Les islamistes modérés du PJD n'y vont pas de main morte : tout, sauf la révision, en vue d'une éventuelle suppression des manuels de l' " éducation islamique ". Là-dessus, tolérance zero. Programmée dès le début des années 80, la discipline a connu un essor remarquable dans les campus universitaires. A tel point que des générations entières d'étudiants " des dirassates ", ont été formées dans les universités marocaines. Ce qui, au fil des ans, a constitué un véritable terreau des mouvements estudiantins islamistes, Al Adl Wal Ihsane entre autres. L'insertion de la didactique théologico-jurisprudentielle étant faite au détriment d'autres sciences humaines, la philosophie et la sociologie en particulier, elle fait souvent la cible des critiques. Sur toile de fond politique. En effet : les " dirassates " sont perçues comme étant le fruit d'une stratégie " sécuritaire ", imputée exclusivement au duo Alaoui Mdaghri, l'ancien ministre des Habous et Driss Basri, l'ancien ministre de l'Intérieur. L'objectif, aujourd'hui décrié, a été pour les pourfondeurs de cette politique, la transformation des campus en viviers des réseaux islamistes… Pire, des milliers de prêcheurs et de prosélytes ont été formés dans les universités, censées dispenser les sciences modernes. Depuis lors, les facultés sont devenues un véritable enjeu, où la politique le dispute au savoir. L'état des lieux qui a sévi deux décennies durant est en train de changer et ce, depuis l'avènement du gouvernement de l'alternance. On s'en souvient encore, Abdellah Saâf, ministre de l'Enseignement dans le gouvernement Youssoufi I, a réincorporé l'étude de la philosophie dans les annales secondaires. Il a, du moins, réhabilité le principe de l'étudier. Conséquence prévisible, sinon logique : ceci s'est fait au détriment du temps scolaire imparti à l'éducation islamique. Attajdid du 6 mai crie au " complot ". Une machination diabolique, note le quotidien proche du PJD, vise la réduction des matières de l'éducation islamique, dans le but final de les supprimer purement et simplement. Moins d'une semaine après, Attajdid revient à la charge. Non sans véhémence de parti pris, il montre du doigt une circulaire émanant du ministère de l'Enseignement à laquelle on reproche la révision, à la baisse, des séances de ladite éducation. On y lit, surtout : " la décision est un coup de force contre le discours royal et la charte de l'éducation et de la formation ". Plus, le " complot " est le prolongement " d'une œuvre initiée par des milieux pro-sionistes ", et continuée par " les résidus de gauchistes nihilistes (…), pour qui le danger réside dans l'enseignement islamique ". Le ministère, lui, est prié de faire preuve de “vigilance ", eu égard "aux dangers de ces bombes à retardement ". La bataille des manuscrits a-t-elle commencé ?