Le rapport de la Cour des compte suscite toujours l'intérêt de l'opinion publique, et pour cause: une grande frange de la population y voit une manière de lutte anti-gabegie, ou du moins une occasion de mettre le doigt sur les maux dont pâtit la gouvernance. C'est en partie vrai car la nature des dysfonctionnements intrigue, et le traitement de ces rapports laisse pantois! C'est pourquoi une question se pose avec acuité aujourd'hui: ces rapports servent-ils à moraliser la gouvernance de la chose publique, ou est-ce juste une «bulle» ayant pour unique but d'amuser la galerie? Car, au fil des années, l'on constate que rares sont les anomalies, en dépit de leur gravité, qui ont fini devant la justice. D'ailleurs, le poste de procureur près la Cour des comptes est vacant depuis des années, et la pléthore de rapports produits par les auditeurs de Jettou restent, en gros, lettres mortes! C'est un fait indéfendable, quoique chacun essaye de refiler «la patate chaude» à l'autre. Jettou croit avoir terminé sa mission en publiant lesdits rapports, tandis que Ramid attend que son ministère les reçoive officiellement par la voie du procureur de la Cour des comptes. Entre les deux thèses, l'encre des rapports s'estompe, la gravité des faits s'oublie et les auditeurs de Jettou passent à d'autres épisodes d'audit avec le même lot d'effets d'annonce et d'oubli par la suite. Qui peut aujourd'hui se rappeler de l'issue des «affaires» révélées par les équipes de Jettou, qui avaient fait les choux gras de la presse et choqué l'opinion publique? Quels sont les procès qui marquent les esprits suite à des milliards partis en fumée? Pratiquement aucun!