Voilà une histoire qui en dit long sur l'écart qui existe entre les belles paroles, les belles promesses... et la réalité du terrain. Depuis plus de cinq mois, les officiels marocains, particulièrement ceux qui ont contribué à l'élaboration de la loi de finances, n'ont eu cesse de clamer les efforts fournis en vue d'encourager les entreprises marocaines. Parmi les mesures citées figure l'exonération des entreprises des pénalités de retard de paiement de leurs impôts. Le fisc a même publié une circulaire annonçant les bienfaits de cette mesure. Mais l'information publiée par un confrère de la place en début de semaine a de quoi en choquer plus d'un. Alors que d'un côté, on incite les contribuables à régulariser leur situation en contrepartie d'une carotte fiscale, de l'autre, on semble ne pas être au courant et on demande que les impôts antérieurs soient réglés en comprenant la majoration consécutive à la pénalité. Que faire alors ? Accepter de payer ce que les agents du fisc sur le terrain réclament, ou rallonger encore le retard pris dans le règlement dans sa créance vis-à-vis du fisc ? Drôle de dilemme ! Certes, tout contribuable, quelque soit son rang est tenu aujourd'hui de s'acquitter de ses impôts, parce que la loi l'impose mais aussi par citoyenneté, cependant, le fait que des décisions prises par les instances dirigeantes, largement communiquées et vantées, ne soient pas prises en compte sur le terrain témoigne du grand mal qui touche l'administration publique. Parfois, par manque de compétences des interlocuteurs dans les représentations régionales... ou par défaut de communication... Mais à chaque fois, c'est au citoyen et à l'entreprise, d'en payer le prix. Et c'est aussi ce qui fait des relations avec l'administration l'un des points faibles du climat des affaires au Maroc. Il est clairement temps que cela cesse et qu'une réelle mise à niveau de l'administration soit engagée, afin d'assurer une coordination entre ce qui est promis plus haut et ce qui est vécu plus bas !