Maroc Telecom Après avoir habitué le tissu économique à des performances financières exceptionnelles, voilà que Maroc Telecom initie la plus grande distribution de bénéfice de l'histoire marocaine. Au total, les actionnaires de l'opérateur historique engrangeront près de 10 milliards de dirhams de dividendes. Cela ne compromettra pas le programme d'investissement et les prévisions de croissance sont encore plus importantes que celles de 2005. On en verra de toutes les couleurs avec Abdeslam Ahizoune et ses équipes. En effet, le conseil de surveillance février de Maroc Telecom qui s'est réuni le vendredi 24 compte proposer à l'assemblée générale de juin 2006 la distribution d'un dividende de 10,46 dirhams. Pour les 879 millions d'actions que compte le capital de Maroc Telecom, cela représente quelque 9,63 milliards de dirhams. C'est une grande première dans l'histoire économique du Maroc, puisque jamais aucune entreprise n'avait initié une telle distribution. Ce sera l'occasion pour Vivendi Universal de collecter, pour les 51% de capital qu'il détient, quelque 4,91 milliards de dirhams. Les actionnaires marocains, avec l'Etat à leur tête, empocheront encore plus de 4,72 milliards de dirhams. Cette distribution de dividendes est rendue possible par les bénéfices exceptionnels que ne cessent d'enregistrer les comptes de l'opérateur historique. 2005 n'a pas d'exception, puisque le résultat net est de 5,81 milliards de dirhams. Les dividendes à servir aux actionnaires dépassent naturellement cette somme. Cependant, les réserves de Maroc Telecom au 31 décembre 2005 ont été de 4,60 milliards de dirhams. Ce sont elles qui permettront de satisfaire cette décision. Ainsi, les 10,96 dirhams par action sont constitués, d'une part d'un dividende exceptionnel de 6,96 dirhams et d'autre part d'un amortissement de capital de 4 dirhams. Ainsi, les fonds propres de Maroc Telecom seront diminués de 3,52 milliards de dirhams, ce qui correspond à une réduction de capital de 40%. Il s'agit ici d'une véritable action qui pourrait notamment augmenter la liquidité du titre. Mais, actuellement, le nominal de l'action est de 10 dirhams, correspondant au minimum fixé par la loi modifiée lors de l'introduction de Maroc Telecom en Bourse. Le nouveau nominal ne saurait donc être de 6 dirhams. Donc, pour augmenter la liquidité de capital, il faudra logiquement procéder en deux étapes : d'abord réduire le capital par annulation d'actions existantes, ensuite l'augmenter par distribution d'actions gratuites. Il s'agit d'une grande sortie de trésorerie et la question se pose de savoir si Maroc Telecom n'aura pas besoin de recourir à un endettement. Abdeslam Ahizoune, le président du directoire répond que non. Selon lui, même si Maroc Telecom devrait le faire, ce ne serait que dans une très faible proportion. Il est vrai que l'entreprise dispose de 7,585 milliards de dirhams de trésorerie dont elle ne sait que faire. Cependant, à côté des 9,63 milliards de dirhams de dividendes distribués, Maroc Telecom compte poursuivre son programme d'investissement. Rien qu'en 2006, 3,21 milliards de dirhams seront investis dans des fibres optiques devant relier Assila à Marseille. C'est la première fois qu'un opérateur téléphonique engage un tel projet sans s'associer à des partenaires. L'objectif selon Abdeslam Ahizoune est de garantir une qualité de services aux nombreux clients, parmi lesquels les centres de relation clientèle sont de plus en plus nombreux. De toute manière, à partir de 2006, il faudra compter près de 13 milliards de dirhams de sorties de trésorerie, ce qui voudrait dire qu'un recours à l'endettement devrait être envisageable. Quoi qu'il en soit, Maroc Telecom ne cesse de surprendre les observateurs au vu de ses performances. En effet, le chiffre d'affaires 2005 a été de 20,542 milliards de dirhams, s'améliorant de 16%. Le résultat d'exploitation s'est élevé à 8,678 milliards, soit une progression de 13% sur une base comparable. En tout cas, dès la publication des résultats de Maroc Telecom, les analystes n'ont pas tardé à formuler leur recommandation. Attijariwafa Bourse a été le premier à se projeter dans l'avenir du titre en particulier et du secteur en général. Selon ses analystes, "les forts taux de progression enregistrés par le secteur des télécoms au cours des dernières années ne remettent nullement en cause la capacité de pénétration du marché". Toujours selon eux, actuellement à 40%, le taux d'équipement du marché est pressenti à 60% dans les années à venir. Ils estiment que la démocratisation d'accès aux services de téléphonie et l'enrichissement à travers notamment de nouvelles technologies devrait constituer les principales locomotives de croissance du marché. En ce qui concerne la libéralisation du fixe, nous estimons que Maroc Telecom est outillé pour confronter la concurrence. Attijariwafa Bourse affirme que "forte d'une riche expérience lors de la libéralisation du mobile, Maroc Telecom devrait pouvoir défendre activement ses marchés naturels notamment en zones métropolitaines et profiter d'un effet d'entraînement pour renforcer son parc d'abonnés sur le fixe". Après un tel constat, les recommandations de la société de Bourse sont de garder le titre dans les portefeuilles. "Quoique les résultats publiés au titre de l'année écoulée soient légèrement en deçà de nos prévisions en raison de l'importante enveloppe allouée au plan de départ volontaire (près de 330 MDH alloués en 2005), nous réitérons notre recommandation de conserver le titre qui présente, à nos yeux, le profil type d'une valeur de fonds de portefeuille", concluent les analystes. Des perspectives alléchantes Au vu de ses prévisions, on est tenté de dire que Maroc Telecom est loin de s'essouffler. En effet, selon Abdeslam Ahizoune, le chiffre d'affaires de l'entreprise devrait progresser de 6 à 8%. Ces prévisions sont supérieures d'un point à celles formulées, il y a un an. L'entreprise avait estimé en 2005, lors de la présentation de ses résultats à la presse que la progression de ses ventes devrait se situer entre 5 et 7% et elle a réalisé une performance presque trois fois supérieure aux dites prévisions. Concernant le résultat d'exploitation, la progression devrait se situer entre 12 à 14% pour 2006. Il va sans dire que ces résultats sont largement à la portée de Maroc Telecom. Quoi qu'il en soit, c'est le mobile et l'ADSL qui devraient continuer à tirer l'activité à la hausse, selon Abdeslam Ahizoune. Aujourd'hui, les concurrents ne sont pas encore entrés dans le jeu et Maroc Telecom est en train de faire des mains et des pieds pour se préparer à les affronter. En 2006, il y aura encore une baisse du tarif ADSL de même qu'une augmentation du débit de connexion, toujours selon le président du directoire de l'entreprise. Toujours dans ce sens, Maroc Telecom compte introduire une nouvelle offre pour les clients qui ne désirent avoir que l'ADSL, sans le téléphone.