En plein contexte de discussions et de propositions relatives à la loi de finances 2012, le Centre marocain de conjoncture (CMC) apporte sa contribution au débat et ne cache pas ses «inquiétudes» face à la situation actuelle des finances publiques, caractérisée par l'apparition de nombreux signes de fragilité, qu'on est encore loin d'évaluer à leur juste valeur. Le taux de croissance des recettes décélère de façon sensible, les dépenses deviennent pesantes, les déficits s'aggravent et la part de la dette dans le PIB s'alourdit. Cette tendance, «si elle persistait, pourrait créer un climat de perte de confiance, défavorable à la croissance, tant chez les ménages que dans les entreprises», relève-t-on auprès des experts de l'observatoire privé. De fait, cette menace risquerait de s'aggraver encore davantage sous l'effet des mouvements revendicatifs que connaît le Maroc actuellement, selon la même source. Celle-ci ajoute que «le budget initial élaboré pour 2011 semble avoir été sérieusement bousculé». Autrement dit, les dernières revalorisations salariales et promotions exceptionnelles imprévues consenties par le gouvernement, les «recrutements forcés», ainsi que les coûts supplémentaires induits par les hausses de prix de certaines matières, sont autant d'éléments qui viennent perturber les manœuvres budgétaires de l'Etat. Autant de charges, qui sont venues «fragiliser un budget déjà à l'épreuve d'une conjoncture tant nationale qu'internationale très difficile», complètent les experts du CMC. Dans le même rapport sur le profil actuel de l'économie marocaine, la dégradation de la situation économique et sociale qui caractérise l'année en cours, et les mesures de soutien de l'activité qu'elle induit, risquent d'augmenter le déficit de façon exagérée. «Si cette augmentation prévisible n'est pas limitée et contrôlée pour ne pas être contreproductive, l'équilibre des finances publiques s'écartera durablement de la trajectoire fixée il y a quelques années», avertit l'équipe de Habib El Malki. Selon leur argumentaire, les dépenses engagées en cours d'année ne seraient pas de nature à relever le potentiel productif national, du moins à court terme. «Au contraire, et au vu de la conjoncture qui prévaut, elles ont pour but de freiner les investissements et de contraindre de ce fait la politique économique, tant à court qu'à long terme». Cette lecture devra bien sûr être confrontée aux propositions fournies récemment par le patronat. La Confédération générale des entreprises du Maroc a semblé en effet bien sensible à cette question de déficit budgétaire, dans la formulation de ses propositions.