Exit le ton moqueur de sa première conférence de presse post victoire, fini l'humour de circonstance qui a ponctué son interview sur Al Oula, Abdelilah Benkirane est apparu crispé lors d'une entrevue diffusée hier, en direct, par la chaine Al Jazeera. Sourcils froncés, gestes d'humeur, le chef du gouvernement a troqué sa légèreté de ton pour une gravité visiblement ostentatoire. Pourtant, rien ne change au niveau du contenu et il n'a fait que ressassé encore une fois ce que les marocains ont lu, entendu et vu dans les médias depuis le 25 novembre, à une exception près : «Si les marocains me disent dégage, je ne tarderais pas à obtempérer». Benkirane accepte donc d'emblée tout verdict négatif de la rue...Une rue qu'il espère amadouer dans les meilleurs délais, via des signaux positifs, notamment en invitant les militants du 20 février à des consultations et en appelant Al Adl Wa Ihsane à investir le champ politique. Y réussira-t-il avant la fin de son délai de grâce ?