Maroc-Pérou : Un accord de jumelage entre la région Dakhla-Oued Eddahab et la région de Piura    Rabat : Manifestation contre les frappes israéliennes sur Rafah    Sommet des engrais au Kenya : Le Maroc et l'Algérie courtisent les pays africains    Palestine : Les chars israéliens investissent le check point de Rafah    Intenses bombardements israéliens à l'est de Rafah    En tournée européenne : Xi Jinping prône la coopération    Enseignants suspendus: La balle est dans le camp du ministère de l'Education    Interview avec Nadia Kounda: Une dimension d'amour et de passion    Les journée du patrimoine mise à l'honneur par Casamémoire    Finales de la LDC et de la CCAF: La Confédération officialise la programmation    Ligue des champions: Le PSG tombe aux portes de la finale face au Borussia Dortmund    Le Chef du gouvernement reçoit le directeur général de l'OIT    Education nationale : 330.000 fonctionnaires ont reçu la première tranche de la revalorisation salariale    Arab Summit prep : Bahrain's FM meets Moroccan counterpart    King Mohammed VI meets Saudi emissary    Air Côte d'Ivoire lance une liaison directe entre Casablanca et Abidjan    LDC : PSG – Dortmund, le dernier match de Kylian Mbappé dans son antre    Vidéo.L'artisanat marocain mis en lumière au musée national de la parure    SM le Roi reçoit SAR le Prince Turki Ben Mohammed Ben Fahd Ben Abdelaziz Al Saoud, émissaire du Serviteur des Lieux Saints de l'Islam, porteur d'un message au Souverain    OCP s'engage pour une transformation équitable de l'agriculture    Approvisionnement du monde rural en eau potable: 119 centres ruraux et 2 400 douars bénéficiaires entre 2022 et 2024    Euro, virements, épargne : l'Europe change la façon dont ses habitants utilisent leur argent    Zone OCDE : l'inflation globale se stabilise en mars    Rapport d'Amnesty : la DIDH dénonce un acharnement méthodique    Coopération judiciaire : Mohamed Abdennabaoui s'entretient avec le président du Conseil suprême de justice du Koweït    Mohamed Moubdii a été destitué de ses fonctions à la Chambre des représentants    Sochepress célèbre son centenaire    Festival des Musiques Sacrées de Fès : une soirée flamenco inoubliable avec Vicente Amigo    Festival des Musiques Sacrées de Fès : une soirée aux rythmes spirituelles avec Sami Yusuf au programme    Maroc : 1 741 livres produits par an, dont 1% en amazigh    AMO Tadamon pour la continuité de l'hospitalisation gratuite des maladies chroniques    Vague de chaleur de mardi à vendredi dans plusieurs provinces du Royaume    Le nombre de motocyclistes victimes d'accidents de la circulation en hausse de 31 %    La Fondation Banque Populaire rénove quatre écoles pour soutenir l'éducation locale    Moulay El Hassan souffle sa 21è bougie    Etat social : le DG de l'OIT salue l'expérience marocaine    Nasser Bourita reçoit le ministre bahreïni des Affaires étrangères    RS Berkane-Zamalek : L'USM Alger pousse auprès du TAS pour bloquer la finale    Logismed : réinventer en profondeur le fonctionnement de la filière logistique    Aswak Assalam, sous l'égide de Ynna Holding, s'illumine de l'énergie solaire pour un avenir plus vert    Les opportunités d'investissement au Maroc mises avant lors du Sommet USA-Afrique    Le Festival Jazz au Chellah revient pour une 26ème édition    Noussair Mazraoui, arrière gauche convaincant selon Tuchel    Liga : Brahim Diaz, grand favori pour le trophée MVP    Turquie : Hakim Ziyech s'illustre et rapproche Galatasaray du sacre    Imprisoned ex-Minister Moubdii resigns from parliament    Le Président Xi Jinping s'est entretenu avec le Président français Emmanuel Macron    Basketball féminin/KACM-IRT (68-62) : Victoire synonyme de qualification à la finale de la Coupe du Trône    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Laà¢youne : grogne sociale grossie à des fins politiques
Publié dans La Vie éco le 03 - 06 - 2005

La tension sociale due principalement à un taux de chômage élevé dans la région est exploitée par des séparatistes.
Laâyoune, une ville normale jusqu'aux abords du quartier «Maâtallah».
Plutôt que d'une volonté d'indépendance, il s'agit d'un vote-sanction contre l'administration.
Comme à Casablanca, le temps était maussade ce dimanche 29 mai à Laâyoune. Un peu lourd aussi. Première impression : une vie normale comme dans n'importe quelle autre ville. Des personnes déambulent, ici et là, sur les trottoirs. Dans un café, un groupe de jeunes, scotchés devant le poste de télévision branché sur Euronews qui commente en espagnol les résultats de Roland Garros.
Ce n'est qu'à l'entrée du quartier Maâtalah, théâtre des incidents de la semaine dernière, que cette impression de normalité disparaît. Le quartier est quadrillé par les agents des Forces auxiliaires. Toutes les entrées sont contrôlées et plusieurs camions des forces de l'ordre stationnent dans les ruelles du quartier. Une présence qui ne semble nullement déranger les habitants, qui vaquent à leurs occupations. Des gosses s'affrontent dans un match de football. Un peu partout, des femmes se tiennent sur le seuil de leurs maisons. Des jeunes gens circulent et les commerces sont ouverts. Un air de monotonie ordinaire, celle qui caractérise les dimanches.
