Tout est parti d'une question que la rédaction des ECO s'est posée: Quel Maroc voulons-nous pour cette année 2015? La liste des attentes était tellement dense et les priorités cruciales, que nous avons décidé de partager nos «rêves» avec nos lecteurs, pour apporter une touche positive... à notre manière et inspirer, puisque telle est notre vocation. On le sait: l'année 2015 est charnière, et pour plusieurs chantiers économiques, politiques et sociaux, elle représente carrément un tournant. Un tournant vers cette page nommée «Maroc de demain», qui sera tracée par les orientations prises aujourd'hui . Par la force des chantiers nationaux et de leurs enjeux, il est à présent admis que des perspectives plus que prometteuses s'ouvrent devant le royaume. C'est par la concrétisation de plusieurs dossiers chauds pour le pays, que ce «Maroc dont nous rêvons» prendra forme. Ce Maroc n'est pas très différent de celui où nous vivons actuellement, c'en est la suite logique. C'est un Maroc où la question de l'intégrité territoriale a déjà trouvé sa réponse, où la réforme de l'enseignement et celle de la compensation ont été lancées... C'est aussi un Maroc dont le volet judiciaire a pu déjà parachever la mise en oeuvre des dispositions constitutionnelles, notamment celles visant à garantir l'indépendance des magistrats et la moralisation des circuits des juridictions. Le Maroc de 2015, selon la présente vision, est une machine industrielle lourde, dont les rouages sont bien huilés. Une véritable révolution industrielle est déjà enclenchée dans l'ossature de l'économie nationale, dont le coeur battant se trouve être les écosystèmes industriels. Dans ce Maroc, le PIB récolte bien les fruits de la dynamique économique et la redistribution des richesses est l'actualité du moment. En 2015, l'amélioration du cadre de vie des citoyens s'articule via la lutte contre l'habitat insalubre, la généralisation de la couverture médicale ainsi que l'ouverture d'une nouvelle page du dialogue social, pratiquement gélé en 2014. C'est l'année durant laquelle les partenaires sociaux ont pu éviter le piège des prochaines élections, qui donneront naissance à une nouvelle carte politique au sein de la seconde chambre dominée durant 3 années de transition par l'opposition et les syndicats. Ce Maroc, nous le voulons TOUS, et tous les partenaires internationaux nous encouragent à l'atteindre. Une fois tous ces rêves concrétisés, le capital immatériel du royaume déjà bien riche, s'en trouvera multiplié. Justice sociale rime avec équilibres financiers L'année 2014 a marqué un tournant dans l'histoire récente de la Caisse de compendation. La sortie du gasoil, de l'essence super et du fuel de la liste des produits subventionnés a enclenché un processus de libéralisation de ces produits budgétivores. Le Maroc de 2015, tel que nous le souhaitons, est donc celui où les réformes enclenchées ont pu mener vers une justice sociale à travers les tant attendues mesures de ciblage et une meilleure qualité et accessibilité des services publics. C'est le Maroc promis par le gouvernement de Benkirane où les économies obtenues sur le budget de la caisse à la réalisation de projets productifs et à l'amélioration des prestations sociales. Dans la loi de finances 2015, table sur une charge de la compensation de 23 MMDH. Dans ce contexte, la Caisse continue à subventionner les prix du gaz butane, du sucre et les dotations de la farine nationale de blé tendre. Notons qu'en 2014, le montant global relatif aux charges de compensation s'est inscrit en repli de près de 21% par rapport à 2013. Cette baisse des charges a été possible grâce à l'adoption du système d'indexation partielle des produits pétroliers. Cette baisse a eu des effets positifs sur «les équilibres macroéconomiques du Maroc, confortant ainsi la confiance des organisations financières internationales et des investisseurs dans l'économie nationale», comme l'a ien souligné Benkirane. Une politique sociale cohérente et pérenne En 2015, le Maroc dont nous parlons a pu cueillir les premiers fruits de son engagement en matière de politique sociale. Les programmes d'inclusion et de réduction de la pauvreté ont fait leurs preuves. INDH, Tayssir, Ramed, l'opération «Un million de cartables», les pensions pour les femmes veuves ou divorcées, etc... Toutes ces actions ont pu amélioré l'accès des citoyens aux services de base et soutenir les populations vulnérables. À ces programmes gouvernementaux s'ajoutent ceux portés par la coopération internationale active au Maroc. Cette année, aussi, l'Unicef en collaboration avec l'Exécutif s'est attelé à dessiner les contours d'une politique sociale cohérente. Cette feuille de route a dévoilé les lignes directrices en la