L'auteur de Bab El Oued, entre autres succès, est au Maroc depuis le début juin pour tourner un film pour Arte, intitulé «Tamanrasset». Une chronique sur fond d'immigration clandestine, avec une touche toute particulière qui porte le cachet Allaouche. Commencé le 11 juin dans la région d'Erfoud, le tournage se poursuit jusqu'au 9 juillet 2007. erzouga durant un mois, de juin à juillet, pour finaliser le projet d'un film à thème sur l'immigration clandestine, la perdition des uns, le désespoir des autres, et les horizons bouchés. Produit par Studio International pour la chaîne franco allemande Arte «Tamanrasset», met un peu les pendules à l'heure de cette horloge humaine détraquée où l'espoir devient un vain mot. Pour le réalisateur algérien, Merzak Allouache, ancien étudiant à l'IDHEC (la Fémis), déjà lauréat de neuf prix et deux nominations pour son œuvre cinématographique dont le fameux «Chou chou» avec Gad El Maleh, c'est une aventure nouvelle où il met son expérience au service d'un sujet brûlant autant que ce désert que les âmes perdues doivent traverser, chacun sa croix rivée aux épaules, pour atteindre le bout de la mort. Paradis et enfer Le synopsis est très simple, et toute la force de ce travail émane de cette simplicité du thème. Mais le traitement qui lui est réservé est tout autre. De quoi s'agit-il dans «Tamanrasset» ? D'une équipe de production publicitaire, qui pose pied dans le Sahara algérien pour réaliser un reportage photos pour une nouvelle marque d'esquimaux glacés. Quoi de plus banal : un staff, du rêve, de la fraîcheur des glaces à goûter sous le soleil tuant du désert. Déjà le réalisateur pose son décor : cadre paradisiaque qui va très vite trancher avec l'enfer des autres. Nous avons Philippe, le photographe vedette, qui a subjugué les milieux de la mode et de la publicité, Anouk, Vanessa et Mylène, trois jeunes mannequins, qui incarnent le rêve et la volupté, la vie facile, la quête du plaisir et du désir. Et tout ce beau monde est accompagné par le petit staff artistique que dirige Isabelle la chargée de production. Le crew s'installe dans un hôtel à Tamanrasset après avoir été accueilli par Mahmoud qui dirige un Tour Opérator de la région. Jusque là tout va bien sous le soleil de Dieu. Le Hoggar fait son entrée en scène et l'équipe doit y faire ses débuts, mais le rêve se brise, quand surgit le drame des clandestins africains qui traversent la frontière en provenance du Mali, avec l'espoir de gagner l'Europe. Futilité du tournage, des Ice Cream qui fondent sous le soleil et ces vies d'humains perdus dans la fournaise et qui n'ont plus le moindre repère. Deux mondes se rencontrent, deux visions de l'avenir, deux luttes face à l'essentiel. Philippe décide d'arrêter le reportage et commence à s'intéresser aux clandestins africains victimes des passeurs, qui rôdent dans la ville et sont même hébergés secrètement dans les caves de l'hôtel. Minorités mondialisées Quand on connaît le cinéma de Merzak Allouache, on sait quel intérêt son travail a toujours eu pour les minorités. À la fois réflexion sur les disparités entre le Nord et le Sud, ce film se positionne aussi comme une vision de l'intérieur. Allouache connaissant très bien son sujet, appartenant à cette Afrique du Nord, lieu de passage de tous les candidats aux chimères, le réalisateur sait aussi que l'urgence voudrait que l'on se penche sur la clandestinité sans filtre, sans loupe grossissante ni compromis. Face à la mort de milliers d'immigrés, le but est d'attirer aussi l'attention du monde entier sur l'ampleur du problème qui n'est pas une simple chronique sur les ondes de quelques chaînes de télévision qui diffusent des images de cadavres, sans donner de suite à la catastrophe humaine qui se joue devant nos yeux. Merzak Allouache a toujours su, même en tournant les situations en dérision, toucher le fond des problématiques humaines que ce soit l'intégration, l'identité ou aujourd'hui le rêve d'une vie meilleure, ailleurs, dans cette Europe lointaine, qui ferme les portes et fait le constat des dégâts, sans apporter les solutions qu'il faut. Filmographie de Merzak Allouache 1. Bab el web (2005) 2. Chouchou (2003) 3. Autre monde, L' (2001) ... aka The Other World (USA: literal English title) 4. À bicyclette (2001) (TV) 5. «Pepe Carvalho» (1 episode, 1999) - La solitude du manager (1999) TV Episode 6. Alger-Beyrouth: Pour mémoire (1998) (TV) ... aka Algiers-Beirut: A Souvenir (USA) 7. @mour est à réinventer, dix histoires d'amours au temps du sida, L'(1996) (segment «Dans la décapotable») ... aka @mour est à réinventer, L' (France: short title) ... aka Love Reinvented (USA: DVD title) 8. Salut cousin! (1996) ... aka Hey Cousin! 9. Dans la décapotable (1996) 10. Lumière et compagnie (1995) (segment «Merzak Allouache/Aubervilliers») ... aka Lumière and Company (International: English title) ... aka Lumiere y compañía (Spain) 11. Bab El-Oued City (1994) 12. Après-Octobre, L' (1989) 13. Un amour à Paris (1987) ... aka Marie d'Alger Ali de Clichy (France) 14. Homme qui regardait les fenêtres, L' (1986) 15. Mughamarat batal (1979) ... aka Aventures d'un héros, Les (Algeria: French title) 16. Omar Gatlato (1976)