Le gouvernant ne déclare pas son patrimoine, l'entreprise triche dans son bilan, le citoyen et l'artisan cherchent à esquiver le fisc. Cela devient un sport national qui fait de nous la lanterne rouge des classements mondiaux de transparence et d'honnêteté. À quoi cela est-il dû, et quels remèdes peuvent être préconisés ? Déjà, on se demande pourquoi la déclaration du patrimoine des membres du gouvernement, élus et hauts responsables n'arrive pas à être opérée en dépit des multiples appels de certaines instances constitutionnelles, à l'instar de la Cour des comptes. Pourquoi les «moralisateurs» au sein de l'Hémicycle rechignent-ils à donner l'exemple ? On a souvent posé cette question aux concernés, sans jamais obtenir de réponse satisfaisante tant la résistance est forte, et la transparence est le cadet des soucis des responsables. Dans le monde du business, il n'y a qu'à voir le taux d'entreprises qui déclarent avoir réalisé des bénéfices pour s'apercevoir que cette tricherie tourne au ridicule. D'après les dernières Assises de la fiscalité, la quasi-majorité des entreprises marocaines déclare des bilans déficitaires ! Pourtant, une bonne partie de ces entreprises s'en sort bien, et ne manifeste pas les prémices d'une quelconque difficulté. Sur le plan individuel, l'opacité est légion, notamment dans les professions libérales, et s'il n'y avait pas de retenue à la source, le bilan serait critique du côté des salariés aussi. C'est donc un état d'esprit qui prévaut chez une bonne partie de personnes morales et physiques -pour ne pas généraliser. Il renvoie à une crise de transparence liée à une autre, structurelle : la crise de confiance ! Il faut donc commencer par le haut de la pyramide afin d'amorcer une bonne communication institutionnelle basée sur une sensibilisation effective qui génère des ondes positives. Le passage des hauts responsables à l'Office de déclaration du patrimoine est obligatoire. Dans l'attente des premiers «grands» noms qui se prêteront à cet exercice...