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Le journalisme en bandoulière
Publié dans La Vie éco le 13 - 12 - 2016

«Ce mardi le journal étant en grève, il ne se passa rien dans le monde». Heureux temps sans news que cet amusant aphorisme de Marcel Aymé résuma en une phrase limpide et lapidaire.
Une phrase qui aurait fait aujourd'hui un bon tweet en ces temps bavards et agités où tout le monde et de partout donne de ses nouvelles ; de mauvaises nouvelles très souvent car les bonnes nouvelles n'ont jamais fait de bonnes infos, parce que, disent-ils, elles ne font pas de bruit. Comme le bien. Mais le bruit ne fait pas du bien non plus. Aujourd'hui, même si les journaux ne paraissaient pas, il se passera toujours bien des choses dans le monde et pas des plus jolies. Cependant, ce ne sont plus les médias dits classiques qui informent, orientent, analysent ou mettent en perspective, recoupent les informations ou nourrissent les opinions des uns et des autres. Ce sont ces «uns» et ces «autres» qui se chargent de tout. «Tu soccupes de rien, je soccupe de tout», comme dirait ironiquement Jamal Debbouze dans sa langue cabossée pour moquer les siens. Le rire devrait parfois suffire comme réponse à ces déferlantes qui encombrent les chemins de la connaissance, de l'information et du discernement. Du côté de chez nous, cette déferlante prend de plus en plus des proportions inquiétantes. En près de cinq ans, moins d'une décennie donc et moins encore qu'une période normale de scolarité, un jeune plus ou moins scolarisé (on ne dira pas cultivé, ni éduqué) dispose en temps réel et à portée d'un clic d'une arme de «distraction» ou de «destruction» massive et incontrôlable. A la faveur et via les réseaux sociaux et leurs instruments technologiques de plus en plus performants, il se croit maître de lui-même et des autres, voire du monde car il pense tout savoir, tout maîtriser et s'imagine totalement libre. Peu se situent dans l'espace intersidéral de la Toile, car ils n'ont de cette dimension qu'une approche et une vision locale, nationale, voire clanique, familiale ou tribale. On ne mesure pas encore le danger d'une telle contraction de l'espace universelle des réseaux sociaux pour des utilisateurs à peine scolarisés ou peu en fait des effets d'une telle technologie, ses chemins et ses cheminements prodigieux. Aucune étude sociologique, à notre connaissance, n'est encore lancée afin d'analyser ce formidable et ahurissant phénomène de société. Il serait temps car ces effets ont déjà commencé à se faire sentir ici et là dans plusieurs domaines et non des moindres. Prenons, puisque nous avons commencé par là, le secteur de la presse et des médias. Dans l'euphorie de l'après et prétendu «printemps arabe» avec sa prise de conscience hallucinée, des responsables politiques fraîchement émoulus, si l'on ose dire, ont ouvert la vanne du journalisme électronique en rassemblant le tout-venant et en promettant aides et subventions à tout individu portant une sacoche d'ordinateur en bandoulière ou PC acheté en promotion et à crédit. Sous couvert d'ouverture démocratique, cet appel d'air démagogique est en passe de chasser les bonnes feuilles, mais aussi les bonnes plumes. Et voilà que l'on compte aujourd'hui plus de journaux en ligne que des pays bien plus avancés que nous dans ce secteur. Bien entendu, les e-journaux constitués en véritable entreprises de presse–et il y en a suffisamment en quantité et en qualité–, se retrouvent noyés dans ce magma électronique hérissé d'insultes et d'invectives, de bruit, de rumeurs et de diffamations. De plus, cette ouverture de vannes a encouragé de nombreux haineux et revanchards, sous prétexte de «transparence», «droit à l'information» et autres libertés impromptues, à s'ériger en «journalistes citoyens». La vitesse à laquelle certains individus sont passés d'un statut indéfini, sinon subalterne, voire suspect, à celui de citoyen avisé et éclairé, n'a d'égale que celle qu'il a fallu à nombre d'entre eux pour se transformer en d'authentiques et honnêtes démocrates.
Déjà ailleurs, dans ces sociétés où la démocratie est articulée avec le reste, c'est-à-dire avec ce qui lui sert de cadre et de protection : éducation, conscience politique, organisation des partis politiques et de la société civile, épaisseur et évolution de la vie démocratique, garde-fous et contre-pouvoirs intellectuels, sans compter le niveau de développement socioéconomique; même dans ces société là, il y a un grand débat sur le danger de l'exploitation politique et sur la saturation de l'espace public par les contrevérités, la propagande, l'insulte et la fin de ce que le vrai journalisme et notamment anglo-saxon nomme : «Le fact checking», la vérification des faits, le recoupement de l'information, la déontologie, l'éthique et le respect de la vie privée. Un nouveau concept est né à cause des ravages causés par cette «peste intellectuelle» qui déferle sur la planète : «post-vérité». Une pratique qui consiste à tout dire, surtout les mensonges, tout annoncer, tout promettre même l'impossible, surtout l'impossible. Et plus c'est gros, plus ça passe, et plus ça passe, plus ça casse. La vérité ? Elle peut attendre, demain, après demain, a posteriori, quand le candidat qui vocifère aura gagné ou lorsque les malins et les margoulins auront roulé les «followers», ces suiveurs non avertis et cette foule affolée par les imprécations de celui qui crie le plus fort, fascinée par celui qui ment «le plus vrai» et qui fait le buzz. Foule aimantée par le fracas électronique et anesthésiée par la tornade virale qui déferle sur toutes les têtes qui ne doutent pas et qui ne raisonnent plus et acceptent tout. Paul Valéry écrivait, et les poètes ont toujours raison, que ce qui «a toujours été accepté par tout le monde, partout, est presque certain d'être faux».


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