matière. Deuxième grande préoccupation pour 2015, la pérennité des projets lancés. Le financement ponctuel apporté par l'intermédiaire de mécanismes comme le Fonds de cohésion social ou l'Aide publique au développement reçus des pays du Nord ou du Conseil de coopération des pays du Golfe, a poussé le gouvernement à réfléchir à assurer la continuité de ces programmes. Cette année, la pérennité des projets financés par l'INDH fait partie des priorités des gestionnaires de ce fonds. L'éducation : battre le signe indien La réforme de l'éducation figure parmi les dossiers sur lesquels un consensus existe et dans lesquels le roi est impliqué en personne en vue d'accélérer la cadence des mesures visant à en améliorer la qualité. La mise en place du Conseil supérieur de l'éducation et de la formation et les nouvelles vocations de la formation professionnelle dans l'accompagnement des nouveaux métiers ont permis la mise en œuvre de la charte de l'éducation et de la formation, qui est le cadre de référence de la réforme. Après la remise en question royale des modes de pilotage des stratégies de réforme de l'enseignement, le gouvernement a déjà tracé des alternatives sérieuses pour rectifier le tir. Un Maroc définitivement green En 2015, le green n'est plus une tendance, mais une nécessité nationale. Et si l'année 2014 a été celle de la conceptualisation, cette année-ci est celle de la concrétisation. L'un des projets phares reste l'instauration du recyclage et du tri de déchets pour lesquels la ville de Casablanca est la première concernée. L'année dernière a été marquée par la création du premier centre de tri dans la commune de Sidi Bernoussi et, en 2015, d'autres centres ont vu le jour dans les enceintes des décharges publiques, parmi lesquelles les réhabilitations de bon nombre d'entre elles ont été entamées en 2014. La décontamination des sols dans les décharges sauvages fait également partie du programme. L'opération concerne près de 50 décharges. Des projets pour l'élimination des déchets solides et dangereux ont également été conçus. Objectif : réduire les émissions de CO2 et adopter un système de valorisation des déchets. Le capital immatériel pour intégrer le club des émergents La problématique de la redistribution de la richesse et son corollaire, l'impact des politiques publiques sur le niveau de vie, représentent les sujets chauds de cette année 2015. Le modèle marocain, ayant atteint actuellement l'âge de maturité et l'image qu'il renvoie auprès de ses partenaires, lui permettent d'adopter des critères avancés et plus pointus pour évaluer la pertinence des politiques publiques et la portée de leur impact effectif sur la vie des citoyens. Cette appréciation a été, à maintes reprises, confirmée par la Banque mondiale et a montré que la valeur globale du Maroc a connu une hausse sensible, surtout grâce au développement majeur de son capital immatériel. Les trois instances directement concernées, que sont le CESE, BAM et le gouvernement ont livré leur vision de ce chantier qui devra se refléter dans les projets de loi de Finances dès 2015. 2015, année de la transformation et de la reprise à la Bourse Après les replis subits par la Bourse de Casablanca au cours de ces dernières années et l'essoufflement du marché des taux en 2014, cette année est bien celle de la reprise. Même les analystes l'ont prédit, les titres ne pourront baisser plus qu'ils ne l'ont fait au cours du dernier mois de 2014. Par ailleurs, 2015 serait aussi l'année qui a vu la mise en place du marché des taux de même que l'adoption d'autres textes liés aux marchés financiers. Les parlementaires de la commission des finances avaient précisé qu'une fois la loi de finance passée, ils passeraient au peigne fin le reste des textes. 2015 a ainsi été marquée par l'adoption des décrets d'application pour la mue du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) en Autorité Marocaine des Marché (AMM). Celle-ci joue à présent pleinement son rôle de gendarme de la Bourse et de protecteur de l'épargne. L'économie résout la question du Sahara marocain Pour le Sahara marocain, l'année 2015 est celle de l'économie par excellence. Le conflit politique est hélas encore présent, mais il continue à être géré sous les bons auspices de l'ONU. Au niveau économique, le Maroc auquel nous pensons a pu exploiter la belle marge de manoeuvre qui s'offrait à lui en matière économique. Les orientations tracées par le souverain, dans son discours du 6 novembre, ont été suivies. Le gouvernement, aussi, a suivi les recommandations du CESE qui, dans son rapport exhaustif sur le Sahara marocain, avait mis l'accent sur l'aspect économique. Un début de solution s'est ainsi esquissé en faveur du Maroc, sans oublier