L'année 2015 devrait marquer une nouvelle étape dans la stratégie d'expansion d'Attijariwafa bank en Afrique subsaharienne. La banque marocaine, qui négocie une augmentation de capital dans la Société ivoirienne de banque, entend s'engager dans le financement de grands projets sur le continent, via des partenariats public-privé. Mohamed El Kettani PDG d'Attijariwafa bank Les ECO : Quelles sont les perspectives d'expansion d'Attijariwafa bank en Afrique? Mohamed El Kettani : Attijariwafa bank a entamé des investissements en Afrique ces dernières années. C'est une expérience récente. En 8 ans, nous avons pu acquérir 13 banques dans 13 pays. Nous sommes en train de transformer ces banques et de les développer. Nous entamons cette année une deuxième étape de notre feuille de route, car nous n'allons pas nous arrêter à ces pays-là. Nous comptons continuer notre programme parce que nous avons été interpellés, en tant que secteur privé marocain, par le roi. Le souverain appelle les opérateurs privés marocains à s'investir sur le continent africain. Qu'en est-il de l'augmentation de capital dans la Société ivoirienne de banque (SIB) ? J'avais déclaré, au même titre que les autorités ivoiriennes, qu'il y a une privatisation de la part de l'Etat, soit 49% de son capital au sein de la SIB. À ce propos, j'avais fait savoir qu'Attijariwafa bank s'était portée candidate pour en acquérir une partie et conforter notre position dans le tour de table de la SIB, dont nous détenons 51% du capital. Les négociations sont en cours, et elles sont sur la bonne voie. Comment évaluez-vous votre expérience africaine, à ce jour ? Quand nous achetons une banque, nous nous engageons auprès des gouvernements en mettant en place une feuille de route. Lorsque nous faisons le bilan au bout de quelques années, nous nous rendons compte du fait que nous nous situons au-delà de nos engagements en termes de réalisation. Cela conforte l'image d'un opérateur privé comme Attijariwafa bank, au même titre que d'autres opérateurs marocains. C'est pourquoi nous militons au quotidien pour être au service d'une Afrique qui avance, une Afrique qui a confiance en elle. Attijariwafa bank veut être un des leviers de la promotion et du renforcement de la coopération Sud-Sud. Le groupe Attijariwafa bank privilégie-t-il la participation aux projets africains d'infrastructures ? Attijariwafa bank est une banque panafricaine; nous croyons en les ressorts de notre continent. Nous sommes promoteurs de plusieurs opérations de partenariats public-privé. Comme vous le savez, les Etats n'ont pas la possibilité de financer tous les projets d'infrastructures. Les besoins sont tellement immenses au niveau de notre continent. Si nous allions les leviers de financements privés africains et internationaux, nous pourrons accélérer les financements des projets des infrastructures. Quels sont les secteurs privilégiés ? Nous sommes en train de promouvoir des montages structurés pour financer des autoroutes, des extensions de ports, d'aéroports, ainsi que l'installation de centrales électriques. Le continent manque cruellement d'énergie électrique. Sans capacité électrique, il n'est pas possible de développer une industrie de transformation. L'énergie est l'un des leviers importants, et nous lui accordons une attention particulière. La connectivité, la logistique, le transport, les infrastructures, les télécoms, sont aussi dans le pipe. Les projets sont en train de se développer dans différents pays. Quelles sont les attentes du secteur privé exprimées lors du forum ? Le continent a besoin de politiques publiques qui facilitent la tâche au secteur privé. Tel est le principal message transmis par les opérateurs du secteur privé des 17 pays africains qui ont pris part au Forum international Afrique Développement à travers les livres blancs. Ces livres blancs, édités à l'issue des discussions, font l'objet d'un accueil favorable de la part des gouvernements. Que préconisez-vous pour le financement des projets portés par la jeunesse africaine ? Ce sont les jeunes qui vont faire l'Afrique de demain. Il faut réfléchir sur les moyens d'aider les jeunes à devenir des entrepreneurs. Le secteur bancaire à lui seul ne peut pas être la solution. Dans les pays développés et émergents, des financements alternatifs ont été mis en place. Ces mécanismes regroupent les fonds propres, les opérations de capital-risque, les opérations d'entrepreneuriat social, ainsi que le crowdfunding (financement participatif). L'Afrique a besoin de mobiliser ces instruments à travers une impulsion des Etats afin d'aider les jeunes à s'exprimer.