Les deux principaux partis d'opposition algériens implantés en Kabylie se sont félicités d'avoir conservé le contrôle des conseils municipaux de la région berbère à l'issue du scrutin de la veille. Ces élections municipales avaient été organisées à la suite de la dissolution par le président Bouteflika des conseils élus en 2002 lors d'un scrutin entaché de violences et d'irrégularités. Le scrutin de jeudi, le premier organisé dans la seule Kabylie - qui comprend les wilayas de Tizi Ouzou, Bedjaïa et Bouira - depuis l'indépendance, visait à panser les plaies après la révolte berbère de 2001-2002, qui s'était soldée par 126 morts. Un faible taux de participation plutôt Le Front des forces socialistes (FFS), fondé par le chef "historique" de la révolution algérienne Hocine Aït Ahmed, et son principal rival local, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Saadi se sont classés respectivement premier et deuxième. Le taux de participation s'est élevé à 30%. "Nous restons la première force politique" de Kabylie, a déclaré Abderrahmane Aït Chérif, porte-parole du FFS, tout en déplorant que les bulletins de vote se ressemblaient tous, ce qui, selon lui, "posait problème aux électeurs illettrés". "Les forces démocratiques ont réussi à remporter une très difficile bataille contre la coalition" au pouvoir, a déclaré Saïd Saadi, tout en accusant les partis pro-gouvernementaux de tentatives de fraude. Le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui est arrivé quatrième, s'est félicité quant à lui du bon déroulement des opérations de vote. "Notre parti est très satisfait. Nous avons fait un bon résultat. Mais les points les plus importants pour nous ce sont la transparence et le calme qui ont présidé à ces élections", a déclaré Miloud Chorfi, porte-parole du RND. Cependant , le taux de participation aux élections était relativement bas jeudi dernier. Un boycott reconnu par la télévision algérienne. Dans le département de Tizi-Ouzou, le taux de participation à 14h était de 18,5% pour les municipales et de 17,2% pour les départementales. Pour Bejaia, la participation atteignait 21,3% pour les municipales et 19,4% pour les départementales. Ces élections, qui ont lieu dans les deux principaux départements de Kabylie concernaient 1.137.000 électeurs appelés à choisir parmi 9.871 candidats qui se disputent 1.181 sièges de conseillers municipaux et les 90 sièges des assemblées départementales. Les assemblées locales de Kabylie sont en état de vacance depuis janvier 2004, suite à leur dissolution par le gouvernement, conformément à un accord avec les responsables des Arouchs (tribus kabyles). Le Front des forces socialistes (FFS) du vieux leader politique en exil Hocine Aït Ahmed et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) du Dr Saïd Sadi, deux formations fortement représentées en Kabylie, sont donnés favoris. Mais les partis de la coalition gouvernementale (FLN, RND, MSP), avec leur statut d'outsiders, pourraient chambouler l'équilibre politique dans la région.