Développement de la métropole casablancaise Autant pullulent des projets en urbanisme, infrastructures de transport et communication, sociales, culturelles et sportives, autant certains acteurs semblent confondre les priorités de la mise à niveau de la métropole économique du Royaume. Une salutaire remise en ordre accompagnée d'une vigoureuse poussée décisionnelle s'avèrent primordiales pour l'avenir d'une méga-Wilaya qui vient bénéfiquement de changer de gouvernance. Le nouveau Wali de la région du Grand Casablanca, Mohamed Kabbaj, est, bien sûr, un poids lourd avec l'efficacité et le talent avec lesquels la capitale économique du Royaume devra dorénavant compter. Et le Conseiller du Souverain, qui a montré sa propension à entrer illico dans le grand bain l'a déjà fait savoir en annonçant, lors de sa première sortie depuis sa nomination, la couleur de sa " feuille de route ". L'approche du nouveau patron territorial à l'échelle de la région tranche nettement avec les traditions pratiquées jusqu'ici pour introduire dans l'action et les projets de développement la fermeté des décisions, la célérité de l'exécution et l'implication plus prompte des instances représentatives élues accoutumées à s'inscrire dans un incorrigible timing sans cesse retardé. Un exemple tout frais de cette fermeté " kabbajienne " : le nouveau Wali vient d'ordonner, sans contours ni détours, la fermeture définitive de l'aéroport de Casablanca-Anfa, prenant tout son monde à contre-pied, et en premier lieu l'ONDA qui y envisageait un projet d'aménagement d'aviation civile d'affaires. Hommage mérité à l'ancien… A vrai dire, les bases du décollage de la métropole avaient été jetées par l'ancien Wali M'Hamed Dryef qui a été rappelé à d'importantes fonctions dans l'administration centrale territoriale. D'emblée, il faut saluer l'action positive et l'abnégation exemplaire de celui qui s'est investi corps et âme pour sortir la capitale des affaires du Maroc de sa longue léthargie en y ouvrant et multipliant les initiatives mobilisant un grand nombre de projets conséquents touchant à la modernisation de tous les aspects ayant trait à la vie générale urbaine. Dryef mérite un hommage singulier et appuyé pour le rôle exceptionnel rassurant joué au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003 en apaisant les esprits et en réconfortant les familles des victimes. C'est grâce à son intelligence des situations et sa proverbiale sérénité que l'ancien Wali avait réussi à rétablir le calme chez les populations endeuillées par ces actes barbares et ce fut encore grâce à lui que la ville retrouva très vite sa vie normale et sa fébrilité quotidienne comme à l'accoutumée. Sans oublier qu'il aura été un des artisans clés dans l'organisation, le déroulement, l'encadrement et le suivi de la manifestation historique de solidarité antiterroriste menée sous le slogan " Touche pas à mon pays " à travers les artères principales de Casablanca. En outre, Dryef aura été un acteur majeur dans le déroulement transparent et régulier du premier scrutin communal de la nouvelle charte des collectivités locales instituant des communes urbaines et des arrondissements obéissant au principe de l'unité de la ville. Comme les Bidaouis lui doivent l'institution du premier festival de Casablanca qu'ils attendaient depuis des décennies et que l'ancien wali a su concrétiser. …et bon vent au nouveau C'est donc bien outillé que Mohamed Kabbaj a pris ses fonctions à la tête de la Wilaya de la région du Grand Casablanca pour s'atteler aussitôt à la rude tâche qui l'attend. Le plan d'action décliné par le nouveau Wali s'appuie sur trois vecteurs fondamentaux de développement global et intégré de la capitale économique du pays. Primo, Kabbaj compte donner un sérieux coup d'accélérateur à la promotion des investissements locaux, nationaux et étrangers orientés vers le décollage économique de la ville. Et sans perdre de temps puisqu'il a déjà réuni les instances concernées, CGEM, CRT et les promoteurs immobiliers impliqués dans cette vaste et noble mission d'intérêt général. Secundo, la feuille de route de Kabbaj cible l'extension urbanistique par la construction de trois nouvelles agglomérations à dimension urbaine sur les sites de Zenata (1925 ha), de Nouaceur (1 300 ha) et près de l'aéroport d'Anfa (376 ha). Tertio, les processus de décision seront accélérés à travers un partenariat plus pragmatique pour inciter les instances élues à sortir de leur réserve de timidité et d'atermoiements pour apporter de la célérité et de l'action au développement de la métropole. En un mot, le nouveau Wali est résolu à mettre toute la gomme pour débloquer les vieux rouages grippés et faire sauter les verrous qui retardaient l'exécution des projets et des programmes dans une ville qui a été longtemps tétanisée par ces errements qui l'avaient précipitée dans un état d'abandon et d'anarchie qui en menaçait la cohérence et l'avenir. Décidé qu'il est à ne pas se laisser intimider par aucune pression ou " rappel réglementaire " à l'ordre, Kabbaj est déterminé à foncer dans le tas et à superviser le terrain. Et ce n'est pas la " frilosité maladive " de l'agence urbaine où s'entassent, dans un attentisme inquiétant, nombre de dossiers d'urbanisme souffrant d'urgence de réalisation. Et Kabbaj l'a fait savoir, en clair et publiquement, lorsqu'il s'était enquis de ces " errements " dans l'établissement d'Imansar Faouzia en lui lançant à la figure : " ces dossiers en souffrance, où ça passe, où ça casse ! " excédé, visiblement, par les éternelles tracasseries et faux prétextes qui remettent sans cesse les projets aux calendes…marocaines. Le plus grave dans ces " tracasseries " et tergiversations ralentissant les programmes de développement, c'est que des décideurs ont inversé l'ordre des priorités en s'en prenant, par exemple, à la restructuration de certains secteurs, tout comme l'ex-Wali Benhima semblait être obsédé par la chasse aux kiosquiers et cafetiers qui débordaient dans l'occupation des espaces publics. Bref, d'après ces décideurs mal inspirés, Casablanca a besoin en priorité d'une réorganisation des domaines pourtant décisifs et hautement prioritaires. J'en citerai, dans le désordre, les transports publics urbains en véritable crise avec " l'arnaque " de dernière heure que vient de nous signer la société Mdina bus. Ce problème est si important que des membres du Conseil de la Ville ont exigé une réunion extraordinaire dans les plus brefs délais. Ou bien encore de la " mafia " des grands et petits taxis complètement livrés à l'anarchie la plus totale. Nous pouvons ajouter l'état des lieux inqualifiable des chaussées où il est risqué de s'y aventurer pendant quelques mètres sans craindre une…entorse dans le pire des cas. S'ajoutent les problèmes récurrents de signalisation et d'éclairage public qui arrangent bien les affaires des ennemis de la sécurité publique. D'autres priorités, mais vraies celles-là ? La collecte des ordures qui menace l'hygiène des populations de plusieurs quartiers " insalubres ", la réfection des infrastructures routières qui font cabosser les véhicules, les espaces verts, les jardins et parcs, bibliothèques, musées et aquarium, propreté et équipement des sites balnéaires… Ce cirque aura assez duré. Halte au massacre ! Voilà du pain sur la planche pour le nouveau Wali mais gageons que Mohamed Kabbaj, plusieurs fois ministre et Conseiller de Sa Majesté le Roi, saura remettre de l'ordre dans ce vaste…grenier qui ne ressemble pas encore à une ville franchement moderne.