Mohammed El Alaoui El Abdellaoui : Directeur de la Caisse marocaine des retraites (CMR) Comment dire à un retraité qu'en 2022, on aura des difficultés à lui payer sa pension ? Pour le directeur de CMR, il est primordial que chaque partie prenne ses responsabilités pour garantir la viabilité des régimes soumis à rude épreuve. Les ECO : Quel est votre avis sur le débat sur la réforme des retraites ? Mohammed El Alaoui El Abdellaoui : Dès qu'un projet de loi est soumis à la deuxième Chambre, chacun doit prendre ses responsabilités. Une situation qui se caractérise aujourd'hui par le fait que la couverture vieillesse ne couvre qu'un tiers de la population active. Je pense notamment aux indépendants dont la couverture est essentielle pour élargir le panier. Cela part dans le sens des recommandations de la Commission nationale sur la réforme des retraités . Quelle est, aujourd'hui, la situation du régime des pensions civiles gérées par la CMR ? La situation est surtout caractérisée, de manière générale, par la discordance entre les cotisations et les prestations. En 2014, nous sommes sortis avec un déficit d'1 MMDH, 3 MMDH de déficit sont attendus pour 2015 et 6 MMDH pour 2016. Ce ne sont pas des chiffres donnés fortuitement, mais il s'agit bien de pronostics basés sur des calculs scientifiques. Mais notre objectif, n'est pas de puiser dans les réserves pour payer les pensions, mais de pérenniser le système pour pouvoir donner confiance aux retraités. Car il est très désagréable pour un retraité d'entendre qu'en 2022, on aura des difficultés à lui payer la totalité de sa pension. Comment alors voulez-vous qu'il vive sereinement sa retraite ? Qu'en est-il de la gouvernance et de l'investissement le plus rentable des cotisations qui font aujourd'hui débat ? Si vous considérez le document de la Commission nationale du 30 janvier 2013, vous trouverez bien ce point essentiel de la gouvernance. La gouvernance des caisses, mais aussi le pilotage des régimes à savoir comment ajuster les paramètres pour garantir une viabilité à long terme. C'est là où le bât blesse au niveau de la CMR où le pilotage dépend d'une nidification des lois qui est un processus très lent et sur lequel il faut porter une réflexion. Concernant la gouvernance, il faut uniformiser les systèmes pour arriver à un système bipolaire à moyen terme et qui pourra couvrir de manière uniforme toute la population dans le long terme.