C'est une fin d'année bien contrastée que connaissent les relations diplomatiques du Maroc avec ses voisins. Au Nord, la commission mixte Maroco-Espagnole a débouché sur des résultats tangibles, concernant divers domaines d'intervention. L'Espagne accorde au Maroc une aide de 520 millions d'euros sur deux ans, mais ce n'est pas le plus important. La coopération à tous les niveaux avance correctement, entre deux Etats souverains qui défendent chacun ses intérêts bien compris. Pourtant le différend sur Sebta et Méllilia est toujours vivace, et la délégation Marocaine a refusé la présence de représentants de ces deux villes dans la délégation ibérique, que ce soit dans les contacts professionnels de la CGEM ou dans les pourparlers officiels de la commission mixte. A l'Est, les choses empirent. L'Algérie refuse la main tendue Marocaine, alors que Rabat avait pris la précaution de préciser que l'ouverture des frontières, la normalisation, ne préjugeait en rien de l'action de tout un chacun, sur le dossier du Sahara, dans les instances de l'ONU. Alger a monté d'un cran sa propagande. Elle accuse aujourd'hui le Maroc, «Etat occupant» de crimes d'Etat, quand il ne s'agit que d'un banal accident, de pillage des ressources au Sahara, alors que ces ressources n'existent pas et que l'effort fourni par le Maroc dans ses provinces du Sud est reconnu par tous. Alger tient absolument à empoisonner les rapports entre les deux pays. Où est la différence ? Elle est dans la rationalité. L'Espagne sait que malgré les divergences, parfois profondes, malgré les questions en suspens, la géographie nous commande une entente minimale. Les intérêts bien compris de l'Espagne sont dans une coopération sécuritaire sur les questions du terrorisme et de la drogue, dans la gestion des flux migratoires, économique parce que le Maroc offre des potentialités dont la croissance ibérique a fortement besoin en ces temps de crise. Entre Rabat et Madrid, ce n'est pas une passion amoureuse ni une passion tout court. Ce sont des relations basées sur des intérêts, c'est la rationalité qui prime, ce qui balise la voie des négociations, souvent ardues par ailleurs. L'union du Maghreb est une nécessité pour le développement de toute la région et donc au profit de ses peuples. L'Algérie la bloque depuis trente ans. L'ouverture des frontières coûte, au bas mot, deux points de PIB aux deux pays, l'Algérie n'en a cure. Alger, malgré la rente des hydrocarbures, a de gros problèmes à satisfaire les besoins de ses populations. Son attitude est irrationnelle, elle ne sert que la nomenklatura au pouvoir. On ne peut rien faire d'autre que d'espérer qu'un jour, la rationalité l'emportera. n