Il y a 25 années, dans une autre expérience professionnelle, je devais parcourir le Maroc entier. Il m'arrive tout le temps de comparer ce Maroc pas si lointain à celui d'aujourd'hui. Le résultat est sans appel. Un Casablanca-Oujda ou un Casablanca-Nador constituaient les pires déplacements à cette époque. 650 km, dont 570 km de routes nationales, équivalaient à toute une journée de routes à avaler. Les aires de repos relevaient de la science-fiction et les tagines des villages mitoyens aux nationales faisaient l'affaire. Plus de douze heures d'un voyage dur et très risqué contre sept heures seulement aujourd'hui sur des autoroutes confortables et plus sécurisées. Une différence énorme que seuls ceux qui ont «pratiqué» les deux versions sauront apprécier à sa juste valeur. Fini, les arrêts obligés de Bouznika, Ben Guerir, Ait Adrar, Taourirt entre autres. Aujourd'hui, on peut aller le matin assister à une réunion à Marrakech et revenir en fin de journée comme si elle avait eu lieu à Rabat. Certains le font même pour un Casa-Agadir. C'est dire que le réseau autoroutier a changé la vie des Marocains pour les vacanciers, les hommes d'affaires, les camionneurs et les touristes. Ces derniers venus du monde entier à l'Aéroport Mohammed V sont désormais à moins de deux heures d'autoroutes pour rallier la capitale du tourisme Marrakech, outre les vols charters qui atterrissent directement dans la ville ocre. Bref, la nouvelle carte du réseau autoroutier a changé le visage du Maroc et ce n'est pas fini. Le grand Sud, jadis oublié, sera bientôt relié par un corridor en voie rapide de Tiznit à Laâyoune via Guelmim. Cet énorme effort, qui a nécessité des dizaines de milliards de dollars, empruntés en majorité et dont l'essentiel est aujourd'hui remboursé, mérite d'être raconté afin de rendre hommage à tout ceux qui y ont contribué, sous l'impulsion du roi en personne, de près ou de loin. De la sueur et du sang, le Maroc peut être fier de cette édifice cité en exemple en Afrique. Et l'histoire n'est pas finie...