LES architectes reviennent à la charge pour dénoncer des dysfonctionnements dans le processus d'attribution des projets relatifs au programme d'urgence de l'enseignement. L'Ordre tape fort. Il parle d'opacité et d'arbitraire dans la désignation des architectes chargés de concevoir et suivre les projets. Et pour cause, selon le conseil national de l'ordre des architectes, ce dernier est systématiquement ignoré dans le processus de désignation des architectes par le ministère. Après avoir lancé un appel public à offre de services, le ministère a désigné les équipes d'architectes selon «un processus opaque où les critères de sélection n'ont jamais été précisés ni annoncés». À ce sujet, le ministère est resté injoignable. «Il y a plusieurs acquis depuis mai dernier», indique Jamal Lokhnati, SG de l'Ordre national des architectes. Pour rappel, ce bras de fer entre architectes et ministère a été marqué par des rebondissements judiciaires (cf : www.leconomiste .com, édition du 4/5/2010). Depuis, le Secrétaire général du gourvernement a rencontré la commission des marchés publics pour écouter les doléances de l'Ordre. Le ministère a ajusté sa démarche et, par conséquent, l'appel d'offre ne s'adresse plus aux entreprises mais aux architectes. Un effort a également été fait dans la délégation d'une partie de la commande au niveau des académies régionales. «Mais, dernièrement, depuis 2 mois, nous avons remarqué un changement. Le ministère a lancé de nouveaux appels d'offre à l'échelle nationale et non pas régional, et ce, concernant 493 projets d'infrastructure», précise Lokhnati. Des groupements de 18 architectes L'Ordre appelle à présent le ministère à un dialogue pour arrêter ensemble une procédure transparente et des critères rationnels pour la désignation des architectes. «Nous n'avons pas été sollicités pour participer à la détermination des critères de sélection ainsi que la composition des commissions comme il se fait dans des programmes similaires», est-il écrit dans une lettre adressée au ministre. La difficulté réside dans le nombre trop important d'architectes qui constituent chaque groupement. Parmi les critères de sélection, le ministère exige des attestations données par des hommes de l'art (des sortes de références). Mais aussi, le ministère a exigé la composition de groupements de 5 architectes et plus. Des groupements ont en effet été constitués. Mais le choix s'est systématiquement dirigé vers les plus gros groupements (certains composés de 18 architectes). A Oujda et Tanger par exemple, faute de gros groupements, ceux retenus viennent de Casablanca et Rabat. «La politique de régionalisation? Il n'y a rien de tout cela», conclut Lokhnati. Des pétitions sont ouvertes par les conseils régionaux qui seront envoyées au ministère. Une autre réunion est prévue mercredi pour faire le point et décider le cas échéant de la date d'organisation d'une manifestation de protestation devant le ministère, s'il ne répond pas à l'appel au dialogue.