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Sur la route
Publié dans La Gazette du Maroc le 06 - 02 - 2006


Paysages humains
Qui a vu tout se vider, sait presque de quoi tout se remplit. Parole sage s'il en est, mais entre le vide et le plein, il faut un maximum d'énergie et un minimum de sottise. Pour ce jeune homme au visage rempli de sève et d'amour, une chose est certaine, la vérité de la vie a très peu d'amis et le très peu d'amis qu'elle a, vont au suicide. Et il s'était même dit un soir après avoir visionné un beau film sur les carnets de voyage du Che, que la vérité était illusoire et que ce sont les multiples chemins qui peuvent y mener qui portent en eux la force de l'être. Et cette route entrelacée qu'il faut parcourir sans la connaître, que certains nomment la vie, tient à un fil. Et là le plus important à ne jamais mettre de côté est de savoir qu'il n'est pas fort qui me tient par un fil, fort est le fil. Alors sur la route, il s'est épris de ce fil invisible qui le rattache aux êtres, aux choses, aux désirs, aux errances, à la perdition de soi sur la crête de la douleur. Sa vie ressemble à celle d'un homme à qui l'on a ouvert une porte et quand il est entré, il a trouvé devant lui cent portes fermées. Que faire alors devant l'étendue close qui restreint l'horizon où l'homme peut laisser déployer ses ailes de phénix ? S'il en a le courage. S'il accepte de mourir souvent, pour vivre souvent. S'il se dit que ses yeux, pour avoir été ponts durant toute une vie, sont aujourd'hui abîmes. S'il se résout à l'idée que ce que nous payons de notre vie n'est jamais cher. Là, il entre de plain-pied dans l'âge cassant.
Que faire devant le fermé ? Remplir son monde de fantômes. Sinon, nous sommes condamnés à être seuls. C'est inéluctable. Autrement dit, c'est dans ces moments, où l'on sent que notre pesanteur monte des gouffres que nous habitons, que nous engageons un pas plus leste sur ce fil ténu qui sert de pont à tout funambule qui se respecte. Et tant que l'homme en nous ne se résout pas à cette idée qu'il n'est qu'un funambule, parfois enchanté, parfois angoissé, il n'est qu'une esquisse qui se plaint. Ce qu'il faut peut-être savoir, c'est que la douleur ne nous suit pas, elle va toujours devant. C'est une lanterne qui éclaire des jours en devenir. À vouloir vivre sans, on prend les allures de celui qui voulait aller tout droit ne sachant pas que du même coup, il était en passe d'abréger sa vie. Quand on réalise qu'on est le besoin que les autres ont de nous, non ce que nous sommes, là est le début de ces lointaines certitudes qui ne s'atteignent qu'à pied. Comme quand l'homme réalise qu'il est chose comique et ne rit plus. Aussi devrait-on savoir que la douleur humaine quand elle dort n'a pas de forme. Si on la réveille, elle prend la forme de qui la réveille.
Voici quelques esquisses sur le chemin du face-à-face avec soi que tout être devra vivre à intervalles irréguliers pour continuer à espérer ne pas devenir un ersatz de lui-même. Evidemment, beaucoup trop nombreux sont ceux qui préfèrent cette solution de facilité. D'autres, plus compacts, choisissent la collision des sentiments et des sens. C'est à ce moment précis de leur vie qu'ils se rendent compte, pour peu qu'ils aient du flair, que le profond, vu avec profondeur, est surface. Et sur cette plaine aride, il faut se dire que chacun a son Atacama. Traversant le sien, cet homme assis seul devant un livre et un carnet où palpitent quelques mots épars sur sa vie, un bourbon qui répond au nom de Jack à proximité de la main, oui tout en parcourant son désert de sel avec un pouls fluctuant, il se dit que blesser le cœur, c'est le créer. Et ceci le remplit de sérénité. Et tout de suite comme un écho, il se souvient de ce qu'un vieux poète lui avait dit : " Il y a des choses qui vivent une longue vie parce qu'elles vivent mortes ". Et d'autres qui s'effritent parce qu'elles portent en elles un germe d'éternité. Comme une lumière qui éclaire beaucoup de chemins et n'éclaire pas LE chemin, pas plus que le soleil ne soit une lumière en soi.
