Les médias sont pour la politique ce que la voix et le son sont pour un prêcheur: le moyen de conquérir les fidèles et faire basculer les indécis, d'où l'influence importante des medias sur les élections. Par cette période pré-électorale, la question n'est pas sans intérêt: quelle stratégie pour quel débat ? Le coup de sifflet n'est pas encore donné. L'ambiance de campagne n'en est pas moins là ! Déjà, les partis politiques partent à la conquête de l'électorat. «C'est un exercice de préparation», dira le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdellah, lors de l'émission Hiwar, sur la première chaîne, mardi dernier. En fait, on est en pleine période de pré-campagne électorale qui a débuté depuis le 13 juin et qui durera jusqu'au 25 août. Les émissions, sur les deux chaînes publiques, la RTM et 2M se répètent et ne se ressemblent pas. Les personnalités politiques, de même. Taoufiq Hjira, Salaheddine Mezouar, Fathallah Oualalou, Nabil Benabdellah, les formations politiques de l'Istiqlal au RNI en passant par l'USFP et le PPS tentent de séduire, en joignant l'utile à l'agréable. Le jeu vaut la chandelle. Mais la démocratie ne fait pas l'économie de la télégénie. On choisit déjà ses meilleurs dirigeants, ceux qui «passent bien» pour donner une image publique télégénique. Pour l'instant, les décideurs ne souhaitent pas entrer dans un débat public avec les autres leaders. Le temps d'antenne, pour l'heure, est un outil jalousement défendu. «On est encore en temps pré-électoral», vous dira cet expert media battant pavillon pour le PI. Ce calme est pourtant trompeur: une guerre des médias, comme celle du feu pour les hommes d'antan, a bien eu lieu. Moyens efficaces Moyen efficace pour éclairer la lanterne des électeurs, mais aussi et surtout pour les charmer, les medias sont impérativement sujets-objets de tractations et négociations de pouvoir. A priori, libres et objectifs, équitablement réglementés. Leur rôle le plus important, est d'être les gardiens de la démocratie. D'où le débat sur les propositions de quotas en période électorale: 40 % aux partis qui occupent actuellement 90 % des sièges au Parlement, 30 % aux partis qui représentent moins de 10 %, et 30 % aux partis nouvellement créés. La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), qui a été derrière ces propositions, a dû se rabattre sur les mêmes quotas pour les élections législatives de septembre, que ceux utilisés en période non électorale. «Les partis et les syndicats devraient et doivent bénéficier d'une égalité d'accès aux journaux télévisés et aux autres émissions de débats, en dehors de toute partialité ou exclusion», s'est-on contenté de commenter du côté du département de la Communication. «Signe des temps», avons-nous titré à LGM du 18 juin 2007 : ce n'est guère l'opposition qui s'en prend aux décisions de la HACA, mais c'est bel et bien la majorité qui est en colère. L'UMP de Mohand Laenser, l'USFP de Mohamed Elyazghi, entre autres partis aux commandes, ont déjà fait savoir, aussi bien par voie officielle que via leur organe de presse, qu'ils étaient en colère. Pomme de discorde ? «Les partis politiques qui représentent 90% du Parlement, c'est-à-dire le MP, l'USFP, l'Istiqlal, le PPS, le PJD, l'UC et le PND se voient octroyer, par la seule volonté des gardiens des médias audiovisuels du service public, 40% du temps d'antenne, aussi bien en campagne électorale que pré-électorale. Tandis que les partis restants, c'est-à-dire ceux qui représentent moins de 10% au Parlement ainsi que toutes les formations politiques nouvellement créées, se partagent 60% du temps d'antenne». C'est ce que nous avons pu lire sur les colonnes de Libération, l'organe de l'USFP et dont le directeur n'est autre que Mohamed Elyazghi en personne. Conclusion de LGM : Tout conflit entre pouvoirs, est un pouvoir pour la démocratie! Maintenant? Les chaînes publiques essaient de suivre le mouvement. Reste l'audimat. Le personnel politique, paraît-il naviguerait à vue et à ouïe ? Seulement. Impossible donc de mesurer l'impact en audiométrie.