Les 100 qui ont fait 2005 Le 30 novembre 2005, l'Instance Equité et Réconciliation (IER), mise en place par le Souverain pour enquêter sur les violations des droits de l'homme entre 1956 et 1999, a remis son rapport final au Roi Mohammed VI. Mission accomplie, avec l'art et la manière, par l'équipe que préside Driss Benzekri. Lui-même ancien détenu politique, Driss Benzekri et son équipe ont recensé, en seulement deux ans d'activité, près de 20 000 témoignages, identifié 9 799 cas de violations, et préconisé un train de recommandations pour solder définitivement l'histoire sombre de l'ancien règne. Un travail de mémoire sur les « années de plomb », premier en son genre dans le monde arabo-musulman, qui a permis de donner la parole aux victimes «de l'arbitraire» et à leurs ayant droits. Dans cette démarche, il y a une dimension pénible pour le nouveau règne : la reconnaissance de la responsabilité étatique des souffrances endurées, les séquelles imprimées dans la chair et les esprits, la mise sous séquestre des meilleures années de toute une vie de milliers de Marocains victimes de l'ancien règne. En gros, comme dans le détail, l'IER a exorcisé les répressions terribles qui ont suivi les évènements sanglants qu'a connus le Maroc. Les tentatives de putschs militaires du 10 juillet 1971 et du 16 août 1972 non comprises, le travail effectué par Driss Benzekri et son équipe a focalisé lesprojecteurs sur les enlèvements, les disparitions, les incarcérations prolongées sans jugements dans les centres de détention secrets, les emmurements inhumains, les atteintes à l'intégrité physique et les traumatismes psychiques infligés aux prisonniers d'opinion. Décidément, l'année 2005 a été, grâce à l'IER, celle de la vérité, toute la vérité et rien que la vérité concernant les années dites de plomb.