Les marges de manœuvre des banques sont réduites. Celles-ci réduisent logiquement leur contribution au financement de l'économie. La PME s'en voit la première touchée. Les banques n'ont pas fermé les robinets pour les PME. Pour preuve, Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale fait valoir un chiffre : 30% des crédits octroyés par le système bancaires vont aux PME. C'est là l'un des taux les plus élevés dans la région MENA. En effet, en dépit de critiques virulentes de la part des patrons de PME envers «la discrimination» dont souffriraient ces entreprises auprès du système bancaire, les chiffres eux, paraissent plutôt rassurants. En plus des 30% annoncés comme part des PME dans les crédits, il faut y rajouter ce taux de 15% représentant la part des dossiers de crédits refusés par les banques. En effet, selon BAM, le plus gros des dossiers de crédits déposés auprès des banques par les PME a été accepté. Ce taux a pu être dégagé suite à une demande spécifique de la banque centrale pour suivre l'aboutissement des dossiers. Plus encore, souvent, les dossiers sont rejetés à cause d'une présentation de dossiers mal formalisés ou incomplets, explique-t-on auprès des professionnels du secteur bancaire. Ceci dit, une donne de taille est souvent évincée : le secteur bancaire évolue actuellement à des taux d'emploi supérieurs à 100%. En d'autres termes, les besoins en financement de l'économie dépassent les ressources disponibles auprès des banques et ce sont particulièrement les PME, et les particuliers, qui en paient le prix. Pour remédier à cette situation, les banques cherchent souvent à se refinancer, soit auprès de la Banque centrale, soit sur le marché obligataire, les deux engendrant des coûts supplémentaires pour les établissements bancaires. Du coup, ces établissements privilégient le financement d'entités pas ou peu risquées, tels que le Trésor public ou les grands groupes. Quoi qu'il en soit, les dernières statistiques disponibles auprès de la Banque centrale démontrent que les crédits accordés aux entreprises sont en décélération. Ceux qui espéraient que l'exercice 2013 soit différent de l'exercice précédent sont donc déçus. En effet, les dernières statistiques dévoilées par la Banque centrale font ressortir que la croissance annuelle des facilités de trésorerie a décéléré de 9,5% au quatrième trimestre 2012 à 6,4% en janvier 2013. Dans le même temps, les crédits à l'équipement se sont contractés de 1,9% en glissement annuel, après une baisse de 1,3% au quatrième trimestre 2012. Ce sont là les principales catégories de crédits demandés par les entreprises. Le mois de février dernier n'a fait que confirmer la tendance avec un taux de croissance des crédits de trésorerie à 5,9% seulement en glissement annuel et une quasi-stagnation du crédit destiné à l'équipement. Face à cette situation les PME marocaine ne peuvent que s'en remettre au dispositif mis en en place par le gouvernement. À ce titre, il convient de rappeler que l'appui financier indirect de l'Etat aux PME se limite à la création de fonds de garantie à caractère général et sectoriel. Ce dispositif est soutenu par un autre lié à la mise en œuvre, dans le cadre du programme de mise à niveau, de lignes de crédits bilatérales ainsi que la contribution financière de la Banque islamique de développement, qui viennent alimenter les ressources nationales de financement et dynamiser leur déploiement, en faveur du développement de la PME. Les derniers financements en date sont ceux à mobiliser à travers le «Partenariat de Deauville». Les annonces financières totales faites dans le cadre de ce dernier s'élèvent à 70 milliards de dollars (en prêts ou en aides budgétaires) : 38 milliards de dollars de la part des institutions financières internationales et 32 milliards de dollars d'aides bilatérales. La France a annoncé qu'elle apporterait 2,7 milliards d'euros de financements sur la période 2011-2013 pour les pays partenaires, dont 1,1 milliard a été décaissé au 31 janvier 2012, soit 40% du total prévu pour la période.