Mais l'arrivée des équipes de télévision, notamment étrangères, va chambouler l'ambiance. En quelques minutes, un attroupement se forme devant les caméras. Quelques dizaines de personnes, dont une majorité d'enfants et d'ados, se rassemblent, d'abord par curiosité. Soudain, un slogan anti-marocain est lancé, on ne sait d'où, et toute la troupe se met à le scander. Tout dépendra alors du bon vouloir du caméraman et du réalisateur du reportage télé. De l'angle de prise de vue, que l'image soit très cadrée ou que le plan soit le plus large possible, l'impact de l'image ne sera pas la même. Dans le premier cas, l'attroupement prendra les allures d'un large mouvement de contestation, dans le second cas, celui de petits groupes, isolés, de mécontents.
Chômage et corruption, racines du ressentiment
Mécontents tout de même. Les foyers de séparatisme, même réduits, sont là, bien présents à Laâyoune. Moulay Ahmed, la trentaine, en fait partie. Assis dans la pièce principale de la maison, entouré de sa mère, sa sœur et son petit frère, il résume la situation. «Nous demandons le droit à l'autodétermination. L'élite locale ne nous représente pas. Ils construisent leurs villas au moment où nous vivons dans des conditions difficiles psychologiquement et matériellement. Oueld Rachid & Co ne nous représentent pas. Nous avons des problèmes de chômage. Les richesses de la région ne nous profitent pas et la corruption est largement répandue ici», tonne-t-il sans se rendre compte que ce qu'il réclame, finalement, c'est plus de justice sociale seulement, avant de conclure : «Le Maroc va bien. Mais les gens n'en bénéficient pas !»
Le témoignage de ce jeune qui se présente, lui et sa famille, comme un militant du camp des séparatistes, est riche en renseignements. C'est le ras-le-bol de vivre dans la misère qui est le plus perceptible. Un ras-le-bol exploité par certains pour attiser ces poches de contestation.
Car, en fin de compte, les incidents qu'a connus la ville devraient se résumer à un simple fait divers. Des évènements plus graves, par leur intensité mais aussi par le nombre des personnes qu'ils ont mobilisées, ont eu lieu durant la même semaine et n'ont pas bénéficié d'une couverture médiatique aussi large. C'est le cas de la manifestation de colère des habitants de Tamassint, dans le Rif, contre les retards dans le relogement des sinistrés du séisme, qui s'est soldée par des confrontations violentes avec les forces de l'ordre, il y a quelques jours. C'est aussi la grogne de ce village, situé près de Beni Mellal, contre l'administration qui a érigé une clôture contraignant les villageois à marcher plusieurs kilomètres pour atteindre des points d'eau. Tous ces évènements n'ont pas eu droit à des traitements médiatiques aussi larges car ils n'ont pas cette spécificité dont jouissent les régions du Sud.
Une spécificité cultivée par les responsables de ce dossier durant des années, et à laquelle il est très difficile de mettre un terme. Au point que les tentatives de normalisation de la vie dans les villes du Sahara produisent des effets contraires.
«Sa Majesté Hassan II avait décidé d'octroyer une solde de 750 DH à chaque Sahraoui de plus de 15 ans. Aujourd'hui, on nous prive de cet argent », reproche ce jeune étudiant qui se croit en droit de percevoir une rente uniquement parce qu'il est originaire du Sud. Ce jeune fait référence aux «bons» de la Promotion nationale qui étaient remis à des familles de la région et ont été à l'origine de nombreuses magouilles et de malversations, de l'aveu même des autorités locales. Ces dernières ont décidé, depuis quelque temps, de ne plus les octroyer que contre un travail réellement effectué sur le terrain.
Une culture de rente qui rend difficile le retour à la normalité
La région a toujours bénéficié d'une «discrimination positive». Avantages fiscaux, priorités aux jeunes de la région dans les opérations de recrutement, prise en considération des doléances des élites politiques et économiques. Une supra citoyenneté a été cultivée chez les populations locales. Les plus jeunes, qui n'ont pas partagé la vie de nomade de leurs parents, ne mesurent pas à leur juste valeur les sauts qualitatifs de la région, réalisés à coup de sacrifices des autres régions du pays. En quoi cette région est-elle plus prioritaire qu'Errachidia, Kalaât Sraghna ou Benguérir, où les populations vivent une misère encore plus grave ? L'annonce récente de l'intégration dans la fonction publique de «300 jeunes Marocains d'origine sahraouie» ne fait qu'attiser cette différenciation voulue par rapport aux autres régions du pays.
Les évènements de la semaine dernière s'apparentent davantage à un vote sanction contre l'administration centrale. La chaîne de confiance a été brisée depuis longtemps. On n'est pas encore arrivé à la rétablir et ce n'est pas à coup de privilèges, mal interprétés par les habitants du Sud, qu'on y parviendra
Il a suffi que les caméras de télévision étrangères se montrent pour que des attroupements se forment à nouveau.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.