'est engagé à ouvrir le débat avec toutes les parties afin de trouver un consensus. Au fil des mois, certains membres on remis en cause l'approche de leur président. À leur tête Houssin Beida, président de la commission des droits de l'homme du CORCAS, a publiquement critiqué Ould Rachid. Ce groupe de contestataires regrette que le présidant ne les consulte pas. C'est dans ce climat houleux que s'est réuni le conseil, le 4 décembre dernier. Pendant plusieurs heures, ses membres n'ont pas pu se mettre d'accord pour entamer les discussions concernant le projet d'autonomie qui a été remis au souverain. Il a fallu l'intervention de Yassine Mansour, directeur général de la DGED et de Cherki Draïs, directeur général de la sûreté nationale pour finalement trouver une issue à la crise. Dès lors, Khalihana Ould Rachid, a présenté le projet d'autonomie qui a été approuvé par les membres du CORCAS. Deux jours plus tard, une conférence de presse a été organisée pour expliquer la proposition marocaine. Trois points essentiels ont été soulevés par le président du CORCAS. D'abord, ce projet met en avant la souveraineté marocaine sur les provinces du sud, le respect des principes internationaux en matière d'autonomie et la garantie de tous les droits aux Sahraouis afin de gérer cette région. Mais le Maroc refusera de négocier toute autre concession. Les officiels marocains devront soumettre ce plan au Polisario ainsi qu'à la communauté internationale. Soutenu par la France et l'Espagne, le Maroc espère que les dirigeants du Polisario fassent un pas en avant et acceptent de rejoindre cette dynamique. Dans le cas contraire, l'affaire du Sahara risque de se compliquer davantage. Quoi qu'il en soit, le Maroc a gagné des points et a démontré sa bonne volonté. Mais malheureusement, le régime algérien reste inflexible et refuse toute initiative marocaine. Gouvernements local et central Le projet d'autonomie devra également établir le système fiscal ainsi que la répartition des recettes entre les gouvernements local et central. Concernant le corps de la justice, les jugements seront prononcés au non du Roi et les juges qui opèreront dans les provinces du sud seront formés à l'institut supérieur de la magistrature. Un parlement local ainsi qu'un gouvernement seront élus par les Sahraouis qui leur permettront de statuer sur toutes les questions sociales, économiques et politiques. Cependant, la région qui sera mise sous tutelle est celle qui a été reconnue par la communauté internationale et l'ONU comme étant une zone de conflits . En d'autres termes, elle ne comporte pas les provinces de Goulimim et celle de Tantan. Ces deux provinces dépendront directement de Rabat. Si le souverain entérine ce projet, il sera mis à la disposition de toutes les parties (le Polisario, Algérie, Maroc, Mauritanie et l'Espagne) avant d'être discuté par l'ONU. Les autorités marocaines comptent faire adhérer les Sahraouis à ce projet. Le souverain avait consulté tous les partis. C'est lors du discours du 6 novembre 2005 que le souverain a demandé aux partis politiques de réagir concernant la dernière proposition marocaine faite à l'ONU, dans l'affaire du Sahara. Les formations politiques ont évalué le plan présenté par le Maroc. Ce plan précise que les autorités marocaines seraient prêtes à instaurer une autonomie très élargie dans les provinces du sud. La feuille de route C'est sous l'impulsion américaine que le souverain a fait appel aux formations politiques. L'objectif : proposer une feuille de route admise par toutes les tendances du pays. Une sorte de consensus national qui permettra au pouvoir de faire plus de concessions aux séparatistes. Dès cette annonce, les grandes formations se sont penchées sur le dossier. D'autant plus que c'est la première fois, dans l'histoire du pays, que la monarchie demande l'avis des politiques dans le dossier du Sahara. Le défunt roi, Hassan II, interdisait catégoriquement aux politiques d'intervenir dans cette affaire. Aujourd'hui, les directions des partis ont remis des propositions concrètes. Les premiers à s'illustrer ne sont autres que les socialistes de l'USFP. Le premier secrétaire du parti, Mohamed El Yazghi, a été très clair à ce sujet. Dans une interview El Yazghi avait précisé que toute proposition d'autonomie doit être soumise à un référendum national avant sa mise en application. Après cette sortie médiatique les autres grandes formations avaient appuyé l'approche du souverain. Le CORCAS a d'ailleurs tenu compte des remarques et propositions des partis. À Washington, on parle du bout des lèvres d'un «United Kingdom of Morocco», une sorte de «royaume fédéral» hybride qui s'inspirerait en même temps du modèle espagnol et de celui qui a prévalu au Royaume-Uni pour le cas emblématique de l'Ecosse. Pour soutenir la proposition marocaine, le souverain compte aussi sur l'appui de plusieurs pays africains, et d'amorcer ainsi son retour en souplesse dans le cénacle de l'Union Africaine, dont il est cruellement absent depuis des années. Une vision payante qui pourrait permettre une issue à la crise du Sahara.