Dans un document trouvé le 16 février 2013 par des journalistes de RFI et de "Libé" à Tombouctou après l'opération "Serval" menée par l'armée française contre les djihadistes d'Aqmi, l'émir de l'organisation terroriste, Abdelmalek Droukdel, signataire du texte, reproche à ses hommes "de graves erreurs" et des "politiques insensées" dans la gestion du conflit et des alliances dans la région. La guerre contre le Mouvement de Libération National de l'Azawad (MLNA) : "une grave erreur" Nous pouvons lire sur ce document traduit de l'arabe au français que Abdelmalek Droukdel reproche à ses hommes "la grave erreur d'avoir décidé de mener la guerre contre le MLNA après le rapprochement et l'accord avec ce mouvement" et dont l'émir se dit avoir été « réjoui ». De plus, il ordonne à ses troupes de corriger certains termes choisis pour l'accord stratégique devant lier Aqmi au MLNA en disant : "nous pensons que c'est une erreur de se précipiter et d'imposer des choix jurisprudentiels religieux au populations musulmanes d'Azawad qui suivent l'école malékite". L'application précipitée de la Charia : "une politique insensée" Droudkel parle également de "politiques insensés" concernant "la précipitation dans l'application de la Charia sans prendre compte du principe de l'application progressive dans un environnement où les populations ignorent les préceptes religieux depuis des siècles". Sur ce point, l'émir d'Aqmi reproche à ses hommes "la destructions des mausolées, l'application de la sentence de la fornication, l'interdiction aux femmes de se promener, la contrainte de la population à des faits qui ne sont pas obligatoires, l'interdiction des jeux illicites, etc...." Les comportements « à éviter » Par ailleurs, le chef de l'organisation appelle ces hommes "à éviter les questions liés à l'excommunication ainsi que tout sujet difficile à comprendre par beaucoup de jeunes. La devise générale devrait être l'élimination de l'injustice que subissent les musulmans persécutées". Il attire également l'attention de ces hommes sur les risques de « l'exclusion des savants, les notables et les compétences de chaque ville". Dans l'une de ces orientations de "politiques extérieures", Droudkel prône "l'adoption d'un discours mûr, modéré et rassurant" en évitant « toute déclaration provocatrice à l'égard des pays voisins". Rappelons qu'au mois de septembre dernier, une vidéo d'Aqmi intitulée "Maroc : royaume de despotisme et de corruption" a provoqué l'arrestation du journaliste Ali Anouzla, directeur du site d'information Lakome. Les autorités marocaines reprochent au journaliste d'avoir fait l'apologie du terrorisme en participant à la diffusion de cette vidéo à travers son organe de presse.