Alors pour atteindre certaines hauteurs, il ne faut pas les abaisser, mais encore les rehausser. Et ce destin qui se profile vers les hauteurs est semblable à celui d'un marin habité par la mer. Un navigateur qui se dit à chaque sortie devant la houle, je continuerai à naviguer sur des mers étrangères jusqu'à faire naufrage dans la mienne. À l'orée d'une telle découverte, on réalise pleinement qu'en pleine lumière, nous ne sommes même pas une ombre. Tout éclate dans l'éclat de ce qui aveugle de clarté. Et ce qui reste de nous sont ces brindilles que le vent soulève et malmène.
En somme, que cherche cet homme dans la fournaise de son désert ? Une certaine idée de la découverte. D'abord savoir qui il est, ou du moins entamer ce chemin qui pourrait le mener vers lui-même. Tâche presque impossible car il faut des vies et des renaissances pour circonscrire ses propres contours. Peu de personnes le savent, et ceux qui font semblant ou croient qu'ils sont dans la vérité de leur être abordent les jours avec une aisance épatante. Le reste, ceux qui doutent et qui sont dans le mystère de soi, sont dans la transhumance. Entre crête et creux. Et au bout de la vie et de ses résurrections, il y a la vacuité de ce que l'on ignore encore. Quelle prétention de se dire à soi que l'on a touché un quelconque repère sur la cartographie des jours ! Et tous ceux qui, la nuit venue, dorment à poings fermés font partie de ceux qui se disent que la vie leur a dévoilé ses secrets. Les cauchemars étant le lot des incertains. Au réveil, on ne fait plus de bilan. La tête n'est pas alourdie par le poids des projets que la nuit prodigue. Non, la tête est prête à se réinventer pour peu qu'on lui laisse cette liberté de faire de chaque instant un don de soi. Oui, il y a des êtres qui ne sont que don et élan. Que peuvent-ils devant d'autres entités qui ne peuvent encore devenir réceptacles ? Des fois, il est plus judicieux d'ignorer les réponses…
Cet homme qui a dépassé de très peu son âge christique sait que tant qu'il a une croix sur le dos, il pourra vivre. Comme un marcheur solitaire talonné par la distance qu'il lui reste à parcourir. Et là, il vide son Jack de sa substance et se souvient d'un fait qui lui arrache un sourire de nostalgie. Il voit dans la dernière ascension deux cyclistes, deux forçats de la route, au coude à coude. Ils roulent. La montée affiche ses 17%, le maillot est béant et découvre une poitrine décharnée. Les deux ont le visage des jours sans. Mais ils ne regardent pas la route. Ils pédalent. Et derrière eux, ce sont plus de six heures qui ont été inscrites sur la montée vers ce col hors catégorie. Derrière, on abandonne, et les deux montent. Le sommet n'est plus un objectif. Le but est de ne pas céder à son corps. Le visage se crispe et on ne peut plus rien y lire. Un parchemin " pachydermique " où l'on prend subitement, en trente minutes de coups de pédale, dix ans d'âge. La thèse par la preuve que la relativité a un sens. On se relaye pour conjurer la solitude. Mieux vaut faire cette ascension à deux. Les deux grimpeurs le savent et les deux mettent à l'œuvre ce qu'il leur reste d'humain.
Et au bout du col, il y a une flamme rouge. On la passe et sur la ligne d'arrivée, on se donne la main. Il n'y a pas de vainqueur. Mais deux hommes, deux galériens qui ont vaincu leur être le plus lointain… Et l'homme au visage de sève se dit que s'il pouvait, une fois, une seule fois, dans sa vie tenir face à l'impossible. Il sera de l'autre côté de la déception.
Ce sera sa grande victoire face à son plus grand rival : lui-même.


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