En plus du problème de financement, les laboratoires marocains font face aux lourdeurs administratives. La nanotechnologie, c'est l'avenir. Partant de cette réalité, l'Association marocaine de chimie analytique pour un développement durable (AMCADD) et l'Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Casablanca, viennent d'organiser, récemment, un colloque international sur les nanotechnologies sous le thème: «Recherches, innovations et enjeux économiques». «Le but de ce premier congrès est de permettre aux scientifiques économistes et chercheurs de différents pays de nouer des contacts et d'échanger leurs savoir-faire et leurs expertises», souligne Saad Alami Younssi, directeur du laboratoire des matériaux membranes et environnement et vice-président de l'AMCADD. Pour ce dernier, ce premier colloque est une réussite au regard des grands scientifiques et chercheurs qui ont y pris part (au total plus de 150 participants et 23 présentations orales, 11 conférences plénières et 51 présentations d'affiches). C'est quoi la nanotechnologie? Selon une étude du ministère des Finances français, «les nanotechnologies recouvrent l'ensemble des techniques, outils et procédés qui permettent de manipuler la matière à une échelle en dessous de la centaine de nanomètres (1 nanomètre = 1 milliardième de mètre), d'élaborer de nouveaux matériaux et composants toujours plus petits, de construire atome par atome de nouvelles molécules et d'exploiter leurs propriétés en vue de nouvelles applications». Au niveau sanitaire l'exemple le plus parlant est celui relatif au traitement du cancer. «Actuellement lorsqu'une personne atteinte de cancer est suivie par un service nucléaire, elle risque de voir les radiations s'attaquer à ses cellules saines. Cela est vrai pour toutes les interventions. Ainsi au lieu de soigner l'organe on va s'attaquer directement à la cellule maline grâce à l'utilisation de nanoparticules», explique le professeur Tijani Gharbi de l'Université de Franche-Comté. S'agissant de l'impact des nanotechnologies sur l'économie, l'étude du ministère des Finances français estime qu'il «est très prometteur». Cette confirmation se base sur le fait que «les applications industrielles seront nombreuses et concerneront des domaines très variés». Selon les études, «15% de l'activité manufacturière mondiale serait concernée par des dispositifs ou des matériaux utilisant des avancées issues des nanotechnologies». Selon la National Science Foundation, Il y a 7 ans on estimait que le montant du marché mondial tournait autour de 500 milliards. Il aurait doublé cette année. L'impact sur l'économie peut aussi être mesuré au niveau de la réduction des coûts d'investissement. Selon le Centre national des recherches scientifiques (CNRS), «grâce au développement de nanomatériaux nouveaux, ainsi qu'à une nouvelle approche de fabrication des objets atome par atome (bottom up), qui pourrait réduire les quantités de résidus, l'investissement à grande échelle dans les matières premières comme les métaux ou les céramiques devrait baisser. La nanotechnologie devrait également réduire de 50% la consommation de l'éclairage public». Bien entendu, il faut toujours garder à l'esprit que l'on est toujours au stade embryonnaire. Au Maroc des laboratoires de recherche dans le domaine existent mais manquent de moyens. «Il ne faut pas être démissionnaires malgré le peu de moyens dont nous disposons. Le problème se situe au niveau des procédures administratives qui sont lentes et compliquées. Nous avons des difficultés à dépenser les dotations nationales ou internationales que nous recevons», note le président de l'AMCADD. Conséquences les études pour lesquelles ses dotations sont octroyées sont vite dépassées.