Les coupes budgétaires décidées par le gouvernement risquent de déstabiliser les entreprises nationales et plus particulièrement les PME. En dépit des explications du gouvernement, la CGEM pose des conditions quant à la gestion de ces coupes, afin de limiter l'impact sur la commande publique. La probable pression fiscale qui devrait intervenir prochainement suscite déjà l'opposition catégorique du tissu entrepreneurial. Les PME tirent la sonnette d'alarme. Les coupes budgétaires décidées par le gouvernement ont visiblement amplifié les incertitudes des petites et moyennes entreprises marocaines. Ainsi en témoigne la réaction officielle de la CGEM, qui a pris le temps de recevoir les explications du ministre des Finances, avant de se prononcer. L'impact de cette décision sera particulièrement ressenti au sein du tissu entrepreneurial national et plus particulièrement par les petites entreprises sous-traitantes. Dans son communiqué officiel, la Confédération des entreprises n'y va pas par quatre chemins pour souligner que «la commande publique est un levier stratégique du développement économique et social. Une telle mesure aura un impact négatif sur les entreprises et les PME en particulier, ce qui suppose qu'une approche minutieuse doit être adoptée dans la sélection des projets qui seront annulés». En d'autres termes, en dépit des explications du gouvernement, les entreprises nationales exigent une gestion particulière des coupes budgétaires, de façon à ne pas bloquer la machine des investissements et risquer ainsi de porter atteinte aux activités des PME. Rappelons que ce tissu, qui traverse déjà une conjoncture difficile, misait jusque-là sur une visibilité nécessaire pour assurer dans certains secteurs la viabilité des entreprises. Les récentes annonces brouillent de nouveau les pistes, pour replonger ces acteurs majeurs de l'économie nationale dans l'inquiétude, qui se traduit à chaud par une position de refus d'autres mesures restrictives. «Une seule coupe suffit !» «Il faut que ces mesures s'arrêtent à la coupe budgétaires des 15MMDH». C'est grosso modo le point de vue sur lequel s'accordent les PME. Ces dernières risquent cependant d'avoir à gérer de nouvelles surprises. Le gouvernement va en effet devoir aller chercher 10 à 15MMDH supplémentaires et c'est dans ce sens qu'une mobilisation des recettes fiscales pourrait constituer l'option prioritaire dans les prochains jours. Cette piste permettrait alors au gouvernement de tirer près de 3MMDH supplémentaires, auxquels devront en partie contribuer les PME marocaines. Des prémices laissent dans ce sens entendre l'arrivée d'une telle mesure de «recouvrement», cette fois. Le gouvernement devrait en effet lancer prochainement une large campagne visant à collecter les impôts impayés par le contribuable en 2013. Cela est d'autant plus nécessaire que sur les trois premiers mois de l'année, l'impôt sur les sociétés (IS) a connu une baisse que n'a pas manqué de noter le ministre des Finances lors de son derniers passage à la Commission des finances au sein de la Chambre des représentants. Les recettes fiscales ont en effet reculé ces 3 premiers mois de 2013, de près de 2,8 MMDH, en partie en lien avec les mauvaises performances en chiffres d'affaires des grands contribuables. Cela fausse les prévisions du gouvernement, dont l'ambition était de porter les recettes fiscales de 6MMDH en 2012 à 10MMDH cette année. Cela devrait contribuer à la réduction du taux du déficit à 5,5%. Une batterie de mesures accompagnera cette campagne, le gouvernement prévoyant notamment l'annulation des amendes, des majorations et de certains frais de perception. Sur ce point, la communication devra se faire très rapidement, au regard du refus catégorique des entreprises de devoir une nouvelle fois faire face à une décision «drastique». Pour le président de la commission des PME, les petites et moyennes entreprises se trouvent déjà dans une situation très délicate, qui rend difficile une contribution conséquente à la collecte fiscale». Plus encore, les opérateurs donnent des pistes au gouvernement qui, selon ces derniers, gagnerait à aller en quête de fonds dans l'informel, qui ne contribue toujours pas à maintenir l'équilibre de l'économie nationale.