Grève générale. Au-delà du taux de débrayage insignifiant, la grève générale décrétée, pour le mercredi 21 dernier a déjà fait des solitaires : Amaoui, le bouillonnant chef de la CDT. Alliée de toujours, l'UGTM, dépendante du PI, n'a pas trouvé les mots assez durs pour le descendre. Les islamistes, eux participent mais n'assument guère L'UGTM, la centrale syndicale inféodée au parti du Premier ministre a lancé la contre-offensive : son bureau exécutif a rendu public un brûlot où Noubir Amaoui et ses lieutenants sont traités de tous les mots. Chacun selon son grade. Tout y passe : opportunistes en mal de sensation, pseudo révolutionnaires anachroniques, voire hérétiques. En fait, au-delà de la rhétorique pamphlétaire, une rupture vient d'être consumée. Longtemps compagnons d'armes, la Cdt et l'UGTM signent de la sorte la fin de leur idylle qui a donné du fil à retordre aux gouvernements successifs depuis les années 90 ! On n'en est pas encore au «mouvement anti-grévistes» , mais le ton est déjà donné. Furieux contre leurs amis d'hier, les ugtmistes leur reprochent de «hurler avec les loups et planifier la chute du gouvernement». Cavalier seul Sur ce registre, faut-il le signaler, Amaoui a décroché la palme d'or. Aucun syndicat, en effet, n'a jugé utile de le suivre dans son épopée contre le gouvernement Abass El Fassi. En choisissant de faire cavalier seul, Amaoui a-t-il choisi la solitude «contestataire» gratuite ? Loin s'en faut !» Le patron de la CDT n'est pas seulement animé par la nostalgie et les beaux jours de la contestation, explique un membre de la direction. Mais il compte brouiller trop de cartes, y compris syndicales». A titre d'exemple :» il rappelle à ses frères ennemis de la FDT, issue d'une scission Au sein de la Cdt, que le dernier mot lui revient», note notre source. La Fédé, a effectivement joué la carte de la coordination syndicale, qui a ameuté pas moins de quatre syndicats, et gagné du terrain. Inadmissible, pour le mastodonte de Derb Omar. Encore faut-il qu'il puisse se passer de tous les acteurs sociaux sur place. Ou chercher un autre «partenariat» social. Selon toute vraisemblance, il l'aurait trouvé chez les islamistes de Yassine. Ceux là même qui ont essuyé il y a moins de deux ans, un revers mystico politique fatal. Mirage Depuis, les têtes pensantes de la Jamaâ cherchent une sortie par le… bas. Terre à terre ! Faire d'une pierre deux coups : faire oublier le désenchantement à des disciples en perte de vitesse, et ensuite marquer une présence qui fera date. Un modèle présent dans les esprits : L'UNION des étudiants, la fameuse UNEM. L'activisme aidant, les étudiants adlis ont pu profiter de la longue bérézina de la gauche pour faire l'Opa sur le syndicat des étudiants.». Amaoui, obnubilé par son ego, explique un syndicaliste» prête le flan à l'intégrisme syndical». Bien que les chefs politiques de la Jamaâ et que ses prêtres du verbe ne voient pas d'un mauvais œil la mobilisation de leurs troupes. «La vision 2008, note l'un d'eux, c'est le terrain». Noubir Amaoui, lui tablait sur un bras de fer en sa faveur: après un dialogue social, critiqué de toute part , il «comptait sur la chance pour que Abbas El Fassi lâche du lest», analyse ce syndicaliste rival. Et d'ajouter : «ce poker menteur n'a pas payé». Ayant pris l'initiative d'arrêter le plafond des augmentations possibles, le gouvernement a clairement signifié à ses partenaires sociaux ce qu'il juge possible». Autrement, les contraintes mondiales et le cours du pétrole rétrécissent, inéluctablement et drastiquement la marge de manœuvre de l'exécutif. S'y ajoute également, le calcul politique : « aucun gouvernement ne commettra l'imprudence de donner à une centrale des points pour se mettre toutes les autres sur le dos» !