La table ronde sur le dossier du Sahara a été momentanément pliée et renvoyée à 2019. Que faut-il retenir de ce round, après une rupture de contact longue de plusieurs années entre les parties prenantes ? Déjà, il y a lieu de rappeler un changement de forme favorable au Maroc, lorsque les Nations Unies ont invité l'Algérie et la Mauritanie à être des parties résolument concernées par le conflit. On passe donc des rencontres 2 + 2 à une réunion quadripartite. Secundo, on ne parle plus de négociations mais d'une communication autour d'une table ronde. Ce revirement a tant gêné, à Alger, puisqu'il ne permet plus à cette dernière d'invoquer un rôle d'observateur prétendument neutre et la replace en tant que partie largement impliquée. Sur le fond, la rencontre de Genève n'était pas à la hauteur des attentes, et ce que le communiqué onusien a qualifié d'«atmosphère sereine» a vite été critiqué par le Maroc. De source proche du dossier, si Rabat soutient l'émissaire onusien quant à la tenue d'une nouvelle rencontre durant le premier trimestre 2019, elle considère que «l'atmosphère sereine» n'est pas suffisante pour la relance du processus onusien en vue d'aboutir à une solution politique pragmatique. Car, si on s'attable de nouveau, c'est pour se diriger vers une solution politique concrète. Il est révolu, le temps où il était question de tenir des réunions marathoniennes, car se réunir autour de la même table n'est plus une fin en soi. Aujourd'hui, le Maroc, bien installé dans son Sahara, fait encore montre de bonne volonté pour débarrasser l'ONU de ce fardeau vieux d'un demi-siècle. Rabat a présenté une alternative, il y a une dizaine d'années, que toutes les superpuissances jugent sérieuse et pragmatique, alors que nos adversaires d'Algérie et du polisario ne font que rejeter les initiatives marocaines sans jamais rien proposer. Le Maroc est donc conforté dans sa position.