Omar Bahraoui, tête de liste M.P à l'arrondissement de Youssoufia Omar Bahraoui est président de la Communauté urbaine de Rabat. Il se représente au nom du Mouvement populaire, à la tête de la liste de l'arrondissement de Youssoufia dont il est le président sortant. Il fait partie de ceux qui ont consacré leur vie à leur pays. Modeste, consciencieux, intransigeant, aimable, très serviable et disponible, Omar Bahraoui entre dans l'arène des élections pour la mairie de Rabat avec un atout de poids : l'amour du peuple qui le connaît et admire son dévouement pour sa ville. Nous avions beaucoup lu sur le bonhomme. Nous avions vu ses photos. Ce sourire constant et cette bonhomie déclarée avaient attiré notre attention. Un visage doux, de ceux qui respirent la bonté, le calme et surtout une grande confiance dans ces atouts. Mais les impressions de loin sont une chose, connaître le bonhomme, le toucher, lui parler, l'écouter raconter avec une simplicité et une modestie désarmantes le long et glorieux parcours d'une vie, c'est autre chose. Omar est un homme simple. Très modeste. Rien en lui ne respire l'arrogance qui est toujours liée au pouvoir ou à un poste important. Un langage des plus précis sans fioritures ni ostentation. Il ne cherche pas à vous en mettre plein la vue. Il le peut vu son cursus et les différentes places et responsabilités qu'il a eues, mais il ne le fera pas. Ce n'est pas dans sa nature. Pourtant il a été à l'Office des changes, l'Office des pêches, il a assisté la commission des investissements maritimes en 1974. Il touchera au tourisme, à l'industrie, aux mines, avant d'occuper le poste de directeur des prix, président de la commission de la fixation des prix, président du conseil de la productivité et de la normalisation. Il sera ensuite directeur du plan et tant d'autres choses. Il se présentera aux élections communales où il fait sa grande entrée en 1993. Depuis il est devenu président de la commune de Youssoufia et président de la Communauté urbaine de Rabat. Ceci sans oublier toute une carrière internationale où Bahraoui siège dans plusieurs commissions, associations… Une notoriété méritée Pourtant, il a gardé la tête froide de ceux qui rendent grâce à la vie et témoignent de beaucoup de reconnaissance à ce pays et à toutes les personnes qui ont croisé son chemin et l'ont aidé à mieux rendre service à la nation. Ce qu'il a fait pour la ville de Rabat depuis qu'il préside la Communauté urbaine de la ville et de la commune de Youssoufia? Ce n'est pas lui qui va nous le dire, mais les gens, la rue, le peuple. Avant d'aller le voir, nous avons pris le soin de demander à une bonne douzaine de personnes, rencontrées au gré du chemin, qui était ce bonhomme ? Qu'est-ce qu'il a fait ? Et quelle image, on a de lui ? “Le quartier Youssoufia était un coupe-gorge. C'est grâce à lui que les choses ont changé. On a l'électricité, les rues sont goudronnées, la sécurité a pris sa place dans un périmètre où il n'y avait pas un seul policier. Non, c'est un type très bien qui reçoit tout le monde dans son bureau. Un homme gentil. Je suis sûr qu'il va gagner. J'en suis sûr”. Les mêmes propos sont repris par le chauffeur de taxi qui nous emmène dans son bureau, deux jeunes étudiants, un marchand de fruits et trois hommes âgés qui étaient là, dans le quartier. Omar, nous reçoit en jeans, en bras de chemise et en sandales. Le plus simplement du monde. Le regard franc, le sourire rivé aux lèvres et cette volonté de ceux qui veulent voir ce pays aller de l'avant. Est-il confiant ? Oui. Mais avec beaucoup de prudence, sans prétention : “il n'y a que le travail qui paie. Il n'y a que le sérieux qui dure. J'espère avoir d'autres occasions pour servir mon pays et notre Roi”. Amen. «Je n'ai pas besoin de faire campagne !» La Gazette du Maroc : où en êtes-vous dans votre campagne pour la mairie de Rabat ? Omar Bahraoui : pour moi, une campagne électorale ne commence pas le jour de la déclaration de son ouverture. Cela se prépare pendant des années. Pour moi, ma campagne est terminée. Je n'ai pas besoin de sortir dans les rues parce que les gens savent. Cela est le premier travail de fond. D'un autre côté, les gens me jugent selon les travaux que j'ai accomplis. Ils me jugent sur le terrain. Pendant quarante ans, les quartiers populaires de Rabat ont été marginalisés, ils n'ont pas eu beaucoup d'investissements. Ni infrastructure ni supra structure. Depuis six ans, les choses ont complètement changé ici. Youssoufia a été une ville de boue et de poussière, maintenant tout est carrelé, bétonné, goudronné. L'éclairage qui n'existait pas est là, même dans les petites ruelles. Nous avons aussi assuré la sécurité dans le quartier. Pour 250.000 habitants, il n'y avait pas un seul policier. Grâce à l'aide de la Sûreté nationale, nous avons veillé à ce que les citoyens se sentent en sécurité… et tant d'autres choses. J'ai tenu à exécuter toutes les promesses que j'avais faites aux gens avant mon élection. C'est ce qui me donne aujourd'hui cette force contrairement à ceux qui descendant à la dernière minute pour faire des promesses. Que pensez-vous du scrutin de liste ? Disons que la première étape, grâce au système des listes, permettra à tous ceux qui