les bons signaux lancés par l'Espagne via son chef de la diplomatie qui a appelé ses compatriotes à privilégier les intérêts économiques, politiques et sécuritaires aux facteurs émotionnels. Ce sont ces mêmes bons signaux qui confortent aujourd'hui le Maroc depuis que l'Espagne a pris ses fonctions au Conseil de sécurité en qualité de membre non-permanent. Dans ce contexte d'apaisement, mais aussi d'affaiblissement du polisario au sein même de ses rangs, le Maroc offre toutes les garanties pour une solution politique et concertée susceptible de mettre fin à la souffrance des populations séquestrées de Tindouf. Parlement, la nouvelle seconde Chambre L'année 2015 est celle de l'élection des 120 nouveaux membres qui siègent désormais à la 2e Chambre. Ce renouvellement est une suite logique de la nouvelle carte politique issue des communales. Le rendement discutable du Parlement, durant les deux années et demi de fonctionnement qui sont passées, a impacté la cadence et la qualité des législations malgré le recours massif aux avis des instances de gouvernance. C'est ainsi qu'en 2015, les séances seront plus matures sous la coupole et les débats mieux cadrés. La réforme des retraites, enfin ! In extremis, le Maroc rêvé pour 2015 a pu sauver les meubles de la Caisse marocaine des retraites. En effet, ce régime a commencé dès 2014 à prélever dans ses fonds de réserves, qui devaient s'épuiser en 2022, si rien n'était fait. La réforme paramétrique a déjà été enclenchée agissant sur l'âge de départ en retraire, le taux de prélèvement et la base de calcul, mais sans pour autant toucher aux pensions. C'est donc par la CMR que le gouvernement a concrétisé sa réforme, sans compter sur les syndicats qui dans leur majorité refusent une révision paramétrique avant la réforme globale des systèmes de retraites dans leur ensemble. Il est toujours douloureux d'apporter la moindre modification à un régime de retraite des fonctionnaires, qualifié comme étant le plus généreux de tous. Néanmoins, il faut dire que les choses ont beaucoup changé depuis les années 80 où l'on comptait 12 actifs pour un seul retraité. En 2020, deux actifs seulement participeront à la pension d'un retraité, ce qui chamboule considérablement la conception d'un système censé être viable et pérenne. Fini les bidonvilles et les habitations menaçant ruine ! Promenons-nous dans ce Maroc de 2015! Vous n'y trouverez ni bidonvilles, ni habitations menaçant ruine. Les scènes d'effondrements ou encore d'évacuation des habitations menaçant ruine ne défilent plus depuis bien longtemps sur les réseaux sociaux. Le Marocain habite «dignement» et le rêve formulé en 2010 pour éradiquer les bidonvilles a pu devenir réalité cette année. Mieux, intempéries et autres catastrophes sont gérées à l'avance et les autorités ont tiré les bonnes leçons des effrondrements de «Arsat BEn Slama» à Casablanca ou encore des intempéries du sud du Maroc en décembre 2014. Une gestion efficace des finances publiques C'est cette année 2015, que la gouvernance des finance publiques a atteint sa maturité, grâce à la mise en application de la nouvelle loi organique des finances. Cette dernière est une sorte de constitution pour les futurs projets de budget. Elle constitue le facteur déterminant pour une bonne gestion des ressources et dépenses ainsi que pour une meilleure visibilité des finances publiques à moyen terme. La nouvelle loi organique a amélioré sensiblement la manière dont les projets de loi de finances sont conçus, présentés et discutés au sein de l'institution législatif. Elle a introduit un élément crucial qu'est celui de la globalisation des crédits afin de donner plus de flexibilité aux départements dans la réalisation de leurs projets. Il faut dire aussi qu'il faut à la loi organique encore 5 ans de rodage pour que ses dispositions soient bien assimilées par les différents départements. Quatre ministères ont déjà incorporé la nouvelle réforme en 2014 et cinq autres départements l'ont fait en 2015. Industrie, une nouvelle ère est là Les premiers jalons de la stratégie d'accélération industrielle lancés en 2014, cette année 2015 connaît un lancement dynamique des écosystèmes censés doter l'économie nationale d'industrie intégrée basée sur un maillage performant entre Grandes et petites structures. La politique d'écosystèmes industriels a d'ores et déjà concerné des secteurs tels que l'automobile, puisque, le premier écosystème concerne la filière câblage. Cette année, d'autres écosystèmes ont été lancés pour le même secteur et pour le phosphate. Le textile et l'agroalimentaire ne sont pas en reste. In fine, l'adoption de ce plan devrait permettre l'accroissement de la part industriel dans le PIB de 9 points à l'horizon 2020.