ont fait une bonne campagne de passer. Et c'est là le revers de la médaille parce que les listes ne permettent pas d'avoir une vision cohérente de l'ensemble des élections. Cela permet aux petits partis de passer quand même. Vous pouvez avoir un grand parti, quelle que soit sa force et qui n'aura pas la majorité. Il sera obligé de céder des sièges à d'autres petits partis. Mais ce sont ceux qui ont déjà travaillé, balisé le terrain, défriché, qui récolteront les fruits de leur travail. Quelle est votre lecture de cette nouvelle charte communale ? Je pense que la Charte communale a été faite précipitamment. On a voulu la sortir très vite. Ce n'est pas parfait, mais c'est déjà pas mal, c'est un début. Cela permettra d'améliorer les choses. Il y a quelques erreurs qui pourront être rattrapées par la suite. Mais disons que la principale innovation reste cette sérénité que l'on va donner au président qui était menacé à tout moment. Il y a aussi le conseil de la ville. Pour moi, il est un peu prématuré. Déjà avec le conseil de la ville qui existait dans les années 60, on ne s'intéressait qu'au centre de la ville et le périphérique était ignoré. C'est normal, un homme qui gère toute la ville pense d'abord aux grandes voies, aux ponts, à l'élargissement des artères, mais oublie le reste. Mais, j'ai peur qu'avec le conseil de la ville, nous commencerons encore une fois à nous éloigner des quartiers défavorisés, de la proximité. Et la mairie ? Le point fort, c'est que le maire regroupe l'ensemble des recettes dans le même budget alors qu'avant il n'en avait qu'une partie. Le défaut de l'ancien système c'est qu'on pouvait avoir côte-à-côte une commune très riche et une commune très pauvre. Avec le conseil de la ville, les choses changent. On va avoir le même budget pour tout le monde. Encore faut-il que la majorité qui va exercer le pouvoir au sein de la ville puisse ne pas oublier les quartiers de la périphérie. Une mairie, c'est donc l'unité de la ville. C'est une seule voix qui va fédérer les différentes sensibilités pour gérer l'ensemble de la ville. C'est une centralisation des décisions, des recettes, des dépenses… Quels sont vos projets pour ce Grand Rabat ? Mon rêve est d'être d'abord dans les orientations de Sa Majesté qui a une vision extraordinaire pour la ville avec de très grands projets qui dépassent tout ce que nous avions imaginé. Je voudrais exécuter, participer à ce grand chantier national. Les études sur la circulation, le transport, et tant d'autres choses sont lancées. Et les moyens seront mis en place pour y arriver. Il y aura même un métro pour la ville de Rabat. C'est un projet qui existe déjà et qui verra le jour dans les prochaines années. Le tunnel est prêt, l'espace existe, il suffira de mettre les rails et les wagons. Nous allons ouvrir de nouveaux espaces à l'urbanisme et aux loisirs. Le plateau Akreuch qui sera une petite ville et le plus grand projet reste celui de la Vallée du Bouregreg dont les études sont toutes achevées. Il y aussi le projet de la grande corniche de Rabat. Il y a aussi le volet culturel puisque Sa Majesté a donné l'ordre pour la construction de la grande bibliothèque de la ville, le projet du grand musée, des projets sportifs aussi bien pour la ville que pour les quartiers. Nous allons aussi donner à la lecture sa véritable dimension culturelle qui soit pérenne. Quels ont les points noirs de la ville de Rabat ? Comparée aux autres villes, Raabt est un paradis. C'est l'une des plus belles villes du Maroc sinon d'Afrique. Le grand point noir que nous avons réglé est la propreté. Deuxième point noir, l'habitat insalubre puisque nous avons encore des poches. Mais grâce à l'aide de Sa Majesté, nous sommes en train de résoudre ce problème. Rabat se doit aussi de se préparer pour recevoir beaucoup d'autres habitants. C'est inéluctable. Alors il faut leur garantir où habiter sinon c'est la pagaille. A ce titre, l'idée lumineuse de feu Hassan II de clôturer la ville par une ceinture verte est une grande réussite. Il faut donc protéger cette forêt et ouvrir d'autres espaces d'urbanisation un peu plus intelligemment. L'autre point noir est le manque d'exploitation et de commercialisation de la ville. C'est une belle ville qui n'est pas rentable sur le plan du tourisme. Et le potentiel est là. Mais nous n'arrivons pas à vendre notre ville. Nous avons des zones appartenant au domaine public qu'il faut donner presque gratuitement à tous ceux qui veulent investir dans le tourisme, dans les loisirs et l'industrie propre, légère. Mon rêve est de créer une petite Syllicone Valley dans la vallée du Bourgreg avec la haute technologie. Nous avons des conventions, nous avons les moyens de mettre cela en œuvre. Un dernier mot ? J'ai un message aux citoyens. Il faut qu'ils exercent leur devoir parce que c'est leur activité de tous les jours. Chez vous, vous êtes déjà dans la municipalité, dans la rue, partout, c'est votre domaine. Il faut que le citoyen sache que la municipalité lui appartient et il faut qu'il s'y intéresse. Il faut qu'il participe à la vie active de la ville et pour cela il faut qu'il aille voter. Il faut aussi que les citoyens jugent leurs élus, les sanctionnent, les priment en cas de réussite.